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Infections sexuellement transmissibles: l’été de tous les dangers?
Summer of sex. En Angleterre comme aux Etats-Unis, on a déjà trouvé la formule pour nous prédire un été 2021 très hot. La raison? Le déconfinement, pardi. Et le besoin de changer d’air, de revoir du monde, de découvrir - enfin - de nouveaux corps. Un été du sexe, donc, qui pourrait selon certains observateurs entraîner une nouvelle forme d’épidémie. Car depuis plusieurs années, en Suisse comme dans le reste de l’Europe et de l’Amérique du nord, les infections sexuellement transmissibles (IST) sont en constante augmentation. Et ce grand défoulement annoncé ne va pas atténuer cette courbe ascendante.
Mais la bonne nouvelle, d’abord: après une légère hausse du VIH en Suisse au début des années 2000, le nombre de cas déclarés s’est stabilisé, puis a commencé à diminuer depuis maintenant deux ans. Revers: les IST bactériennes - chlamydia en tête, mais aussi gonorrhée et syphilis - déclarées auprès de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) sont en hausse depuis 20 ans. Et ce surtout chez les jeunes.
La faute à Tinder&Co
Cette augmentation du nombre de cas s’explique par de nombreux facteurs. Les techniques de dépistage, déjà, plus efficaces et plus nombreux, sont l'une d'entre eux. Mais elles sont loin d’être suffisantes. Il y a déjà, comme le souligne Florent Jouinot, coordinateur romand de l’Aide suisse contre le sida, «une évolution dans les comportements sexuels, avec une augmentation du nombre de partenaires et une diversification des pratiques sexuelles». Les apps de rencontres permettent la multiplication des partenaires d’une part, et des pratiques comme le sexe oral ou anal se sont démocratisées, augmentant parallèlement les risques d’infections d’autre part.
C’est un fait: aujourd’hui, le VIH fait moins peur. Peut-être parce que les campagnes de prévention sont moins percutantes qu’avant. Et parce que les traitements thérapeutiques existent. Et si la fameuse PreP, la propyhlaxie pré-exposition, protège effectivement du VIH tout autant que le préservatif, elle n’a par contre aucun effet sur les autres IST…
En outre, la tendance à la hausse ne se limite pas à la Suisse, loin de là. L’agence fédérale de santé américaine (la CDC) vient de signaler une augmentation spectaculaire des IST depuis 2015. Au total, l’OFSP américaine dénombre 2,5 millions de cas de chlamydia, de gonorrhée et de syphilis. Et la crise du Covid a freiné drastiquement leur dépistage. Or, qui dit moins de dépistages dit davantage de personnes infectées sans forcément le savoir, qui vont donc transmettre la maladie plus loin. Le directeur par interim de la division IST de la CDC l’a souligné dans un communiqué publié ce printemps: «Il y a moins de vingt ans, le taux de gonorrhée aux États-Unis était à des niveaux historiquement bas, la syphilis était pratiquement éliminée et les progrès dans le diagnostic des chlamydioses ont facilité la détection des infections [...]. Ces progrès se sont effondrés depuis.»
Gare à la super-gonorrhée
En Grande-Bretagne, on a carrément vu apparaître une super gonorrhée, une «première mondiale» selon l’OMS, résistante aux traitements classiques. C’est un jeune touriste britannique qui l’aurait ramenée d’un séjour en Asie du sud-est.
Mais pourquoi, au fait, se soucier de ces IST, en sachant que la majorité des cas sont asymptomatiques? «Toute IST non diagnostiquée et donc non-traitée peut entraîner des dommages sur la santé», rappelle Florent Jouinot. Les chlamydias semblent par exemple être la principale cause de stérilité chez les femmes ainsi que de grossesses extra-utérines. «Par ailleurs, avec le temps, les IST peuvent également entraîner l’apparition de douleurs chroniques et conduire à des dommages sur les organes.» Sans oublier qu’avoir une IST augmente le risque de contracter le VIH si on y est exposé.
L’Aide suisse contre le sida travaille d’ailleurs à une nouvelle version de sa campagne Get Tested, afin de sensibiliser la population à se faire dépister. Parce que non, en fait, les IST, ce n’est pas toujours chez les autres.
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