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Mieux communiquer pour embellir nos relations: les 10 conseils de Valeria Salomé

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«Nous ne savons pas reconnaître ce qu'il se passe en nous, nous n’osons pas parler de nous et nous n’avons donc pas d’autre ressource que de parler de l’autre, de l’accuser en lui disant: "Tu es toujours en retard, tu es trop dur avec les enfants, ton ami est méchant…". Si une telle dynamique s’installe dans une relation, cela peut devenir énergétivore.»

© John Schnobrich

FEMINA Vous avez écrit le livre «Un chemin de vie...» avec votre mari Jacques. Comment s'est déroulée cette co-écriture?
Valeria Salomé Notre ouvrage est construit sur les bases d’une mise en commun de nos expériences, de nos parcours, de nos vécus. Il y une bouleversante rencontre de deux chemins qui se sont croisés, qui se sont harmonisés dans les différences qui nous habitent. Jacques Salomé, observateur passionné, psychologue expérimenté, interprète fidèle de nos récits de vie, a su m’initier à ses découvertes sur la nature profonde de l’être humain. J’ai ainsi illustré ses propos par des cas pratiques d’accompagnement en relations humaines, par des témoignages reçus, par des contes initiatiques inspirés de la vie quotidienne. Une collaboration qui m’a permis d’apprendre à mieux mettre en lumière le précieux de chaque rencontre.

Dans cet ouvrage, vous abordez la communication: est-elle le secret d'une relation durable?
«La communication humaine est au cœur de toute existence» affirme Jacques Salomé, «elle est la sève ardente du vivant». La communication relationnelle j’ajouterais, œuvre à nous relier au meilleur de nous-mêmes dans une qualité de partage.

Communiquer c’est mettre en commun tant des mots, que des attitudes, des signes, des émois, des gestes, des regards. C’est pouvoir se dire et être entendu dans l’accueil de l’être. C’est ouvrir les portes d’une rencontre pour accroître les possibles d’une relation.

La vivance d’une relation est stimulée par nos initiatives, son harmonie dans la durée par la qualité de la communication proposée. Elle repose sur la règle de trois R: Relation (la nourrir) – Respect (de soi et de l’autre) – Responsabilisation (à son bout de la relation).

Quelles sont les conséquences d'une mauvaise communication sur nos relations? Serions-nous devenus de mauvais «communicateurs»?
Je m’avance avec prudence pour nommer un bon ou mauvais «communicateur».
Par notre culture, pendant des millénaires, nous étions dans la censure de l’expression personnelle. Il nous est donc très difficile de parler de nous-mêmes, d’exprimer nos sentiments réels, notre ressenti, de manifester nos émotions ou d’oser dire: «Je suis en colère contre ton retard», «Je n’apprécie pas ton attitude avec les enfants» ou encore «Je n’aime pas cet ami de la famille qui me serre un peu trop dans les coins!».

Issus de cette culture, nous ne savons pas reconnaître ce qu'il se passe en nous, nous n’osons pas parler de nous et nous n’avons donc pas d’autre ressource que de parler de l’autre, de l’accuser en lui disant: «Tu es toujours en retard, tu es trop dur avec les enfants, ton ami est méchant…». Si une telle dynamique s’installe dans une relation, cela peut devenir énergétivore et susciter tout un système de accusations, de justifications, de dénis qui vont violenter la dynamique des échanges, vont blesser la vivance de la vie, vont créer un climat de non-confiance, et donc d’enfermement.

Quel est le plus grand obstacle à une communication efficace, aujourd'hui? La peur?
Comme évoqué précédemment, nous vivons depuis des générations, sans pourtant en être toujours conscient, dans un modèle de pseudo-communication, un réseau d’échanges antirelationnel. Jacques Salomé l’appelle, en nommant ses conséquences les plus négatives, le système SAPPE (rend Sourd, Aveugle, Pernicieux, Pervers, Energétivore).

Ce système régit la plupart des communications dans le monde aujourd’hui, tant au niveau des relations intimes, que professionnelles, sociales et politiques. Il est fondé sur la non-implication, la mise en cause des autres et la non-confiance. Il est entretenu par des disqualifications, des culpabilisations, des injonctions, des menaces, et souvent par les rapports relationnels dominant/dominé. L’enjeu en est la non-remise en cause de soi!

Pourquoi les mots ne suffisent-ils pas, parfois? Par quoi peut-on les remplacer?
Nous sommes des êtres de relation. La communication nous permet de tisser des liens. Les mots deviennent ainsi indispensables pour nommer, importants pour identifier et nécessaires pour communiquer, mais ils demeurent insuffisants pour construire une relation dans la durée. Dans la complexité de l’être, nous avons parfois besoin d’aller au-delà de mots pour mieux se relier à soi, pour se réconcilier avec son passé, pour donner une signification à nos propres comportements. La pratique de la symbolisation permet ces approches relationnelles.

Comment définir la «symbolisation»?
La symbolisation est un langage. Elle représente l’ensemble des actes symboliques que nous pouvons imaginer, créer, déposer et introduire dans les relations significatives de notre existence, nous permettant de créer un chemin possible pour faire communiquer trois mondes, trois dimensions différentes qui constituent la condition humaine: le monde des apparences (la réalité extérieure), le monde intime (celui du réel propre à chacun) et le monde énergétique et spirituel (celui de nos origines humaines).

Nous rentrons ici dans l’ordre de l’expérience non-transmissible, seulement partagée au travers de témoignages. Ainsi, quand cette institutrice a proposé aux élèves d’une classe de planter un arbre pour représenter la petite camarade tuée dans un accident de la route, elle donne un support symbolique d’une part, pour laisser une trace de l’enfant disparue, et de l’autre part pour permettre la dédramatisation et initier la démarche de deuil par l’évacuation des sentiments négatifs et violents inscrits en chacun lors de cette douloureuse épreuve.

La symbolisation constitue un médiateur puissant dans notre relation avec les autres, avec notre environnement, et encore plus avec la part d’indicible de nous-même.
© Liana Mikah

Comment utiliser la «symbolisation» dans la vie quotidienne?
La symbolisation est avant tout une expérience personnelle invitant à la créativité, par son choix d’application, à la responsabilisation, par la démarche entreprise, et au lâcher-prise par son intériorisation. Les applications du symbolique ouvrent un immense champ des possibles dans le domaine de la vie relationnelle.

Au quotidien, nous pouvons nous appuyer sur la visualisation par des objets pour mieux exprimer une demande ou un point de vue, pour oser montrer son ressenti (colère, tristesse, joie), pour désigner un comportement ou message toxique (et le restituer pour éviter de se polluer avec), pour montrer un besoin ou dévoiler un désir (et oser en prendre soin). Il y a également la possibilité de s’appuyer sur les métaphores ou les allégories pour exprimer une idée, exposer une résonance et inviter à un échange.

Avec nos enfants, et non seulement, nous pouvons nous appuyer sur la pratique des contes pour les aider à mettre des mots sur les peurs qui les habitent, sortir de la somatisation, donner du sens à un vécu, créer une passerelle entre une réalité perçue inaccessible ou trop dangereuse et la rendre accessible dans son propre monde réel.

Si vous deviez donner un seul conseil pour mieux communiquer au quotidien, lequel serait-ce?
Cultiver la confrontation pour oser le dialogue. La confrontation, différente de l’affrontement (opposition), permet d’apposer son point de vue à celui de l’autre dans la rencontre des différences, favorise le dépassement des rigidités relationnelles et créé ainsi un espace pour laisser germer des réajustements possibles.

Paradoxalement, pour mieux communiquer, la disponibilité à l’écoute est autant importante. Pour pouvoir accueillir autrui dans une relation, je vous invite à apprendre à être dans une écoute présente, comme un Présent offert à lui et… à vous.

Et pour rester dans la symbolique je vous propose un poème de Jacques Salomé:

«Soyez les poètes de votre vie.
Osez chaque jour mettre du bleu à votre regard,
de l'orange au bout de vos doigts,
un sourire dans votre écoute et surtout, surtout, de la tendresse dans chacun de vos gestes.»

Le livre

«Un chemin de vie...» par Valeria et Jacques Salomé (Ed. Albin Michel), 29 fr. 90 chez Payot.


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