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Le coût de la virilité? 100 milliards d’euros par an
Par an, la France économiserait 95,2 milliards d’euros si les hommes se comportaient comme des femmes. C’est le constat que fait l’historienne Lucile Peytavin dans son dernier ouvrage, Le Coût de la virilité (Ed. Anne Carrière). La chercheuse s’est intéressée à ce phénomène en tombant sur le pourcentage d’hommes dans la population carcérale française: 96%. «J’ai alors ouvert les yeux, explique-t-elle à Cheek Magazine. Les hommes sont responsables de l’immense majorité des faits de violence, de délinquance, de criminalité ou encore de comportements à risque dans notre société. Derrière ces comportements, il y a des services de police, parfois des enquêtes, des frais de justice, des victimes, peut-être des vies brisées…»
Un chiffre pour faire bouger les mentalités
Lucile Peytavin cite plusieurs pourcentages pour étayer son point de vue: 99% des auteurs de viol sont des hommes, 86% des meurtriers et 85% de vols avec violence également. Le coût de ces comportements à risque est exorbitant, puisqu’il comprend à la fois des coûts directs pour l’Etat (forces de l’ordre, justice, santé) mais également un coût indirect supporté par toute la société. L’historienne a calculé ce dernier en se basant notamment sur les souffrances physiques et morales des victimes qui induisent une perte de productivité.
Comme le souligne la chercheuse, le chiffre de 100 milliards d’euros est colossal: «il est équivalent au déficit annuel du budget général de la France. Si l’on économisait ce coût de la virilité, le budget serait à l’équilibre. Pour donner un autre ordre de grandeur, on estime que 7 milliards d’euros sont nécessaires pour éradiquer la grande pauvreté en France, et que la dette de l’hôpital public est de 30 milliards.» Elle souligne également les bienfaits qu’engendrerait un changement des comportements masculins: les femmes n’auraient plus peur de marcher seules dans la rue, de se faire agresser.
Une raison de plus de déconstruire les schémas, et de donner une éducation non-genrée à nos fils, exempte de valeurs viriles. Car non, les hommes ne sont pas violents par nature. Et comme le rappelle Lucile Peytavin dans les colonnes de Cheek, «les hommes sont eux aussi victimes de cette éducation virile. Je pense à tous ceux qui ne répondent pas aux injonctions, qui sont rejetés mais aussi à ceux qui y répondent en se mettant en danger pour se prouver qu’ils sont forts. Pour ne citer qu’un chiffre, les hommes ont trois fois plus de risque de mourir d’une cause évitable avant 65 ans que les femmes.»