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Droit à l'IVG menacé aux États-Unis: la sentence de l'Oklahoma

Droit a livg menace aux etats unis la sentence de loklahoma

Des militant-e-s se rassemblent devant la Cour suprême des États-Unis à Washington, D.C., le 3 mai 2022, après la fuite d'un projet de loi sur le démantèlement de l'arrêt Roe v. Wade qui rend légal l'avortement dans le pays.

© GETTY IMAGES/YASIN OZTURK/AGENCE ANADOLU

La fuite d’une ébauche de projet de la Cour Suprême américaine qui abrogerait l’arrêt Roe v. Wade (loi historique ayant permis de légaliser l'avortement au nom du droit à la vie privée, en 1973), authentifiée par la Cour elle-même, et révélée par le média Politico le 2 mai 2022, a l’effet d’une bombe. Depuis, le coup éditorial devient une affaire médiatique et politique, avec une résonance internationale pour les droits des femmes.

À quoi pourrait ressembler une Amérique post annulation de Roe v. Wade? Selon Le Monde, à un pays divisé qui ferait un bond en arrière de 50 ans, où la moitié des États pourraient rendre l’IVG illégal, dans un futur très proche. Un scénario dystopique à la Margaret Atwood. Mais ce n’est pas tout: comme l’expliquait Roger Cohen, éditorialiste du New York Times et du Herald Tribune sur France Inter le 3 mai 2022, Roe v. Wade rend l’avortement légal au nom de la la vie privée: son abrogation serait ainsi susceptible de rendre potentiellement illégaux d’autres droits humains touchant à la sphère du privé, tels que le mariage des personnes du même sexe, et d’autres dérives sociétales, qu'on n’ose pas encore lister.

L’Oklahoma n’attend pas

Sans se préoccuper de la position définitive de la Cour Suprême - qui doit être décrétée d'ici au 30 juin 2022 - le gouverneur de l'Oklahoma, Kevin Stitt, a signé, le mardi 3 mai 2022, une loi interdisant aux femmes de son État d'avorter après six semaines de grossesse. Cette décision rend ainsi illégale la quasi-totalité des interruptions volontaires de grossesse. L’arrêté autorise, cela dit, des exceptions médicales nécessitant l'accès à l’IVG, mais pas en cas de viol ou d'inceste.

«Je représente la totalité des quatre millions d'habitants de l'Oklahoma qui, de manière écrasante, veulent protéger les enfants à naître», a partagé sur Twitter Kevin Stitt en proclamant le texte voté par le parlement de l'État le 28 avril 2022. Je veux que l'Oklahoma devienne l'État le plus pro-vie dans le pays.»

Toutefois, les rétrogressions sur le droit à l’avortement dans certains États ne datent pas d’hier, comme l’explique le très fouillé documentaire Roe v. Wade: La véritable histoire de l'avortement, disponible sur Netflix. Preuve par le Texas qui a voté une loi en septembre 2021 interdisant tout avortement à partir de quatre semaines de grossesse, soit le moment où un battement de cœur de l'embryon est visible à l'échographie. Depuis des mois déjà, des milliers de Texanes souhaitant avorter, se rendait ainsi dans leur État voisin L'Oklahoma. Désormais, elles devront se tourner, à nouveau, vers un autre État.

De son côté, le président Joe Biden à rappelé son soutien au droit à l'IVG, invitant les Américains à «choisir des candidats» favorables au droit à l'avortement lors des élections législatives de l'automne. «Le projet [de la Cour suprême] remet en question le droit fondamental à la vie privée - le droit de faire des choix personnels concernant le mariage, le fait d'avoir ou non des enfants, et la manière de les élever», a-t-il partagé dans un tweet le 3 mai 2022.

Front de défense du droit à l’avortement

Depuis les révélations de Politico, les manifestations se sont multipliées dans tout le pays. De Washington, en passant par New York, Boston, Los Angeles ou Seattle, des milliers d’activistes pro-choice (en faveur de l’IVG), ont crié leur refus d’un possible retour en arrière sur des droits des femmes acquis il y a un demi-siècle.

Ainsi que l'explique le documentaire Roe v. Wade: La véritable histoire de l'avortement, le camp américain des pro-life n’a jamais abandonné son combat anti-IVG depuis les années 60. Le long-métrage analyse également que la propagation des lois restrictives autour de l’avortement amènent davantage de précarité: en effet, les femmes devant ou voulant avorter sont ainsi confrontées à de nombreuses difficultés telles que l'éloignement géographique des cliniques pratiquant légalement l’IVG, la rareté croissante de celles-ci, la hausse du prix des opérations, les difficultés à obtenir des soins, etc.

En outre, ces lois avaient été pour ainsi dire encouragées par Donald Trump. Pendant son mandat, et aidé des sénateurs de son parti, l’ex-président républicain a nommé à la Cour suprême trois juges connus pour leurs positions anti-avortement, dont Amy Coney Barrett, élevant à six juges sur neuf la majorité conservatrice de l'instance.

D'après une étude, le taux d'interruptions volontaires de grossesses aux Etats-Unis a atteint en 2017 son plus bas niveau (13,5 procédures pour 1000 femmes en âge de procréer), depuis la légalisation, en 1973, de l'avortement dans tout le pays. En Suisse, selon l'OFS, la proportion d'IVG est de 6,8 pour 1000 femmes (15-44 ans) en 2020.


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