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Je construis des écoles au Togo

Séverine s'engage en Afrique

Au travers de son association, Séverine est désormais active en Afrique.

© Delphine Broggio/Delfilm

Le jour où j’ai inauguré la première école en Afrique restera gravé dans ma mémoire à jamais. J’avais fait un long voyage pour arriver dans le village de Gapé-Hihlagbé, au Togo. La route était tellement accidentée que nous devions sortir régulièrement du véhicule pour passer les nids de poule. Entre les virages et les bosses, nous avions tous la nausée. Ce fut un périple épique.

Mais après des heures de route, j’ai entendu des notes mélodieuses qui s’élevaient dans les airs. C’était magnifique. En approchant de notre destination, j’ai réalisé qu’il s’agissait du son des tam-tams et des chants traditionnels. Tout le village s’était donné rendez-vous pour accueillir les membres de l’association. Nous avons fait le tour de la nouvelle école maternelle en compagnie des villageois en habits du dimanche. À l’intérieur, les enfants étaient assis à leur table, le bonheur rayonnait sur les visages. Les femmes ont chanté et dansé.

Ce jour de fête était le couronnement de plus de cinq ans d’efforts autour de ce projet avec mon association To go to Children. J’étais très émue parce que ces cinq années, je les avais passées à me battre. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé ce que nous avions fait. Le bâtiment se trouvait juste devant mes yeux, l’aventure était enfin concrète. À la place de l’ancienne institution délabrée se tenait la nouvelle construction: de vrais murs, une structure en dur, la citerne de récupération d’eau de pluie, les latrines. Et ce n’était que le début.

Connectée avec ce continent

Je rêve de l’Afrique depuis mon adolescence. A 15 ans, un travailleur humanitaire est venu dans ma classe pour parler du soutien scolaire en Afrique. J’ai tout de suite compris que j’aimerais vivre cette expérience un jour. J’ai senti que c’était important, d’autant plus que j’ai toujours été fascinée par ce continent, sa grandeur, ses cultures sans que je puisse forcément en expliquer les raisons. Je porte ce lien dans le cœur depuis longtemps.

En 2002, je suis enfin partie pour mon premier voyage, au Bénin, avec dix-neuf autres Suisses. Le but? Construire une paillote pour qu’un centre de jeunes puisse offrir une restauration aux gens du village. Une fois sur place, nous avons rencontré les Béninois avec lesquels nous allions travailler. Ensemble, nous avons fabriqué des briques en utilisant du ciment, de l’eau et de la terre. Je découvrais enfin un de ces pays qui me parlaient tant. Au retour, je n’avais qu’une envie, repartir!

Voir les manquements

C’est ce que j’ai fait en 2005 pour trois semaines au Burkina avec un groupe de jeunes afin de participer à la construction de fours à céramique. Il s’agissait de soutenir les femmes pour qu’elles puissent cuire des poteries et développer la vie socio-économique de leur village. Malheureusement, sans formation spécifique, elles ne pouvaient pas utiliser ces installations. Elles n’ont été formées que des mois plus tard! Cette expérience a été un déclic: je voyais sur le terrain les manquements et les dysfonctionnements de l’aide humanitaire.

Il m’apparaissait clairement que si la population locale n’était pas impliquée de A à Z, le projet ne fonctionnait pas. J’ai aussi senti que je voulais me lancer dans quelque chose de plus humain dans lequel je ne me contenterais pas de fabriquer des briques ou des fours. Il me restait à trouver comment et que mettre en place pour y parvenir.

Envie de s'impliquer plus

En 2006, je suis partie au Togo avec l’ONG PASYD (partage et action en synergie pour le développement). Pendant trois semaines, j’ai fait du soutien scolaire et de la prévention contre le sida. J’essayais de démystifier le préservatif qui est considéré comme un truc de blanc en discutant avec la population locale, mettant des mots sur l’acte sexuel.

[…] si la population locale n’est pas impliquée de A à Z, le projet ne fonctionne pas

Ça a été un voyage très enrichissant. Et ça m’a donné envie de m’impliquer davantage. De retour en Suisse, séduite par cette façon d’impliquer les villageois en tant qu’acteurs, j’ai décidé de soutenir les projets de cette ONG.

Les enfants, moteur du changement

De mon côté, j’ai toujours considéré que les enfants étaient les moteurs du changement et de l’évolution des conditions de vie au Togo. Quand j’ai appris que les membres de PASYD souhaitaient construire une école maternelle à Gapé-Hihlagbé, j’ai tout de suite décidé de les aider. C’était important pour la vie du village car cela permettrait aux femmes d’aller travailler aux champs sans se préoccuper de la garde de leurs jeunes enfants.

J’ai donc créé mon association, To go to Children, en 2008 avec un ami, Baptiste, pour récolter des fonds. On a commencé à participer à des marchés et à y vendre des produits locaux. Mais c’était dur, on gagnait très peu d’argent. On se disait qu’on n’y arriverait jamais.

Plus d'écoles!

Suivant des études de pédagogie curative à l’Université de Fribourg, j’ai rencontré des amies qui ont rejoint l’association. Nous étions désormais sept, ce qui a permis d’avancer beaucoup plus vite. En retravaillant les plans de l’école avec un maçon, nous sommes parvenus à diminuer les coûts de fabrication.

Enfin, tout s’est mis en place et nous avons commencé les travaux sur place en 2013. Dans le même esprit, en 2016 nous avons achevé la construction de deux classes de maternelle dans le village de Tonoukouti. Aujourd’hui, un nouveau projet me tient à cœur: financer l’écolage des enfants défavorisés de la ville de Tsévié. Ce que je souhaite? Que tous les enfants aient accès à l’éducation et puissent ainsi changer leurs conditions de vie.

Appel

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