santé mentale
Quelle psychothérapie choisir?
Entreprendre une psychothérapie sert à soulager, voire à traiter, angoisses, déprime, anxiété, blocages émotionnels, traumas paralysants, crises existentielles, bref, les maux de l'âme - comme le résument tant l’Association suisse des psychothérapeutes (ASP) que la Fédération Suisse des Psychologues (FSP).
Déjà salvatrice pour nombre de gens en temps normaux, cette démarche prend d’autant plus son sens en ces moments de pandémie: «Compte tenu de la crise sanitaire mondiale qui impacte tous les pays du globe, la population subit actuellement une dépréciation très importante de son état de santé psychique», explique ainsi la psychothérapeute ASP Sandra Feroleto. Elle précise:
A noter qu'une dépression grave, qui nécessite un diagnostic par un médecin, est un trouble psychiatrique affectant tous les domaines de la vie de la personne touchée: familial, professionnel et social. «Les symptômes comprennent également des idées suicidaires qui peuvent mener à un passage à l’acte. Malheureusement, dans ces situations-là, l’entrée en psychothérapie n’est généralement pas suffisante. Une prise en charge médicale appropriée, peut-être complétée par une psychothérapie, est indispensable» note pour sa part la Dre Catherine Léchaire, du groupement des psychiatres-psychothérapeutes vaudois (GPPV).
Ceci étant posé… qu’implique donc une thérapie, comment se déroule-t-elle et quelle méthode choisir parmi les nombreuses techniques proposées? L’éclairage en quelques points de Sandra Feroleto et de Magali Volery, psychologue spécialiste en psychothérapie FSP et responsable de la commission Psychothérapies de l’Association genevoise des psychologues (AGPsy).
1. Quels sont les facteurs essentiels pour qu’une thérapie soit efficace?
Pour Sandra Feroleto, pas de doute, «en premier lieu, la disponibilité et la motivation de la personne à évoluer et à travailler sur ses difficultés. En deuxième lieu, la qualité et le professionnalisme du psychothérapeute. Enfin, last but not least, la relation thérapeutique, soit l’alliance thérapeutique que patient et praticien parviendront à créer.» En d’autres termes, la qualité de rencontre et de lien entre les deux aidera notamment «à ce que les résistances s’abaissent pour laisser place à une relation tout à fait authentique, seule garante d’un processus efficace!»
Magali Volery confirme et ajoute:
Même si, dit-elle, il faut parfois «du temps pour que ce lien de confiance s’établisse». Elle ajoute: «Le patient doit être... patient, mais aussi critique et à l’écoute de son ressenti.» En outre, notent les deux spécialistes, il est essentiel que le thérapeute soit suffisamment qualifié - formation reconnue au niveau fédéral - et qu'il maîtrise bien les méthodes utilisées. Des praticiens certifiés peuvent par exemple être trouvés dans le répertoire du FSP ou de l’ASP:
Plus d'informations sur les sites psychologie.ch psychothérapie.ch ou GPPV.ch
2. Combien de temps faut-il pour constater des effets?
«Les premiers signes devraient être visibles après quelques séances seulement», indique Magali Volery. Cela dit, aucune règle n’est applicable puisque la durée d’une thérapie dépend de différents facteurs - dont la gravité du problème à résoudre ou la motivation du patient à travailler sur lui-même.
3. Comment sait-on qu’il faudrait peut-être changer de thérapeute ou de méthode?
«La psychothérapie demande un certain investissement de soi, prend du temps et le patient est face à un défi thérapeutique qu’il doit pouvoir affronter dans un espace sécurisé. S’il a des doutes sur le psychothérapeute, s’il ne se sent pas en sécurité, s’il n’apprécie pas le style ou la méthode du thérapeute, un changement de psychothérapeute devrait être envisagé», relève Magali Volery.
4. Quelle méthode choisir?
Selon les spécialistes, bien qu’elle soit moins cruciale que la relation de confiance entre patient et thérapeute, la méthode dépend des personnes concernées, des objectifs et du problème.
5. Quelques thérapies sous la loupe
La thérapie comportementale et cognitive (TCC): «C’est une méthode qui s’appuie sur les connaissances actuelles du cerveau et vise à rééduquer en quelque sorte les comportements de la personne, pour l’aider à lâcher certains habitus au profit d’autres», note Sandra Feroleto. Magali Volery précise pour sa part: «La mise en lien des comportements avec les pensées et les émotions du patient permet de comprendre l’articulation entre ce que je fais, ce que je me dis et ce que je ressens».
A priori, cette approche est particulièrement efficace pour traiter l'anxiété, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les phobies, les troubles alimentaires et la dépression. Toutefois, «les TCC peuvent parfois être décevantes si elles ne sont pas couplées à d’autres approches, comme l’EMDR (lire ci-dessous), le mindfulness ou d’autres approches corporelles, afin d'amener les problématiques à se transformer en profondeur», nuance Sandra Feroleto, qui dit avoir vu des patients déplacer leur phobie des trains sur les parkings, par exemple.
A noter que cette approche est «un peu plus rapide que d’autres, et c’est son avantage, en particulier lorsque ce qui est à traiter est très spécifique.»
La thérapie EMDR: L’EMDR, pour Eye Movement Desensitization and Reprocessing, a pour but de réduire la charge émotionnelle liée à des expériences traumatiques. Cette méthode, élaborée pour soulager les soldats traumatisés au retour de la guerre, consiste, en très résumé, à ranger dans la bonne case un événement vécu si douloureusement qu’il n’a pas pu être traité de façon normale par le cerveau, résument les expertes.
Concrètement, la personne doit se remémorer les souvenirs éprouvants tout en se focalisant sur une stimulation externe et bilatérale droite-gauche. Ce peut être oculaire (le thérapeute fait des mouvements d'aller-retour avec ses doigts devant les yeux du patient), mais aussi tactile (le praticien tapote les bras ou les jambes en alternant les côtés). A noter que le patient peut aussi s’autostimuler (bras croisés, il se frapotte les épaules: droite, gauche, droite, gauche... ).
Efficace pour traiter un syndrome post-traumatique, toutes sortes de symptômes liés à un événement très lourd (accident, viol, agression...), cette méthode généralement de courte durée est très étudiée. «Beaucoup de laboratoires de neurosciences cherchent à élucider ce qui se passe vraiment pour que ça marche, mais je vous le confirme: ça marche!», relève Sandra Feroleto.
La thérapie systémique: La thérapie systémique «se concentre sur le contexte social de l’apparition d’un trouble psychique, en particulier sur les interactions entre les différents membres d’une famille», synthétise Magali Volery. Sandra Feroleto ajoute: «Elle est en moyenne un peu plus longue que les TCC mais a l’avantage de vraiment travailler sur toute la cellule familiale, évitant d’avoir une personne symptôme qui porterait tous les problèmes de la famille et se retrouverait en thérapie pour de longues années au lieu d'accompagner tout le système.»
La thérapie cognitive de pleine conscience (TCBPC): «La TCBPC intègre des outils de thérapie cognitivo-comportementale et des techniques de méditation en pleine conscience. Pour Magali Volery,
La thérapie EFT: «L’EFT, qui ressemble à l’EMDR par certains aspects, est centrée sur la libération émotionnelle - qui est une méthode encore peu connue, relativement restreinte dans sa pratique même si elle est en pleine émergence actuellement», explique Sandra Feroleto. En gros, très inspirée des méthodes chinoises d’acupuncture ou encore de la kinésiologie, cette technique travaille sur l’énergie de la personne - en particulier en cas de traumatisme ou de problèmes liés au stress. «L'EFT n'a pas encore été suffisamment étudiée scientifiquement et son effet n'a pas été démontré», souligne Magali Volery.
La thérapie à médiation corporelle: Comme l’explique Sandra Feroleto, précisant que «plusieurs psychothérapies travaillent avec le corps», il s’agit d’approches «qui écoutent les symptômes corporels, travaillent à partir d’eux, de l’émotion, de certains expérientiels physiques voire de touchers/massages qui vont aider la personne à aller mieux.»
La thérapie par la course à pied: Encore peu pratiquée en Suisse, cette thérapie a lieu pendant une sortie à l’extérieur, dans la nature. «L'exercice est particulièrement important pour la dépression, remarque Magali Volery. Si le thérapeute le propose et que le patient se sent à l'aise de le faire, c'est certainement une bonne option!»
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