ce qu'il ne fallait pas manquer
Oscars 2020: Palmarès et temps forts de la cérémonie
Les temps forts de la cérémonie
La robe de Natalie Portman
Son élégante robe signée Dior n'arborait pas de traîne exubérante, ni de couleurs aveuglantes... et pourtant Natalie Portman a attiré toute l'attention sur le tapis rouge. En effet, l'ensemble parsemé d'or dissimulait un subtil message, adressé directement à l'Académie des Oscars.
Il faut plisser les yeux pour s'en apercevoir, mais les lettres dorées sont bien là: sur la couture de sa cape, l'actrice de 38 ans a fait broder les noms de toutes les réalisatrices injustement snobées par le jury. Car cette année encore, pour la deuxième fois consécutive, aucune femme n'a été nominée dans cette catégorie, restée exclusivement masculine - et Natalie a tenu à ce que ce manque de parité ne passe pas inaperçu.
Des exemples de films réalisés par des femmes, en 2019:
«Little Women», de Greta Gerwig
«The Farewell», de Lulu Wang
«Booksmart», de Olivia Wilde
«A beautiful Day in the Neighborhood», de Marielle Heller (avec Tom Hanks)
«Hustlers», de Lorene Scafaria (avec Jennifer Lopez)
«Honey Boy», de Alma Har'el
La victoire de Renée Zellweger
Couronnée reine de la soirée, Renée s'est emparée de la statuette la plus convoitée de la cérémonie, pour son interprétation de la mythique Judy Garland, dans le film, «Judy». Elle surpasse ainsi la brillante Saoirse Ronan, Scarlett Johansson, Charlize Theron et Cynthia Erivo.
Au moment d'accepter son prix, la comédienne a saisi l'occasion pour remercier sa famille, avant de lancer quelques mots bien sentis destinés à l'actuel Président des Etats-Unis... «Je voudrais remercier tous mes camarades immigrés, qui sont venus dans ce pays pour vivre leur rêve américain, a-t-elle annoncé, avant de brandir le trophée au-dessus de sa tête. Qu'est-ce que vous en dites?» Rappelons que les parents de Renée, d'origine norvégienne et suisse, avaient choisi de s'installer aux Etats-Unis dans les années 60.
Il s'agit du deuxième Oscar pour la talentueuse actrice, qui avait déjà raflé le précieux sésame en 2004, pour son rôle secondaire dans «Retour à Cold Mountain».
L'émotion de Joaquin Phoenix
L'interprète du «Joker» ne semblait pas y croire. Visiblement bouleversé, il s'est frayé un passage hésitant jusqu'à la scène, zigzaguant entre les applaudissements de ses collègues acteurs. Une fois devant le micro, il semble avoir du mal à retenir ses larmes, en prononçant un discours engagé:
«J'ai beaucoup réfléchi aux problèmes les plus alarmants auxquels nous faisons face collectivement, a-t-il déclaré. Je pense que parfois, nous croyons - ou sommes menés à croire - que nous nous battons pour des causes différentes. Mais moi, je vois une cause commune.
Vegan de longue date, Joaquin Phoenix est particulièrement sensible à la cause animale:
«Je pense que nous nous sommes trop déconnectés de la nature, et beaucoup d'entre nous sommes coupables d'une vision très égocentrique du monde, de la croyance que nous sommes au centre de l'univers. Nous allons dans le monde naturel, et nous la pillons de ses ressources. On se donne le droit d'inséminer une vache de façon artificielle, et de voler son bébé quand elle met bas, malgré ses cris d'agonie. Et puis nous prenons son lait, destiné à son veau, et nous le mettons dans notre café et dans nos céréales. Nous craignons l'idée du changement, car nous pensons qu'il nous faudra sacrifier quelque chose...».
«Mais les humains, lorsqu'ils sont au meilleur de leur capacités, sont tellement créatifs, tellement ingénieux... Si nous faisons de l'amour et de la compassion nos principes fondateurs, nous pouvons créer, développer et implémenter des changements qui profiteront à tous les êtres sensibles, ainsi qu'à l'environnement.»
Il conclut en remerciant l'assemblée de lui avoir offert une seconde chance, alors qu'il avoue s'être montré «cruel» et «égoïste» durant sa vie. Puis, incapable de retenir un sanglot, il livre un bel hommage à son frère, River, décédé d'une overdose en 1993.
Le clin d'oeil de Brad Pitt à sa famille
Pour la première fois de sa carrière, Brad tient lui aussi une statuette dorée. Récompensé pour son second rôle dans le renversant «Once Upon a Time... in Hollywood», il a achevé son discours par un message destiné à ses six enfants et ponctué d'un baiser envoyé à la caméra:
L'acteur de 56 ans a également remercié ses parents, le réalisateur Quentin Tarantino, ainsi que son ami Leonardo DiCaprio, une fois de plus snobé par le jury (ainsi que l'exige la tradition). Mais pas de panique: Leo ne semblait pas trop déprimé, au bras de sa petite amie de 22 ans, le mannequin Camila Morrone.
La cérémonie a évidemment présenté de nombreux autres moments émouvants, dont le concert surprise d'Eminem, dix-huit ans après son Oscar pour la bande-originale du film «8 Mile». La reine des Grammy Awards 2020, Billie Eilish, a elle aussi saisi le micro pour une reprise de «Yesterday» des Beatles, sans oublier le poignant hommage rendu au célèbre basketteur Kobe Bryant, décédé dans un accident d'hélicoptère en janvier 2020.
On retient également les larmes d'Elton John, au moment d'être récompensé par l'Oscar de la Meilleure chanson originale pour «(I'm Gonna) Love Me Again», entendue dans «Rocketman».
Une belle dose d'émotions, pour une belle soirée Hollywoodienne. On ose espérer que l'Académie a bien observé la robe de Natalie Portman... et on lui dit à l'année prochaine!
Palmarès complet
Meilleure actrice dans un rôle principal: Renée Zellweger, pour son rôle dans «Judy»
Meilleur acteur dans un rôle principal: Joaquin Phoenix, pour son rôle dans «Joker»
Meilleur film: «Parasite»
Meilleure adaptation: «Jojo Rabbit»
Meilleur réalisateur: Bonj Joon ho pour «Parasite»
Meilleur actrice dans un second rôle: Laura Dern, pour son rôle dans «Marriage Story»
Meilleur acteur dans un second rôle: Brad Pitt, pour son rôle dans «Once Upon a Time... in Hollywood»
Meilleure musique de film: Hildur Guðnadóttir, pour la bande originale du film «Joker»
Meilleurs costumes: Les costumes de Jacqueline Durran pour le film «Little Women»
Meilleurs décors: Barbara Ling et Nancy Haigh, pour le film «Once upon a time... in Hollywood»
Meilleure chanson originale: «(I'm Gonna) Love Me Again, de Elton John et Bernie Taupin, dans le film «Rocketman»
Meilleur court-métrage: «The Neighbor's Window»
Meilleur scénario original: «Parasite»
Meilleur film d'animation: «Toy Story 4»
Meilleur court-métrage d'animation: «Hair Love»
Meilleure photographie: Roger Deakins, pour «1917»
Meilleur montage son: Mark Taylor et Stuart Wilson, pour «1917»
Meilleurs effets spéciaux: Guillaume Rocheron, Greg Butler et Dominic Tuoby, pour «1917»
Meilleurs maquillage et coiffure: Kazu Hiro, Anne Morgan et Vivian Baker, pour «Bombshell»
Meilleur montage: Michael McCusker et Andrew Buckland, pour «Ford V Ferrari»