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L'édito de Sonia Arnal: Faire semblant

Arnal Sonia Edito 20

Marie Kondo à côté de moi, c’est une novice, une joueuse de petite ligue.

© Ludovic Andral

Dans un sursaut d’hygiénisme dont je suis, il faut bien l’avouer, assez coutumière, je me suis mis l’autre jour en tête de ranger mon armoire à noix du brésil, noix de pécan, amandes et autres graines de tournesol. Oui, j’ai une étagère rien que pour les fruits secs et les petites graines, c’est comme ça, ne soyez pas à ce point dans le jugement. Vous avez bien un bac juste pour les légumes dans votre frigo, est-ce que je critique?

Donc, je sors tout et j’étale devant moi pour avoir une vision globale et conceptualiser la façon dont je vais remettre tout ça dans le placard – par taille, couleur, ordre alphabétique? Marie Kondo à côté de moi, c’est une novice, une joueuse de petite ligue. Jusque-là je maîtrise, mais il y a un obstacle sur lequel bute irrémédiablement mon sens de l’ordre: mes sachets béent.

Coups de bluff

Car il y a menterie dans le monde de la grande distribution. Tous les emballages, du fruit sec au parmesan en passant par les cornettes, sont pourvus d’une petite languette prétendument autocollante. Mais nous ne sommes pas dupes: elles sont purement décoratives. Un type quelque part a dû soulager sa mauvaise conscience (il se sentait sans doute coupable en visualisant mes pignons s’écoulant un à un hors de leur paquet, ou mes farfalles ruisselant jusqu’au sol et s’étalant dans ma cuisine) en inventant ce scotch parfaitement inutile. Qui parmi vous a réussi à fermer hermétiquement un paquet avec ça plus de deux secondes? Personne, nous sommes d’accord.

On pourrait simplement y renoncer, ça éviterait des frustrations aux consommateurs et ça ferait du plastique en moins dans l’estomac des oiseaux/biches/renards.

Maintenant que #noussachons, il faut trouver des solutions alternatives. Perso, j’ai la pince à linge (je roule les bords de l’emballage et je pince) ou, bien sûr, le contenant hermétique, comme ils disent (un bocal avec un couvercle, donc). Si vous avez d’autres options, ça m’intéresse.

Aussi pour déballer les fromages conditionnés en cubes individuels, ceux qu’un petit fil rouge est supposé nous aider à ouvrir. Parce que là aussi nous sommes victimes du complot qui vise à nous faire croire que c’est nous l’incapable, alors que non, c’est leur machin qui ne marche pas. Ce qui me fascine, dans ces coups de bluff, c’est leur longévité: faire semblant d’avoir résolu le problème suffit, apparemment. Peut-être que c’est un principe dont je pourrais m’inspirer pour mes placards…


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