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Cette candidature féminine au Conseil fédéral, quand même, ça m’a laissée pantoise. Pas qu’une femme se présente, évidemment: dans mes meilleurs jours, j’imagine des centaines de têtes blondes de petites filles demandant à leurs parents: «C’est qui la dame? Elle fait quoi? Pourquoi on la voit à la télé?» Et dans la foulée, paf! J’en vois cinquante qui répondent, quand on leur demande ce qu’elles voudront faire plus tard: «Présidente de la Confédération.»

Les crèches une histoire de femmes

Non, ce qui me laisse un peu dubitative, ce sont évidemment les questions qu’on lui a posées – c’est fou comme ces Messieurs se soucient tout d’un coup des difficultés des mères à trouver des moyens de garde pour leurs enfants, tendance «Mon Dieu mais c’est si difficile, avez-vous vraiment une chance de vous en tirer ma pauvre petite?». Il y a deux mois à peine, les crèches, les mamans de jour, tout ça, c’était pourtant à leurs yeux une affaire strictement privée, aux mains des familles, dans laquelle la politique n’avait pas à s’immiscer. Et, tout d’un coup, ça devient une affaire d’Etat. Bref.

C’est fou comme ces Messieurs se soucient tout d’un coup des difficultés des mères.

Il y a plus agaçant encore, sans doute: les arguments des femmes elles-mêmes en faveur de cette candidature. Autour de moi j’ai entendu, dans le désordre: que ce serait bien qu’Isabelle Moret l’emporte parce qu’une mère sait forcément être patiente, multitâche, conciliante; qu’elle mettrait un peu de douceur dans un monde de mâles alpha; qu’elle soigne la relation. En être encore à réduire une femme à son rôle de procréatrice, ça fait peur – j’ai des copines, elles sont même pas mères, et c’est des femmes quand même, je vous jure! Ensuite, cette idée qu’être porteuse d’une paire de X plutôt que d’un XY vous dote automatiquement de qualités morales ou de traits de caractère bien définis aussi, juste pour dire, c’était avant qu’on croyait ça. Maintenant on sait qu’en fait, non, la douceur et la bonté ne vivent pas accrochées au 2e X, celui que les garçons n’ont pas. Pour prendre un autre exemple au hasard, moi, ben j’ai clairement pas ça sur ma 23e paire.

Maman = manager?

Le comble, c’est qu’au final ce sont les hommes qui ont l’air le plus minable dans cette alignée de préjugés. L’ancienne conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf disait ainsi dans une interview accordée au «Matin Dimanche», le 3 septembre 2017: «Une femme qui a des enfants apprend, par exemple, très vite à devenir une manager en conflits. Elle doit en gérer tous les jours, s’organiser.» Parce que les pères, c’est bien connu, ne voient jamais leurs enfants, pris qu’ils sont par l’avancée de leur carrière. Quand ils rentrent du travail, ils fument la pipe en lisant le journal au coin du feu pendant que maman prépare le souper d’une main et de l’autre s’occupe des devoirs. Ces Messieurs n’élèvent par leurs enfants, donc sont totalement démunis, les pauvres, quand une dispute éclate: ils ne savent pas s’organiser ni gérer le conflit. Bienvenue en 2017!


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