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Quand je maîtrise le sujet et que je sens mon interlocuteur bienveillant, la conversation est fluide et mes réponses fusent, raconte Emilie, 33 ans, consultante en communication. Mais quand je le domine moins, ou que l’enjeu affectif est important, je perds tous mes moyens. Mes émotions me submergent, je n’arrive plus à accéder à mes idées. Je bafouille, dis des banalités, je me trouve «creuse». La réplique pertinente arrive trois heures plus tard, et je m’en veux.» Dans une société qui valorise l’humour, la vitesse et l’efficacité, le manque de repartie est considéré, à tort, comme un défaut. C’est d’abord une souffrance pour la personne concernée.

Je me dévalorise

L’impression d’être moins intéressant que notre interlocuteur nous incite à rester en retrait. Nous craignons de dire une bêtise, puis nous ruminons de n’avoir pas su nous valoriser et, parfois, de nous être fait humilier sans réagir. «La repartie se gère avec le cerveau droit, spontané et créatif, expliquent Pauline Klein et Olivier Bettach, comédiens et consultants. Or, quand nous recherchons la performance, ou que nous nous jugeons, nous ne sollicitons que le cerveau gauche, plus rationnel mais aussi plus lent. Pour être créatif, il faut prendre des risques.»

J’ai peur des conséquences de mes propos

Au travail, nous hésitons parfois à riposter, par peur des représailles. Néanmoins, il faut savoir remettre à sa place un collègue s’il s’est montré dévalorisant, en reconnaissant, par exemple, qu’il a raison sur le fond mais pas sur la forme. En famille ou avec des amis, il arrive aussi que l’on se bride, de crainte que nos saillies soient mal perçues. «La réponse du tac au tac est proche d’un mécanisme d’impulsivité, confirme le psychiatre Frédéric Fanget. Dans certaines circonstances, mieux vaut se taire plutôt que blesser. Sous réserve de ne pas se laisser marcher sur les pieds.»

Je suis victime de mon éducation

Il existe des familles où l’on se vanne en permanence, juste pour le plaisir du verbe. D’autres où l’on ne parle jamais de ce qui fâche, où le respect de l’autre confine à la soumission. Ce décalage peut être mal vécu au sein d’un couple «mixte». «Les personnes qui manquent de repartie sont souvent douées d’empathie, car elles prennent le temps d’écouter les autres, souligne Frédéric Fanget. Elles sont peut-être moins drôles mais plus réfléchies.» Pour Séverine Denis, comédienne improvisatrice, les introvertis seraient même, plus que les extravertis, capables de clouer le bec aux bavards qui, au fond, n’écoutent qu’eux-mêmes.

Que faire?

Avoir une écoute attentive Trouver le bon mot au bon moment nécessite une écoute totale: celle des paroles, mais aussi de la voix, de l’expression, qui complètent le message. «Cela nous oblige à être réceptifs au moment présent, nous empêche d’anticiper et réveille notre créativité», précise Séverine Denis, comédienne. Etant plus sensible aux images évoquées, on rebondit sur elles, sans se censurer.

Renoncer à tout contrôler La repartie implique de relativiser le jugement des autres. Bref, de prendre le risque de se tromper, et d’en rire. «Plus je me décontracte, plus les idées sortent d’elles-mêmes», remarquent Pauline Klein et Olivier Bettach, comédiens et consultants. Mais attention: «Une bonne repartie n’est pas un règlement de comptes, insiste Séverine Denis, elle doit inviter l’autre à poursuivre le dialogue.»

S’entraîner La repartie est une gymnastique intellectuelle. Des exercices permettent de se dérouiller: dès que l’on entend un mot, en trouver un qui rime; réciter un monologue à partir de mots choisis au hasard… Geneviève Smal, comédienne et conseil en communication, a créé un jeu de cartes, Takattak, pour apprendre à répondre du tac au tac.

Ma solution, Laurence 53 ans, orthophoniste

«Mon mari a beaucoup de repartie, il adore jouer avec les mots, les assonances. Cette vivacité d’esprit me séduit beaucoup, mais je me sens un peu nulle à côté de lui. Exclue, aussi, lorsqu’avec nos deux fils, qui ont hérité de ce talent, ils se lancent dans des joutes verbales. Etant orthophoniste, je suis prisonnière de l’orthographe: je ne vois pas l’«effet-mère» derrière le mot «éphémère». Je suis beaucoup dans la maîtrise. Avec le temps, j’ai appris à lâcher prise: je prends le risque de tomber à plat. Du coup, il m’arrive de les faire rire. «En fait, tu es drôle!», m’ont-ils dit une fois. Une belle victoire!»

Rubrique réalisée en partenariat
avec «Psychologies Magazine»
dont le numéro 357 est disponible en kiosque.
A consulter aussi sur psychologies.com

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