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J’ai de merveilleux souvenirs de mon enfance, même s’ils sont aussi simples que des fêtes à la maison ou des dîners de famille.» Pour la jolie comédienne Virginie Efira, désarmante de naturel, cette heureuse période a été une rampe de lancement dans l’existence. «J’y ai puisé de la confiance. Je ressentais de la joie. La vie me paraissait pleine de promesses et d’aventures, bien que je n’aie pas grand-chose d’un Tom Sawyer! En réalité, quand j’y repense, c’est fou ce que les enfants sont conformistes. Ils n’aiment pas que les choses changent. Par exemple, on allait toujours en vacances au même endroit, au bord de la mer du Nord. Et j’adorais ça. Pour rien au monde je n’aurais souhaité partir ailleurs.»

Née à Bruxelles le 5 mai 1977, d’une lointaine ascendance juive grecque, Virginie Efira y a vécu jusqu’à 28 ans, poursuivant des études de latin, de maths, de psychologie, de sciences sociales, avant de partir pour Paris. Elle a 18 ans quand son père André, oncologue, et sa mère Carine divorcent. «Ma mère s’est remariée. J’avais déjà un frère, Yorick, il y a ensuite eu Edouard et Eloïse. Très complémentaires, mes parents ont eu une intelligence de séparation qui n’a pas entravé les liens, et qui a renforcé le mien au père.»

Le sport, quelle galère

Chaleureux, démonstratif, André était aussi sévère. «Je passais deux heures par jour à faire mes devoirs. A la maison, il y avait des règles. Avoir de bonnes notes à l’école, débarrasser la table, ranger sa chambre. Je me faisais drôlement engueuler pour le bordel que je laissais. Il fallait aussi faire du sport. Une galère. J’étais nulle dans tous. Chez nous, par ailleurs, les choses se méritaient, elles ne tombaient pas toutes cuites dans la bouche. Vers 15 ans, j’ai travaillé pour partir en vacances. J’ai été entre autres jobs vendeuse et serveuse. Je trouve cela très bien.» Un modèle à appliquer plus tard avec son compagnon Mabrouk El Mechri pour leur petite Ali, 3 ans? «J’ai mon propre code de conduite. Je suis le produit d’une éducation que je reproduis et rejette à la fois.»

De son père, de gauche avec les gens de droite et vice versa («Je suis comme lui!»), elle admire la classe, la droiture, l’absence de prétention, le fait de ne pas être guidé par une envie de pouvoir ou d’argent. «Je baigne rarement dans la satisfaction. Il m’a aussi toujours bassinée avec l’obligation d’être autonome, de m’assumer, de me prendre en charge, de ne pas dépendre des hommes.»

Adolescente, Virginie se préoccupait énormément de fringues et de chaussures, à l’image de ses copines. «J’étais également obsédée par les garçons, affectivement peu stable. Ça l’inquiétait, tout comme mon profond désir d’être actrice. Il n’était pas contre, mais il voulait que je prouve quelque chose avant, avec de petites performances.»

Sa mère était moins autoritaire. «Elle s’est toujours comportée de manière féministe sans le savoir, en agissant librement et très en dehors des conventions. Dotée d’une extraordinaire faculté d’adaptation, elle m’a légué la curiosité, la joie, la tolérance, le goût de la bonne bouffe. Pour elle, le plus important dans notre court passage sur terre, c’est de rire, de danser et de chanter. C’est bien sûr une image pour exprimer son fascinant rapport au plaisir, opposé au principe de réalité paternel.»

Chez les Efira, on parlait sans tabou, mais sans excès. «C’était particulier. Certes, avec ma mère on discutait de tout, mais j’ai remarqué que les conversations à table sont une habitude, sinon une culture, plus française que belge. Pourtant j’aime évoquer des sentiments, des choses intimes quand on est ensemble. On le fait davantage aujourd’hui.

A 19 ans, Virginie Efira joue sa rebelle. «Entendons-nous, j’étais assez loin de Janis Joplin! Mais je suis partie de chez moi et j’ai suivi des chemins aventureux. Je me suis retrouvée un peu en marge, entre une obscure école de théâtre, un boulot dans un bar la nuit et des histoires d’amour spéciales. Je ne m’étalerai pas sur le sujet… En même temps, ma révolte était personnelle, je n’agissais pas contre mes parents. Je voulais juste me perdre, me chercher, me retrouver.»

Etre actrice, son fantasme

Après une carrière d’animatrice à la télévision (dont à la «Nouvelle Star»), elle se lance dans le cinéma, avec un premier grand rôle en 2010 dans «Le siffleur». Depuis elle enchaîne les succès publics. Actuellement à l’affiche d’«Un homme à la hauteur» de Laurent Tirard, elle donne la réplique à Jean Dujardin. Virginie vient aussi de connaître les joies du Festival de Cannes. «C’est superchouette!» On l’a vue dans «Elle» de Paul Verhoeven, sélectionné en compétition, où elle tient un petit rôle. Et surtout dans «Victoria», une réflexion sur la féminité de Justine Triet, qui a ouvert la Semaine de la critique. Et là, elle est de tous les plans.

Bien que forts, ses liens familiaux ne sont pour rien dans son choix professionnel. «J’ai toujours voulu être actrice. Cela m’est venu après avoir vu «Mary Poppins», je crois. Je fantasmais sur le jeu et je trouvais ça formidable. C’est encore le cas. Je ne comprenais même pas qu’on veuille être autre chose. J’organisais des spectacles avec mon frère Yorick, j’imitais Dalida, je signais des autographes dans la cour de récréation. J’avoue que ce désir de m’exposer aux autres m’interpelle. J’estime assez suspect le fait de chercher ainsi des applaudissements.»


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Questions d’enfance

Une odeur d’enfance Le jasmin de la maison que possédait mon grand-père maternel dans le sud de l’Espagne, entre Valence et Alicante.

Un jouet fétiche Mon chien Vévette, une peluche. Le pauvre n’a plus qu’un œil et une oreille, mais il est toujours là.

Un premier amour Serge. A l’école. J’avais 10 ans. Mais la passion s’est éteinte au premier baiser.

Un légume détesté Le poivron, et ce n’est pas près de changer.

Un dessert enchanteur J’étais une vorace, donc j’avalais tout. Avec une préférence pour la crème de marrons.

Une phrase qu’on lui répétait sans cesse et qui l’agaçait «Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui?» Qu’est-ce que c’était pénible de toujours se justifier!

Premières vacances A Le Coq, au bord de la mer du Nord, parce qu’il y avait l’ébauche de l’indépendance.

Un vêtement dont elle était fière Une veste bleu électrique immonde que mon père m’avait offerte pour mes 15 ans.

Un héros préféré «Le Bon Gros Géant» de Roald Dahl. Et Malcolm X.

Virginie dans sa période adolescente un peu rebelle. «J‘ai 16 ans et je fais semblant de fumer.»
Dans les bras de son père André, à 4 ans, dans leur maison de Schaerbeek, à Bruxelles.
A 2 ans avec sa mère Carine, lors d’une fête de famille chez ses grands-parents.


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