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Chronique: Matou raffiné vs mulot assiégé

Chronique Sonia Arnal 5

Sonia Arnal est rédactrice en chef de Femina. Dans sa vie comme dans la vôtre, rien ne se passe jamais comme il faudrait…

© Silke Werzinger/Colagene.com

J’ai vécu deux jours en colocation avec Tom et Jerry. Enfin chez moi, c’est Loulou-dit-Jésus, ainsi prénommé parce qu’il est réapparu miraculeusement dans la nuit du 24 décembre après 5 jours de disparition, qui joue le rôle du chat. Au moment d’adopter – enfin d’acheter à prix d’or, soyons clairs – une bête, j’ai choisi un félin de race, avec la certitude que les croisements et autres opérations de sélection menées durant plusieurs générations pour conserver les caractéristiques esthétiques de la bête auraient pour effet secondaire de tuer chez lui tout instinct animal. Qu’il boirait son thé avec un nuage de lait et en levant le petit doigt, genre, et que toute nourriture sortie d’ailleurs que d’un emballage sous cellophane, de la nature au hasard, le rebuterait. Eh bien, pas du tout. Très régulièrement, l’assassin m’amène fièrement des oiseaux et autres lézards frétillants attrapés dans le quartier et au-delà. Le chasseur en lui est omniprésent et a boulotté le chat de salon.

Je jette le chat dans la cuisine

Mais comme le matou est raffiné, il déplace délicatement ses proies entre ses dents et les dépose encore vivantes dans ma chambre ou mon couloir. Quand il s’agit d’oiseaux, mon challenge est de courir plus vite qu’ils ne volent pour leur ouvrir la fenêtre avant qu’ils ne se fracassent le crâne contre la vitre et meurent assommés plutôt que mangés. L’autre jour, j’ai eu droit à une souris. Ce n’est pas ma première, autant vous dire que le protocole est bien rodé. Je jette le chat dans la cuisine, j’attrape au vol la balayette et la ramassoire, je claque la porte derrière moi, je cours à l’endroit où est resté tétanisé le mulot, je le ramasse délicatement et je le porte en sandwich jusqu’au jardin, où je le laisse reprendre le cours de son existence.

Je m’attendais à marcher sur un cadavre chaque fois que je rentrais chez moi.

Mais cette semaine, la bestiole, sacrément vive, n’a pas daigné attendre mon retour: elle s’est faufilée dès qu’elle a pu derrière l’armoire à chaussures du hall. C’est là que notre difficile cohabitation a commencé. Le chat s’est stratégiquement placé aux aguets près de son trou, d’où il n’a plus bougé. La souris a compris qu’elle était assiégée et a campé sur ses positions. On en était là dans le dessin animé quand j’ai essayé de forcer le destin en téléchargeant une application qui diffuse des ultrasons à une fréquence supposée faire fuir les nuisibles. Ni Tom ni Jerry n’ont bougé d’un iota. J’ai passé une nuit atroce à entendre les deux bêtes jouer au chat et à la souris dans le couloir.

Moi grande guerrière

A mon réveil, personne n’était mort et chacun avait repris sa place. Ça a duré encore 36 heures, durant lesquelles je m’attendais à marcher sur un cadavre chaque fois que je rentrais chez moi. J’ai finalement réussi après une nouvelle sortie à intercepter le mulot, qui avait compris qu’il devait tenter le tout pour le tout s’il ne voulait pas mourir de soif. J’ai séparé les belligérants avec une promptitude et une détermination qui les ont laissés cois, et expulsé le rongeur dans le jardin. Moi grande guerrière, ai-je pensé «in petto».


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