vulgarisateur hors pair
Yuval Noah Harari, le professeur de nos rêves
Il est un peu le professeur que nous aurions tous rêvé d’avoir: passionnant et passionné. Yuval Noah Harari a commencé par nous envoûter avec sa leçon magistrale d’histoire dans Sapiens, une brève histoire de l’humanité, un vaste panorama, de l’âge des cavernes à nos jours, dévoilant l’inéluctabilité de l’expansion à tous crins de l’homme, au détriment des autres espèces et de la nature (ou comment un «singe insignifiant» est devenu maître du monde, selon ses propres termes).
Cet historien/néo-philosophe nous a ensuite définitivement captivés avec Homo Deus, une brève histoire de l’avenir. Il y pose la question de l’après homo sapiens, nous filant au passage des frissons en évoquant l’avènement des intelligences artificielles et des surhommes à venir, avec le risque de laisser du monde sur le banc de touche. Il s’est même improvisé gourou avec son 21 leçons pour le XXIe siècle, lui qui abhorre ce terme. Sa spécialité? Réussir à vulgariser tout sujet qui lui tombe entre les mains. Quitte à ce que certains l’accusent de simplifier à l’extrême. Le futur de la démocratie? les religions? Le terrorisme? La question LGBT? A chaque fois, on reste collé à ses lèvres et on en redemande. Regarder une de ses conférences, comme celle qu’il a donnée à l’EPFL en juillet 2019, c’est mieux que binge-watcher «Game of Thrones».
Coca-Cola et Al-Qaida
Il faut dire qu’il a le don des formules qu’on retient, un peu à la manière du refrain d’un tube qu’on ne peut s’empêcher de chantonner, même quand on essaie de se l’enlever de la tête. En parlant de l’épidémie d’obésité dans le journal allemand «Der Spiegel», il lâche que «pour l’Américain ou l’Européen moyen, Coca-Cola est une plus grande menace qu’Al-Qaida» ou s’évertue à rappeler qu’il ne faut «jamais sous-estimer la stupidité humaine».
Malgré un succès planétaire – les plus puissants du monde, de Bill Gates à Barack Obama en passant par Mark Zuckerberg l’encensent – l’homme reste plutôt discret sur lui-même. Des apparitions distillées avec soin reflètent la simplicité apparente de l’homme, végane et athée revendiqué, qui vit en retrait dans une communauté agricole coopérative avec son mari, en Israël. Il ne mange plus de viande depuis qu’il a découvert les souffrances infligées aux animaux par l’homme et ne croit plus depuis qu’il a découvert les souffrances infligées à l’homme sous prétexte de religion.
OVNI dans ce monde connecté, il pratique la méditation 2 heures par jour (on n’a pas chronométré, mais on le croit sur parole), et il n’a pas de smartphone. Normal, pourrait-on dire, pour un homme qui se montre si circonspect face aux avancées technologiques.
Une timide chérissant le silence
Toutefois, ce succès éditorial n’était pas une évidence pour ce médiéviste et historien militaire à l’Université de Jérusalem. Tout commence pour celui qui est considéré par Le Point comme «le penseur le plus important du monde» quand des élèves demandent un cours général sur l’histoire de l’humanité. Comme aucun prof ne se désigne volontaire, c’est lui qui s’y colle. Et le contenu plaît. A tel point qu’il en fait un MOOC, un cours en ligne, qui va rapidement faire le buzz et accumuler les auditeurs. Ni une ni deux, le livre est la suite logique de cet engouement. Douze millions d’exemplaires vendus plus tard (rien que pour Sapiens!), Yuval Noah Harari est partout, un paradoxe pour ce personnage tendance ascétique, timide à souhait et qui ne chérit rien plus que le silence…
En 3 chiffres
- 1976 Naissance à Haïfa, en Israël.
- 2014 Publication de Sapiens, une brève histoire de l’humanité. La traduction française sort l’année suivante.
- 2018 Il donne une conférence sur le futur de l’humanité lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial, à Davos.
Pourquoi lui?
Parce que, vulgarisateur hors pair, il aborde tous les grands sujets de préoccupation actuels: climat, religion, nouvelles technologies…
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