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Le canton de Genève propose des cours «sport-minceur» réservés aux jeunes filles
«Sport-minceur-Filles»: chaque terme dérange dans cet intitulé, malheureuse combinaison de trois termes des plus délicats dans la société actuelle. Et voilà une décennie qu'il figure dans la liste d'activités extrascolaires proposés aux élèves genevois. Destinées exclusivement aux adolescentes âgées de 12 à 16 ans, ces leçons d'aérobic sont données le mercredi après-midi et visent à diminuer le surpoids chez ces jeunes femmes, en aidant les participantes à améliorer leur forme physique.
Interpellés par ce choix de vocabulaire, certains parents n'ont pas tardé à exprimer leur mécontentement, soulignant par ailleurs qu'aucun cours semblable n'est proposé aux garçons: ces derniers sont pourtant tout aussi concernés que les filles lorsqu'il s'agit d'obésité. Interrogé par le journal «Le Temps», Pierre-Antoine Preti, responsable communication au Département de l’instruction publique résume ainsi la visée globale de l'activité concernée:
Ainsi, les autorités songeraient à supprimer le mot «minceur», infiniment problématique actuellement, tandis que le «skinny shaming» et les «diktats» physiques se trouvent de plus en plus honnis par l'opinion publique.
Et les garçons, alors?
Au-delà de la question de l'intitulé du cours et de la maladresse des termes choisis, un problème majeur subsiste: pendant que les garçons se dépenseront en tapant dans un ballon, en apprenant le judo ou en tirant à l'arc, se contentera-t-on à conseiller aux filles de pratiquer la cardio ou la musculation? Un cours de «minceur» semble associer l'exercice physique féminin à l'entretien de la silhouette, davantage qu'au plaisir et au bien-être.
Par ailleurs, l'absence d'une alternative équivalente pour les élèves masculins suggère que l'exigence de minceur ne s'applique qu'aux femmes.
Cette explication suffira-t-elle? Probablement pas. Les jeunes garçons qui souhaitent bénéficier d'une leçon d'aérobic semblable, destinée à les aider à brûler des graisses, doivent donc se contenter des cours mixtes, ouverts à tous. N'ont-ils donc pas besoin d'être protégés du regard du sexe opposé, eux? Le problème est délicat, puisqu'il touche à la fois aux diverses stigmatisations dont le corps féminin tente activement de se défaire, et à la question de l'égalité homme-femme. Deux points infiniment sensibles (et pour cause!).
Morale de l'histoire: en 2017, il convient de prendre garde à l'emploi des expressions «minceur» et «réservé à...»: car ce genre de restriction aura toujours plus de mal à passer inaperçu.
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