L'édito
L'édito de Sonia Arnal: Le Fashion jargon
Comment pimper votre look grâce à la chemise blanche, ce basique de notre dressing? Eh bien on la porte oversize. D’ailleurs cette pièce sera dans tous vos e-shops cet automne – à moins que vous ne préfériez bien sûr chiner du vintage. Autre option pour twister votre tenue back to work, l’assortir d’un it-bag, ou utiliser des tricks comme le layering. Deux tendances en un seul outfit, qui dit mieux? Si vous voulez la jouer plus sexy, vous pouvez miser sur la maxi dress, ou, mieux encore, la slip dress. Mais attention au total look: là il faut casser les codes en optant pour des shoes qui tranchent, par exemple des bottes de cow-boy. Ce peut être une bonne excuse aussi pour shopper de nouvelles baskets pour cette rentrée. Pour les fashionistas qui veulent un style aiguisé, l’option la plus fun reste de customiser leurs vêtements.
C’est là que j’ai craqué et que j’ai refermé le magazine. Comme tout le monde, je m’habille le matin; comme tout le monde, j’essaie d’éviter de ressembler à un sac, surtout les jours où je travaille; et un peu plus que tout le monde (je suis payée pour…) je lis les pages mode de la presse féminine pour savoir ce qui va être/est/n’est plus à la mode, selon des critères qui, je vous l’avoue, m’échappent un peu.
Toutefois, ce qui ne m’échappe pas, c’est l’omniprésence des anglicismes et des concepts creux pour décrire des choses assez basiques et pas franchement très créatives.
De la mode au structuralisme
Forcément, quand on traduit ce jargon par: «Achetez votre chemise blanche deux tailles trop grandes pour être à la mode cet automne, d’ailleurs, cet article sera omniprésent sur tous les sites de vente en ligne», forcément, on se rend compte que c’est assez plat.
Finalement, ça me fait penser au structuralisme appliqué à l’analyse de texte tel qu’on nous l’enseignait à l’uni: tous ces concepts d’une complexité et d’une vacuité totales érigés en système pour essayer d’habiller une pensée indigente. Bon, je vous laisse, je dois «adopter un réflexe mode mi-saison» – m’acheter une veste d’automne, donc.