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L'édito de Sonia Arnal: Mère + carrière = culpabilité

L’édito de Sonia Arnal: Mes nuits fauves… (merci mon chat!)

Bref, j’ai manqué mon premier jour. C’est moche et même si, en l’occurrence, personne ne m’en a tenu rigueur (sauf moi), c’est le genre d’expérience qui vous fait fortement penser qu’avoir des enfants peut nuire à votre carrière.

© Ludovic Andral

Elles ont peur que ça nuise à leur carrière. Ben si j’en crois mon expérience, elles ont raison. Une enquête de l’Office fédéral de la statistique sur les familles et les générations révèle que les trois quarts des femmes possédant un diplôme universitaire craignent qu’avoir un enfant ne prétérite leur vie professionnelle.

Petite anecdote personnelle: il y a fort, fort longtemps, je devais me présenter à mon premier jour de travail dans le journal qui venait de m’engager pour un stage de journalisme. J’emmène ma fille de 3 ans et demi à la petite école pré-enfantine privée que j’avais dégotée (la crèche, en 1999, tu y inscrivais ton enfant le jour où tu arrêtais de prendre la pilule et tu avais une place pour ses 14 ans, en gros). Dans le bus, elle vomit. J’essaie le déni, me dis que ça va passer, hein, mais non. La porte de l’école à peine franchie, rebelote.

Les mères qui travaillent le savent, on ne peut pas laisser un enfant malade au milieu des autres. Ça fait sens, mais ça ne fait pas trop le bonheur des parents.

J’appelle donc le père pour lui demander de s’occuper de sa fille (vous connaissez la chanson, quand elle est malade, c’est sa fille, le jour où elle réussit brillamment son master, c’est la mienne). Celui-ci répond que ça ne va pas être possible, il a un rendez-vous important. Alors que moi pas du tout, n’est-ce pas.

Bref, j’ai manqué mon premier jour. C’est moche et même si, en l’occurrence, personne ne m’en a tenu rigueur (sauf moi), c’est le genre d’expérience qui vous fait fortement penser qu’avoir des enfants peut nuire à votre carrière.

Happy end

D’autant plus que ça n’a guère changé. Autour de moi, au travail, c’est, à la louche, 90% du temps les mères qui tiennent la bassine plutôt que de venir au bureau. C’est fou comme les rendez-vous de ces messieurs continuent à être plus importants que ceux de la mère de leurs enfants. Mais bon, il y a des choses qui changent. En 1994-1995, 60% des hommes étaient d’accord avec l’assertion: «Un enfant en âge scolaire souffre si sa mère travaille», alors qu’ils ne sont plus que 35,8% aujourd’hui. Bonjour la culpabilisation.

Pour déculpabiliser toutes celles qui, comme moi, ont torturé la chair de leur chair en allant bosser, une autre anecdote: mon fils vient de rentrer d’un séjour aux USA durant lequel il a logé chez un couple de personnes âgées. Connie, 80 ans bien sonnés, lui a écrit dans un mail: «Dis à ta mère qu’elle fait un sacré bon boulot en t’élevant.» Apparemment, certains enfants ne survivent pas trop mal à la carrière de leur mère.

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