haut les coeurs!
Comment garder espoir et résilience, face à la 5e vague?
On pensait entrevoir le bout du tunnel... et puis non. La bataille contre le coronavirus se poursuit, entravant projets à long terme et astreignant la vie sociale. L'ombre floue du virus persiste à l'horizon, exigeant une fois de plus que nous nous adaptions à son évolution. Frustration, lassitude et perte d'espoir sont fréquentes, surtout lorsque nos batteries de résilience, mises à rude épreuve depuis mars 2020, sont une fois de plus sollicitées. Plus que jamais, il est important de les recharger un peu chaque jour, afin de tenir bon durant cette cinquième vague qu'on espérait ne jamais devoir compter.
Assaillis de demandes de rendez-vous, les psychologues suisses évoquent un certain flétrissement de l'espoir chez leurs patient-e-s, dans la mesure où le contexte actuel nous demande, encore une fois, une grande résilience mentale: «Cela ne me semble pas lié à la 5e vague en particulier, mais à la durée de la situation, explique Nadia Droz, psychologue FSP. Cette vague symbolise le fait que le Covid-19 n'est pas passager et qu'on ignore si un retour au monde d'avant est possible. Si ce n'est pas le cas, cela implique un processus de deuil. De plus, notre sentiment de sécurité de base, selon lequel "en Suisse nous sommes en sécurité" est entamé.» Il est donc entièrement normal que ces «montagnes russes» ou l'impression de vivre «une journée sans fin» nous démoralisent parfois, surtout lorsque de nouvelles mesures viennent d'être annoncées.
[Nous rappelons qu'en cas de désespoir, d'abattement ou de difficultés au quotidien, il est très important de demander l'aide d'un-e professionnel-le, afin de recevoir du soutien.]
Les jeunes, toujours en souffrance
De même, la situation reste très difficile du côté des jeunes. D'après une enquête réalisée en novembre 2021 par Unisanté Lausanne, au nom d'Unicef Suisse et Liechtenstein, 37% des adolescent-e-s âgé-e-s de 14 à 19 ans souffrent de signes modérés ou sévères d'un trouble anxieux et/ou d'une dépression. Les résultats du questionnaire soulignent également que 47% des sondé-e-s constatent que leur santé mentale a empiré depuis le début de la pandémie. «Des études ont montré qu’actuellement les adolescents ont du mal à garder espoir, puisque les adultes les entourant ne font plus preuve de beaucoup d’optimisme, analyse Adèle Zuffrey, psychologue FSP. Cela les empêche de se réaliser et de se projeter dans l’avenir, puisque le monde adulte semble atterré.»
La nouvelle génération redoute effectivement un futur sombre, et pas seulement en raison de la crise sanitaire. L'experte énumère: «L’optimisme est en berne, notamment après les intempéries de cet été, la montée de l'extrême droite dans plusieurs pays, les catastrophes climatiques touchant dorénavant aussi l’Europe... La perspective est déprimante pour une génération qui ne parvient pas à s’incarner dans l’avenir.»
Quelles solutions, pour garder espoir en l'avenir?
Après ces constats attristants, place aux outils pouvant nous soulager! Lorsqu'on a du mal à croire en un avenir lumineux, les spécialistes conseillent de se focaliser sur notre marge d'action, les éléments sur lesquels nous pouvons avoir un impact. Qu'il s'agisse de petites choses (rendre notre chien heureux en l'emmenant en forêt, cuisiner un bon repas pour notre colocataire, envoyer une carte à notre grand-maman) ou de grandes causes, ce qui est en notre contrôle peut toujours être teinté d'optimisme:
«De plus en plus, nous réalisons que nous pouvons essayer d’avancer, de créer du changement concret par nos propres moyens, poursuit Adèle Zufferey. Nous avons la chance de vivre dans une démocratie et beaucoup de choses évoluent petit à petit grâce aux manifestations, notamment en faveur du climat. Le fait de pouvoir s’investir - sans forcément aller militer tous les weekends - de se positionner, peut nous aider à garder confiance en l’avenir. Nous avons encore la possibilité de donner un coup d’envoi!»
Si cette perspective combattive peut être très salutaire, elle n'est évidemment pas évidente pour tout le monde. Au cas où cela ne vous parlerait pas, la psychologue propose une autre idée: «Quand le positionnement en faveur d’une cause est difficile, il est important de penser, chaque matin, à cinq faits positifs, que ce soit à propos du monde extérieur, de soi, de son travail, de ses proches... Puis, il s’agira de noter ces pensées positives sur un post-it, qu’on collera sur notre miroir, afin de les garder en vue. Cela peut aussi être efficace pour les personnes qui manquent de confiance en elles.» De cette manière, on garde espoir en l'avenir en essayant, même par de minuscules gestes, de retrouver la beauté du présent.
Quels outils pour renforcer notre résilience?
En effet, le fait de s'ancrer dans le présent (ou d'apprendre petit à petit, à en faire une habitude) peut déjà nous soulager.
«Nous ne pouvons qu'augmenter notre présence dans l'instant présent, précise Nadia Droz. Les projets à moyen et long terme que nous considérions comme des ressources sont malheureusement entravés, et nous sommes contraints d'imaginer un futur inconnu, donc moins rassurant. Ou alors, nous pouvons être ici et maintenant!» À cet effet, la psychologue propose un outil simple, destiné à entraîner notre cerveau à la pleine conscience.
«Je propose toujours des exercices de "verre à moitié plein", explique-t-elle. On peut noter, au terme de chaque journée, tout ce qui s'est finalement très bien passé. Ou alors juste sentir qu'ici et maintenant, nous sommes en sécurité.» Nadia Droz rappelle ainsi l'importance des exercices de retour au moment présent et de retour à soi: bien que simples, ils peuvent déjà faire une différence. «En effet, ce qui pose problème ce sont les ruminations sur le futur ou le passé, poursuit-elle. Le regret du passé ou du "monde d'avant" ne nous est pas utile: la vraie question est de savoir comment nous pouvons trouver du plaisir et du ressourcement dans la situation actuelle. Cela réclame un peu de créativité.» Mais c'est possible!
Cependant, il n'est jamais bon de refouler nos sentiments négatifs ou de tomber dans la toxic positivity: «Je vous recommande de valider et de légitimer les sentiments de fatigue, de ras-le-bol, qui sont bien normaux dans notre situation, affirme l'experte. Toutefois, il ne sert à rien de les ruminer.»
Pour briser un cycle de ruminations ou revenir au moment présent, des exercices simples (les plus efficaces le sont souvent) peuvent nous aider. Nous vous recommandons notamment la lecture de notre article sur les manières de dompter notre stress, notre épisode podcast sur la gestion de l'anxiété ou l'article de 2020 concernant les techniques pour booster notre endurance mentale. Potentiellement efficace également: notre épisode de podcast proposant 4 exercices de respiration pour calmer un moment de stress ou d'angoisse.
Nous vous envoyons énormément de bonnes ondes et de courage!