Actualité politique
L'édito de Géraldine Savary: «Chante les libertés, parlement»
Jamais le parlement suisse n’a été aussi féminin que durant cette législature. Depuis 2019, 42% de femmes siègent au Conseil national, 25% au Conseil des États. Cette poussée violette n’est pas due au hasard, ni au fait que soudain des politiciens auraient obligeamment cédé leur place, mais bien parce que la société civile s’est mobilisée. En 2019, la jeune génération a fait entendre sa voix; les thématiques de l’égalité entre hommes et femmes, le respect de l’identité et de l’intégrité physique ont fait irruption dans le débat politique, le chant des libertés individuelles s’est mis à résonner dans les programmes partisans. Ce n’est pas faire offense aux femmes de dire que parmi les suffrages qu’elles ont récoltés, une partie est due à la volonté de corriger leur proportion injustement minoritaire au parlement. Il y a plus de femmes parce que le peuple a voulu plus de femmes. Le parlement, tous genres et partis confondus, devrait avoir compris le message.
Deux ans plus tard, quel bilan? La plus forte présence des femmes au Conseil national et au Conseil des États a-t-elle changé l’ordre établi? Disons que la manière de débattre s’est infléchie. Moins de rodomontades et de postures de général en chef des batailles. Les figures et les parcours qui s’imposent dans le champ politique sont enfin plus diversifiés. Du point de vue législatif par contre, difficile de compter les avancées. Les écarts de rémunération ont diminué à la suite de l’introduction de la nouvelle loi sur l’égalité salariale, mais postes, fonctions et temps de travail restent très genrés.
Sensation d'enlisement
Aucune solution de compromis n’a été trouvée concernant l’âge de la retraite des femmes, – le référendum est annoncé – , l’imposition individuelle végète entre commissions et administration. La révision du Code pénal autour de la notion du consentement semble enlisée. La question de l’égalité entre les genres a touché les opinions publiques, animé les discussions, des femmes percent des bastions masculins, mais l’arsenal législatif semble insensible au changement, comme s’il y avait un hiatus entre ce qui se dit, se discute, et ce qui se légifère.
De ce point de vue-là, le bouquet d’initiatives déposé lors de la session parlementaire qui vient de s’achever réveille l’espoir. Des parlementaires du Centre, du PLR et de la gauche s’organisent contre les violences faites aux femmes, ce qui semble une évidence à dire mais moins à combattre par la loi. À mi-législature, il est temps.
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