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Comment gérer son ex quand on partage des enfants avec
Article du 16 mai 2019, mis à jour le 10 juin 2022.
«Mettre l’ex-conjoint à distance et le considérer d’une façon sereine.» Sur le papier, l’objectif a de quoi inspirer les couples en phase de séparation ou qui tentent de refaire leur vie. C’est le programme proposé par le livre Se libérer de ses ex (Éd. Odile Jacob), coécrit par la journaliste spécialiste des questions de santé, de psychologie et de société, Laurence Ostolaza et le docteur en psychologie et psychanalyste Saverio Tomasella. Au menu, des témoignages et des conseils, pour éviter la casse ou, en tout cas, limiter les dégâts.
Comme le couple, la séparation se construit
Il y a la rupture et la séparation, deux moments dans l’histoire du couple que le psychologue et psychothérapeute Jean Van Hemelrijck invite, dans son livre, La malséparation (Éd. Payotpsy), à bien distinguer pour mieux avancer. Si la rupture est parfois brutale, la séparation peut être envisagée comme un (long) moment à construire à deux, car il faut aussi du temps au couple pour se défaire. Le détricotage est rendu plus ardu encore lorsqu’on y mêle des enfants, tiraillés entre papa et maman.
Première étape, envisager l’autre autrement. «Il faut tourner la page de l’attachement amoureux, du lien conjugal et se tourner vers celle de la parentalité exclusive», commente Laurence Ostolaza. Ce point crucial - et difficile - demande une certaine gymnastique pour être capable d’accueillir l’autre en tant que parent seulement.
Réduire les contacts au minimum organisationnel
«Au début, on s’était dit qu’on essaierait de maintenir des moments à quatre avec les enfants, raconte Nathalie, séparée du père de ses enfants depuis deux ans. Toutefois, très vite, on s’est rendu compte qu’il était impossible de partager même un repas ensemble. Les discussions étaient tendues après dix minutes. Du coup, on se borne à des coups de fil.» Une tactique approuvée par les spécialistes. «L’idéal c’est que ce soit le plus dépassionné possible, en limitant les contacts vocaux et visuels pour privilégier l’organisation et la logistique par l’écrit. Si on voit son ex, c’est épidermiquement plus compliqué», continue Laurence Ostolaza.
Bannir l’affect
Forcément, quand il y a eu des sentiments et une sexualité partagée, cela peut compliquer les relations.
Cela devient même particulièrement important lorsqu’on a du ressentiment ou qu’on s’est libéré d’une relation toxique, explique France Brécard, la psychothérapeute et formatrice en analyse transactionnelle, auteure du livre Se libérer des relations toxiques (Éd. Eyrolles): «Il faut dire ce qu’on a à dire simplement, demander un engagement sur les dates de garde et ne pas trop s’occuper de la façon dont l’ex gère sa relation avec ses enfants. Il convient de ne pas se mettre en compétition pour leur amour, mais accepter qu’ils aiment leur père ou leur mère, même s’il nous a quitté. Pas facile, mais indispensable pour le bien de tout le monde…»
Faire le deuil de ses illusions...
Et donc de son couple, ce qui n’est pas simple avec une progéniture partagée qui nous rappelle tous les jours les liens tissés avec l’ex. Le deuil de la relation serait donc impossible? «La première chose est de ne pas impliquer les enfants dans les histoires des parents. Il est indispensable de les aider à garder une relation positive avec l’autre, même s’il nous a fait souffrir. C’est souvent très difficile, mais ils ne sont pas responsables des problèmes de notre vie conjugale, explique France Brécard.
Parfois, il est nécessaire de se faire aider pour que l’autre devienne juste le père ou la mère de nos enfants et en aucun cas notre ex-relation qui nous a fait du mal. Faire le deuil, c’est lâcher l’illusion que le passé peut revenir et, peut-être, reconnaître aussi sa part de responsabilité dans ce qui s’est produit.»
On ne s’en libère jamais vraiment
Comprendre sa part de responsabilité dans la défaite du couple pour un abandon définitif de la relation à l’autre… et s’en libérer?
Sans aller jusqu’à parler de libération dans la bienveillance, la période chaotique de la séparation peut s’apaiser plus rapidement que ce qu’on croit, selon Saverio Tomasella: «C’est possible, à partir du moment où on lâche prise. L’erreur, c’est de vouloir continuer quelque chose, comme si l’autre était un thérapeute et qu’on lui demandait inconsciemment de nous aider à nous séparer de lui ou d’elle.»
Tout espoir n’est donc pas perdu de considérer l’autre d’une manière sereine et il serait même possible de changer de système pour l’envisager comme un partenaire, explique France Brécard: «Pour cela, il est nécessaire de faire le deuil de la relation telle qu’elle était et du conjoint tel qu’il est. Il s’agit d’accepter l’autre avec ses qualités et ses défauts et de renoncer à ce qu’il change. Nous avons choisi notre ex-conjoint pour ce qu’il représentait pour nous et peut-être n’a-t-il pas été à la hauteur de ce que nous attendions. Toutefois, ce qui est fait est fait. Si nous n’avons plus d’attentes à son égard, alors il devient juste un partenaire, quelqu’un que nous avons bien connu et le père de nos enfants. Rien de plus, rien de moins.»