décryptage
Ce que nos coupes de cheveux révèlent de nous
Il y a eu la chanteuse Pomme, qui a abandonné son iconique carré bicolore pour une boule à zéro. Clashée sur les réseaux sociaux, elle a prié les haters de lui lâcher la grappe sans autre explication. Léna Mahfouf, elle, a été contrainte de couper ses longueurs brûlées par les traitements chimiques et les lissages. Elle porte depuis des mois ses boucles naturelles en toute liberté.
Partis pris capillaires
Kristen Stewart, au Met Gala 2023, arborait fièrement le mulet, très classe en costume Chanel. Des partis pris capillaires qu’on retrouve aussi dans la rue… et chez les coiffeurs, que les clientes prennent parfois pour des substituts de psy, vers qui elles se tournent lors de gros changements de vie!
Coiffeur indépendant depuis trente ans et patron du salon Yookoso à Lausanne, René Chassot observe avec amusement les messages que les jeunes et moins jeunes font passer à travers leurs fantaisies stylistiques. Oui, il fait beaucoup de coupes mulet, surtout aux garçons. Les filles, elles, adoptent une version très effilée, plus dans l’air du temps, «mais la grosse tendance, ce sont les années 80, une période où on faisait la fête sans se soucier des lendemains, analyse le coiffeur dans son salon branché de la rue Marterey à la clientèle hétéroclite. Je fais aussi beaucoup de permanentes aux garçons, je ne pensais pas en refaire dans ma carrière, mais ils veulent tous cette coupe champignon, parfois décolorée.»
Un environnement normatif
Dans certains milieux, type école d’art, on observe une uniformisation d’un look choisi paradoxalement comme une réaction aux codes populaires. «Le mainstream peut être effrayant, soulève René Chassot, c’est un rouleau compresseur, et les jeunes ont envie d’en sortir, ce qui peut déboucher sur des choix extrêmes. La fille d’une amie s’est rasé le crâne, elle est très révoltée.» Dans la rue, les représentants de la génération Z semblent tous se ressembler. Ce qui pose la question de la norme: «L’environnement influence énormément l’individu. Quand on ressemble à ceux qui nous entourent, cela devient la nouvelle norme», analyse encore le coiffeur lausannois.
Côté frange, on l’observe soit très courte tant chez les filles que chez les garçons, dans cette mouvance de fluidité des genres, ou alors très longue, vue sur Dua Lipa à Cannes par exemple, avec une autre fonction, selon notre expert en ciseaux: «Les jeunes filles de 16-17 ans me demandent beaucoup cette frange rideau. Pour moi, c’est une évidence, elles se cachent derrière».
Quant au retour en grâce des cheveux frisés, outre l’expression d’une vraie émancipation des diktats culturels, il libère également la femme des heures consacrées au brushing et autres techniques de lissage. Le choix d’une coupe de cheveux, au final, reste assez pragmatique.