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L'édito de Géraldine Savary: «Nos mères devraient-elles travailler plus longtemps?»

Géraldine Savary rédactrice en chef Femina éditorial

«Nos mères sont souvent de mauvaise humeur, impatientes, on leur dit «tu n’as pas d’humour».» – Géraldine Savary

© ANOUSH ABRAR

Nos mères se lèvent tôt, préparent le petit-déjeuner, réveillent les enfants, leur disent «dépêche-toi mon chéri». Elles les emmènent à l’école avant de partir s’enfiler dans la circulation ou dans un bus bondé. Elles arrivent au travail et déjà sont au bout de leur vie. À midi, elles rentrent vite et préparent une assiette «viande-légumes-féculents» pour que les enfants puissent repartir à l’école bourrés de protéines et de vitamine D.

Dans les villages de nos mères, il n’y a pas de garderies, ou alors très peu.

En fin de journée, elles courent avant la nuit, improvisent le souper avec des trucs du frigo, pain, fromage, dans les bons jours un gâteau, aident pour les devoirs, le français, ça va, les mathématiques, elles n’y comprennent plus rien. Puis elles rangent la cuisine pendant que les pères racontent les histoires du soir.

Le samedi, elles font les courses, passent de longues heures au téléphone à s’enquérir de la santé de leurs parents, parfois leur rendent visite et en profitent pour enlever la poussière sur les meubles. Le dimanche, elles poussent tout le monde à la promenade en famille et le soir, elles préparent des barquettes pour la semaine. Les robots ménagers aboient, les enfants et le père qui regardent la télé disent «tu ne pourrais pas faire un peu moins de bruit?».

Vivement la retraite

Certaines de nos mères travaillent à temps partiel. Elles ont arrêté quelques années après les naissances, puis ont repris une activité professionnelle.

Elles reçoivent un petit salaire, forcément elles ont accumulé du retard pendant que leurs collègues fonçaient, ventre à terre, vers les postes les mieux rémunérés.

D’autres bossent comme des dingues, s’accrochent à leurs ambitions, mais c’est pareil, elles sont moins bien payées que les hommes. En tous les cas, nos mères n’ont pas tellement le temps de lire un livre, de faire de la gymnastique, d’anticiper le niveau misérable de leur 2e pilier.

Nos mères sont souvent de mauvaise humeur, impatientes, on leur dit «tu n’as pas d’humour». Elles aimeraient bien être cool, plus douces, montrer l’amour qu’elles portent à leurs proches, le faire comme une déesse, mais leur cerveau virevolte en permanence. Elles se voient parfois entre copines, elles bavardent de tout, pas beaucoup de leurs rêves; elles ont de la peine à lâcher prise. Elles se disent: «Je commence à fatiguer, vivement la retraite.»

Le 25 septembre 2022, on devrait vraiment leur répondre: «Hé maman, va travailler encore un an»?


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