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Piqûres en soirées

L’édito de Géraldine Savary: «T’es piquée ou pas?»

Geraldine savary edito poésie ode aux alexandrins

«Aujourd’hui, nous avons non seulement à les protéger d’éventuels agresseurs, mais aussi de notre ignorance collective.» - Géraldine Savary

© ANOUSH ABRAR

Généralement, une séance de rédaction commence de cette manière-là: la rédactrice en chef s’adresse aux journalistes en disant: «Quels sujets voulez-vous qu’on traite cette semaine?» Ce jour-là, notre collègue Laurène Ischi souhaitait évoquer une question qui préoccupe beaucoup les moins de 35 ans (mais les personnes non concernées peuvent bien sûr continuer à lire cet édito; nous construisons une société où les générations se parlent et tentent de se comprendre).

La question de Laurène donc tournait autour du fait de savoir si, comme le dénoncent les réseaux sociaux, il y a actuellement des agresseurs munis de seringues qui écument les manifestations nocturnes, des bals de fin d’année aux boîtes de nuit en passant par le Luna Park, pour piquer les gens avec des seringues, sur les jambes, les bras, les fesses, semant la panique auprès du public et mettant les organisateurs au défi de s’en prémunir. Personne ne sait ce qui coule dans ces seringues, GHB, autre drogue, ou alors rien du tout si ce n’est l’intention de nuire.

Rumeurs, preuves et réseaux sociaux

Dans une séance d'un autre média, des journalistes ont rétorqué: «Mais ce ne sont que des rumeurs, à mon époque déjà, on racontait que des femmes étaient enlevées dans les cabines d’essayage des magasins pour être envoyées dans les harems de princes arabes. On procède à la même paranoïa collective!» D’autres ont rajouté: «Il n’y a aucune preuve, ni dans le sang des prétendues victimes ni auprès des experts régulièrement consultés.» Un dernier enfin, qui privilégie la qualité des enquêtes sur les stories Instagram, regrette: «ce sont les réseaux sociaux qui amplifient le phénomène».

Cette affaire de seringues dans les clubs, auparavant de GHB dans les verres, échappe comme rarement à la recherche de la vérité. D’un côté, vous avez, dans le monde entier (celui qui n’a ni faim ni guerre) des jeunes personnes qui racontent leur désarroi psychique et leur malaise physique au sortir d’une soirée, qui montrent des hématomes autour de ce qui ressemble à une piqûre, qui se rendent à l’hôpital, portent plainte et s’angoissent légitimement à l’idée qu’une aiguille d’origine inconnue se soit enfoncée dans leur peau à leur insu; de l’autre, des scientifiques qui se creusent la tête à chercher des réponses, des policiers qui enquêtent et ne repèrent (presque) rien et des organisateurs de manifestations impuissants à balayer les craintes et à prévenir les agressions.

C’est bien le plus grave dans cette histoire: ne posséder aucune information réellement étayée qui permettrait de faire confiance aux paroles des potentielles victimes. Aujourd’hui, nous avons non seulement à les protéger d’éventuels agresseurs, mais aussi de notre ignorance collective. Femina fait donc le point dans l'article Suisse romande: le flou autour des piqûres en soirée. Parfois, les vrais sujets n’ont pas toutes les réponses.


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