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Parler régional: des accents de vérité

Chtite Famille Pathe

Dany Boon est très fier de ses origines Ch'ti. Dans son nouveau film, «La Ch'tite famille», il dénonce le racisme dont sont victimes ceux qui parlent avec un accent prononcé.

© Pathé

Fier de ses origines armentiéroises, Dany Boon n’adore rien tant que glorifier «son» Nord. La preuve, ces jours encore, avec «La Ch’tite famille», comédie dans laquelle il dénonce en mode sourire et autodérision une forme de racisme lié au parler régional et à l’accent. Racisme? Le mot est fort. Mais parfaitement approprié, si l’on en croit de nombreux sociolinguistes.

Ainsi le professeur français Philippe Blanchet, qui se bat sans relâche contre ce qu’il appelle la «glottophobie»*. Ce qu’il entend par là? Une discrimination linguistique qui empêche «de nombreuses personnes de trouver un emploi ou de suivre certaines filières d’études au motif qu’elles ne parlent pas «normalement» français – entendez sans accent ni régionalisme».

Ainsi, aussi, le Dr Mathieu Avanzi, à qui l’on doit notamment la plate-forme «Tour de Suisse - Ton accent». Et qui regrette également que de nombreux stéréotypes négatifs soient automatiquement associés aux localismes et accents du terroir.

De la honte à la fierté

«Le problème, relève le Dr Avanzi, c’est l’influence de Paris, qui rayonne dans toutes les régions de France, en Belgique et en Romandie.» Il précise: «Concrètement, tout ce qui n’entre pas dans ce moule parisien est dénigré et connoté péjorativement.»

En gros, déplore-t-il, les films, les séries ou les médias, «parisiannisés» à fond, renvoient en permanence l’image d’un standard «bord de Seine» acceptable, en opposition totale avec les parlers régionaux. Ceux-ci impliquent ipso facto qu’on «manque d’éducation, qu’on est issu d’un milieu rural ou prolétaire et, par extrapolation, qu’on n’est pas apte à occuper de hautes fonctions». Le linguiste reprend: «Pour échapper à ces préjugés, pour se faire accepter dans tel ou tel milieu ou pour ne pas se faire moquer, on aura donc tendance à masquer, voire à essayer de gommer son accent…»

Cela dit, se réjouit le sociolinguiste, les choses sont en train de changer et il sent monter le vent de la rébellion: «J’observe que de plus en plus de gens de tous âges sont fiers de revendiquer leur identité régionale. Et, partant, leur accent, fût-il très prononcé!» Un phénomène qu’on peut résumer tout simplement: «Je suis Neuchâtelois, Ajoulot, Valaisan ou Dzodzet… ça s’entend, non?!»

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«Au fond, reprend le chercheur, c’est tout à la fois une manière de signifier un gros ras-le-bol des diktats parisiens mais aussi une manière de dire: voilà qui je suis!» Ce que montrait d’ailleurs bien la série de la RTS «Mon accent, ma fierté», dans laquelle la jeune Sabrina, Gruérienne pure crème, déclarait tout de go: «J’adore mon accent et on doit aimer ce qu’on est!» Ou Daniel, Genevois de Carouge, ravi que son élocution «marque une différence avec les autres».

Bref, comme le résume le poète, «avoir l’accent, c’est, chaque fois qu’on cause, parler de son pays en parlant d’autre chose». Et ce n’est pas Dany Boon qui dira le contraire…

* Discriminations: combattre la glottophobie, Philippe Blanchet, Ed. Textuel

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