engagement humanitaire
Marie-Christine Gailloud-Matthieu, chirurgienne sans frontières
On l’attrape à son cabinet lausannois, à peine rentrée du Bangladesh et prête à repartir au Liban, louvoyant entre les contraintes liées à la pandémie. Un vrai tempérament de Bélier, qui fonce avant de – trop – réfléchir, et saute par-dessus les obstacles. Rebelle? «Oui, sans doute, par exemple je me parque souvent n’importe où», rigole Marie-Christine Gailloud-Matthieu.
La chirurgienne redevient sérieuse quand il s’agit d’évoquer son lien avec l’ONG Reconstructing Women International. Chaque année, elle se rend une dizaine de jours au Bangladesh, dans des régions reculées et extrêmement pauvres, pour opérer des femmes et des enfants gravement brûlés ou estropiés. «C’est très intense, au début, on travaille de 8 heures à minuit pour effectuer un maximum d’interventions et assurer le suivi sur quelques jours, pour vérifier s’il n’y a pas d’infections ou si les greffes de peau prennent.» Le groupe de femmes médecins venues de tous pays se retrouvent alors bien loin de leur zone de confort, dans un bateau-hôpital qui remonte le fleuve Brahmapoutre, à 14 heures de voyage de la capitale Dhaka, en hydravion, canot à moteur et minibus.
Motivée par le plaisir
Ne lui dites pas que ce qu’elle fait est incroyable, l’engagement humanitaire est naturel pour la quinqua: «Cela me paraît logique, quand on fait ce métier, de donner à celles et ceux qui n’ont rien, nous sommes tellement privilégiés. On le fait sur notre temps libre, sur nos vacances, mais cela reste un plaisir.» La docteure Gailloud-Matthieu multiplie d’ailleurs les initiatives personnelles ici et ailleurs, avec ses moyens, comme lors d’un récent voyage au Liban.
Alertée par les conditions dans lesquelles intervenaient les chirurgiens après l’explosion d’un camion-citerne qui avait fait de nombreuses victimes dans le nord du pays, Marie-Christine s’est débrouillée pour lever des fonds et amener des kilos d’anesthésiant dans ses valises. Lors de son prochain séjour, elle apportera des ordinateurs destinés à des élèves infirmières. «N’importe qui peut faire ça, ce sont des petites choses qui ont un impact énorme.»
Férue d’art contemporain
La Lausannoise se démène aussi pour aider les personnes en difficultés ici, sans-abri ou migrants du collectif Jean Dutoit. Sans renier son côté glamour, son amour des belles choses, œuvres d’art ou chaussures. Le monde de l’art contemporain la côtoie d’ailleurs grâce aux vernissages qu’elle organise dans les murs de son cabinet, pour mettre en avant des jeunes artistes, toujours pour le plaisir. Elle est également l’initiatrice de l’exposition caritative Des seins à desseins, qui se tient tous les 5 ans, depuis 2006, en octobre (la dernière en 2020 à l’Espace Arlaud). Cet événement culturel finance la Fondation Francine Delacrétaz, qui a été créée en hommage à son amie emportée par le cancer du sein à 39 ans. L’une des rares structures romandes qui soutient les femmes touchées par cette maladie. Car cela reste le cœur de son travail: la chirurgie plastique reconstructrice après un cancer du sein, ainsi que la chirurgie esthétique.
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