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La coiffure énergétique a apaisé ma colère

Femina 03 Temoin Coiffure Energetique

La méthode n’avait rien de mystique, et cela m’a rassuré.

© Francesca Palazzi

J’ai grandi à São Paulo, au Brésil, au sein d’une famille aimante composée de cinq enfants, dont je suis le cadet. Ma mère a été diagnostiquée atteinte de l’alzheimer lorsque j’avais 18 ans. Quelque temps après, tour à tour, mon oncle et un de mes amis proches ont été assassinés. Le climat général devenait pour moi extrêmement suffocant. A cela s’ajoutait le fait que plus l’état de ma mère empirait, plus j’avais l’impression de devenir fou, comme par mimétisme. En 1998, à presque 20 ans, j’ai fait le choix de quitter la maison familiale pour m’installer à 200 kilomètres. J’y ai connu un énorme succès en tant que coiffeur et je gagnais très bien ma vie.

Ayant relevé ce premier défi professionnel, je m’en suis lancé un nouveau en 2003, en rejoignant une amie vivant à Lausanne pour m’y établir. Mais une fois arrivé en Suisse, j’ai connu de grandes difficultés. Je ne parlais pas un mot de français et, sans titre de séjour, je ne pouvais pas trouver d’emploi. Je coiffais quelques rares connaissances, mais travailler clandestinement était trop risqué. Pour la première fois j’étais complètement dépendant des autres. J’avais le sentiment d’être anesthésié.

Mon père est décédé en 2004. J’ai alors commencé à sombrer. Les années qui ont suivi n’étaient que fêtes, drogue, alcool et rencontres amoureuses destructrices. J’ai fait plusieurs allers-retours entre la Suisse et mon pays natal. J’étais en fuite perpétuelle. En 2007, victime de très fortes douleurs à l’abdomen, j’ai dû être hospitalisé et opéré d’urgence au CHUV pour une péritonite aiguë. A mon arrivée à l’hôpital, le médecin m’a annoncé que si je n’étais pas venu consulter il ne me serait resté que neuf heures à vivre. Cela m’a fait réaliser que tout pouvait subitement s’arrêter. Ce choc, plutôt que de me redonner goût à la vie, m’a laissé l’amer sentiment d’être en sursis. Résolu à repartir au Brésil, j’ai choisi malgré tout de rester encore quelques mois en Suisse pour pouvoir financer un salon de coiffure là-bas.

Une rencontre et une nouvelle voie

Lors d’une énième soirée de tous les excès, dans un club lausannois, j’ai fait la connaissance de Daniel (ndlr: prénom d’emprunt). Je l’ai dragué, ramené chez moi, et nous avons passé la nuit ensemble. Je ne voulais pas m’engager car mon départ au Brésil était imminent. Mais il a insisté pour me revoir et nous avons commencé à nous fréquenter. Tout est allé très vite. Un mois après notre première rencontre, nous décidions de nous unir. Avant d’être présenté à sa famille, j’avais la crainte inexpliquée de ne pas être accepté par mon beau-père. Ce dernier m’a libéré d’un poids lors de notre union civile, quand il m’a dit: «Félicitations et bienvenue dans la famille!»

Ce jour-là, pendant le repas, il était assis face à moi et m’a parlé d’un de ses amis coiffeurs – Rémi – qui avait créé une méthode appelée la coiffure énergétique (ou psychocoiffure). C’est un procédé qui permet de travailler le cheveu en harmonie avec les principes de la médecine chinoise. La coupe y est pratiquée au rasoir, dont les vibrations sont notamment censées agir directement sur le cerveau et, donc, sur nos mémoires cellulaires et émotionnelles. A cette période de ma vie, je condamnais fermement toute forme de spiritualité et je ne voulais pas approfondir le sujet. Mon beau-père, lui, persuadé que cela pouvait me correspondre, s’est documenté sur la technique et l’existence d’un apprentissage. Il m’a alors convaincu de rencontrer Rémi pour me faire ma propre opinion.

Nous nous sommes vus à Paris et avons immédiatement été sur la même longueur d’onde. J’ai compris que la méthode développée par le Français n’avait rien de mystique, et cela m’a rassuré. De retour de la capitale, j’étais déterminé à entreprendre les trois ans de formation nécessaires pour maîtriser toutes les facettes de la coiffure énergétique. Simultanément, j’ai décidé de me lancer pour la première fois comme indépendant. C’était en 2010. Un week-end par mois, je me rendais à Paris pour suivre les cours, ainsi qu’une psychothérapie imposée par le cursus.

Un sentiment d’abandon à dépasser

En plus de l’apprentissage pratique de la coupe au rasoir, nous sommes passés par l’enseignement théorique de la philosophie et de la médecine chinoises. Ne maîtrisant pas le français, la tâche s’est révélée des plus ardues. En outre, sur le plan personnel, mon chemin divergeait irrémédiablement de celui de Daniel. Alors que j’étais en deuxième année de cours, j’ai demandé la dissolution de notre union. Cette période a été très douloureuse. Je me suis accroché car je savais que la psychocoiffure était en train de bouleverser non seulement ma manière de travailler mais aussi mon existence. J’ai réalisé que j’étais rongé par une profonde colère contre mes parents. C’est elle qui me faisait fuir. J’avais le sentiment d’avoir été abandonné à la fois par ma mère, que je ne reconnaissais plus à cause de sa maladie, et par mon père, depuis sa mort. La coiffure énergétique m’a permis d’accepter mes émotions, d’apprendre le détachement mais surtout de me sentir vivant. Je cherchais un moyen d’apporter quelque chose aux gens. J’ai terminé avec succès ma formation et réellement trouvé ma voie. Je pratique toujours les coupes dites «traditionnelles», mais ce que j’apprécie dans la «psycho-coiffure», c’est qu’en plus d’avoir un effet bénéfique sur le cheveu elle permet aux clients de mieux se connaître et d’accéder à un plus grand bien-être. J’en suis désormais convaincu: ouvrir les yeux, même si cela semble difficile ou effrayant, permet de façonner positivement notre existence.

Malgré la séparation, mon ex-beau-père et moi n’avons jamais cessé de nous côtoyer. Il est l’un de mes plus fidèles clients. Avec le recul, je me rends compte que cet homme a été un second père pour moi, et qu’il m’a offert une deuxième naissance. Sans notre rencontre, j’aurais certainement continué à me perdre. Aujourd’hui, je suis en phase avec moi-même. Je rêve de pouvoir un jour exporter cet art au Brésil. Un jour, pas tout de suite. Parce que, enfin, je me sens bien ici, tout simplement à ma place.

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