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«J’ai quitté les USA pour épouser un garde suisse»

J’ai quitté les USA pour épouser un garde suisse

«En Suisse, Il faut toujours tout prévoir et tout agender, même pour aller boire un café!»

© Corinne Sporrer

En faisant mon jogging et en apercevant des vaches de chaque côté de la route, je me suis demandé: «Mais où suis-je tombée?» Car Washington n’a effectivement pas grand-chose à voir avec Fribourg. J’ai quitté les États-Unis, le pays où j’ai grandi, par amour pour Julien. Nous nous sommes rencontrés à Rome, en 2010. J’effectuais alors un master en communication. J’étais tombée amoureuse de l’Europe en accomplissant un Erasmus en Autriche et étais vraiment ravie de pouvoir étudier en Italie, un pays pour lequel j’ai tout de suite eu un coup de cœur.

Un soir, l’une de mes amies célébrait son anniversaire. Elle était en couple avec un garde suisse. Contrairement à ce que pensent la plupart des gens, les gardes ne vivent pas reclus au Vatican. S’ils le veulent, ils peuvent sortir et faire la fête. Ce jour-là, je n’avais pas très envie de sortir, j’avais décidé de rester tranquillement chez moi, mais après bien des supplications téléphoniques, j’ai fini par rejoindre le groupe dans un restaurant. Je suis arrivée avec deux heures de retard et j’étais extrêmement gênée. Tous les regards étaient fixés sur moi et la seule place qui restait était évidemment à une table composée uniquement de gardes suisses.

Je suis originaire du Honduras, et j’avais l’impression que tout le monde se disait: «Et voilà, les Latinas, comme d’habitude, sont en retard.» Julien m’avait déjà remarquée (en même temps, difficile de manquer mon arrivée!), mais de mon côté, il a fallu attendre que l’on poursuive la soirée en boîte de nuit pour que je fasse sa connaissance.

À ce moment-là, je terminais ma formation et je ne recherchais absolument pas une relation amoureuse. Une place de travail m’attendait à Madrid, je souhaitais me consacrer à 100% à mon avenir professionnel. Nous étions au début de l’année, je partais en juin. Après la fête, Julien m’a ramenée chez moi, nous avons marché et avons pris le temps de discuter. Puis, par la suite, il m’invitait à sortir à chaque fois qu’il était en congé. Plus tard, il m’a avoué ses sentiments, mais pour moi, tout cela allait trop vite, nous nous connaissions à peine. Il avait prévu de partir apprendre l’anglais. Chacun devait poursuivre ses projets et, s’il devait se passer quelque chose entre nous, cela se ferait plus tard.

Des jardins de Rome à Fribourg

J’avais mal au cœur en le quittant, j’étais triste d’avoir fait la connaissance de quelqu’un de bien, mais de ne pas être prête à commencer une nouvelle relation. En même temps, je gardais espoir, car nous nous étions promis de rester en contact. Lorsque j’étais en Espagne et lui à l’autre bout de la terre, nous nous parlions tous les jours, sur Skype ou par SMS. Nous nous écrivions aussi des lettres pour exprimer des choses qu’il nous était difficile de dire. Tout cela nous a permis de bien mieux nous connaître. Avec la distance, nous ressentions tous les deux que l’autre nous manquait, qu’il y avait plus qu’une simple amitié.

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Nous nous sommes donné rendez-vous en septembre 2011. C’est là que notre histoire a commencé officiellement. Nous avons passé deux semaines ensemble en Suisse. C’était la première fois que je découvrais ce pays et j’ai fait la connaissance de sa famille. Puis nos chemins se sont à nouveau séparés: un job m’attendait à Rome, tandis que lui partait apprendre l’espagnol au Costa Rica puis en Espagne. À Noël, nous nous sommes retrouvés aux États-Unis, Julien a alors rencontré mes proches. Mon visa italien n’était plus valable, je ne pouvais donc plus rester à Rome. Je suis retournée à Washington durant quelque temps, j’avais besoin de faire le point, de me retrouver. Julien, de son côté, est rentré en Suisse pour poursuivre ses études de Lettres à Fribourg. Nous ne voyions pas de meilleur endroit pour fonder une famille. La qualité de vie dans ce pays est incomparable. Nous avons donc pris la décision de nous y installer.

Durant l’été 2013, je suis arrivée en Suisse pour la dernière fois en tant que touriste. Julien m’avait préparé un voyage surprise. Nous nous sommes retrouvés à Rome, dans les jardins du Vatican. Il m’a fait sa demande dans cet endroit magique, qui signifiait tellement pour lui comme pour moi. D’ailleurs, aujourd’hui encore nous nous parlons toujours en italien, seule langue commune que nous avions alors.

Après ce grand jour, j’ai été obligée de retourner aux États-Unis pour régler toutes les démarches administratives. J’ai emménagé définitivement en Suisse six mois plus tard. Bien sûr, je savais que cela allait être difficile pour moi, d’un point de vue culturel et social, mais je ne pensais tout de même pas que l’intégration serait si compliquée. Je n’ai pas du tout ressenti la chaleur, l’accueil bienveillant des gens que j’avais pu expérimenter en Italie ou en Espagne. Je n’avais pas d’amis, aucune vie sociale et pas de travail. J’avais donc beaucoup de temps pour réfléchir à ce que je vivais, pour avoir l’ennui de ma famille dont j’étais séparée par des milliers de kilomètres.

Par ailleurs, avec ses études, mon futur mari n’avait pas beaucoup de temps à me consacrer. Je faisais du sport pour me changer les idées et, par chance, ma belle-famille était très disponible. J’ai beaucoup progressé en français grâce à eux. Au printemps, j’ai décroché un travail qui est encore le mien aujourd’hui: je donne des cours de langue pour adultes, la plupart du temps dans des entreprises. Certes, ce n’est pas aussi stimulant que mes précédents jobs dans la communication, mais j’apprécie les horaires flexibles, c’est plus facile à gérer avec les enfants.

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Ce fameux manque de spontanéité suisse...

Car oui, après un mariage civil en 2014 et une célébration religieuse l’année suivante, la famille s’est agrandie: nous sommes devenus parents d’une petite fille, il y a trois ans, et je dois accoucher d’un deuxième enfant dans les semaines qui viennent. Devenir maman a totalement changé ma vie. J’ai désormais beaucoup moins de temps pour penser à tout ce que j’ai laissé derrière, mon quotidien se fait vraiment en fonction de ma fille. Cela m’a aidé à rencontrer d’autres personnes, surtout des expatriées dans la même situation que moi.

Toutefois, j’ai toujours de la peine à faire face au manque de spontanéité inhérent à la culture suisse, ainsi qu’aux gens très fermés que je rencontre. Il faut toujours tout prévoir et tout agender, même pour aller boire un café!

Ne pas avoir une vie professionnelle exaltante n’est pas facile à accepter, il m’arrive de me sentir incomplète. Le multiculturalisme et l’ouverture des grandes villes me manquent beaucoup, Fribourg est trop petit pour moi, mais j’ai confiance en l’avenir, on ne sait jamais ce qu’il nous réserve. Pour le moment, élever mes enfants et les voir grandir dans ce cadre idyllique est ce qui me rend la plus heureuse au monde.

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