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Casse célèbre: Le vol des joyaux de Louis XVI

Casse joyaux couronne Leemage via AFP

«Le sol est jonché de pierres précieuses et de joyeux lurons, venus avec des filles légères pour dérober autant que pour festoyer, errent sur les lieux.»

© Leemage / AFP

Septembre 1792, Paris n’est pas une fête, plutôt une anarchie. Sous la vague de la révolution, la monarchie est tombée. Les massacres se multiplient. L’atmosphère de guerre civile plonge le pays dans la tourmente, même si pour certains individus, le moment est propice à amasser rapidement et surtout illégalement une immense fortune. Leur objectif? S’approprier l’un des plus grands trésors de l’époque: la collection des joyaux de la couronne.

Elle a été transférée par le roi lui-même du château de Versailles à l’hôtel du Garde-Meuble, au cœur de la capitale. Ce vaste bâtiment donnant sur la place de la Concorde, aujourd’hui connu sous le nom d’hôtel de la Marine, abrite l’administration gérant le patrimoine des résidences royales. Constituée à partir de 1530 par François Ier, la collection s’est considérablement enrichie au fil des règnes. Un inventaire mené début 1791 en donne le détail.

Parmi les bijoux légendaires figure notamment le Diamant bleu, une énorme pierre indigo ramenée d’Inde et acquise par Louis XIV un siècle plus tôt, ainsi que le Régent, considéré comme le plus pur et le plus beau diamant du monde, acheté par Philippe d’Orléans, régent du jeune Louis XV, en 1717. On compte aussi 18 diamants offerts par le cardinal Mazarin, dont le Sancy, une belle pierre que Louis XIV portait à son chapeau. En tout, les joyaux de la couronne réunissent plus de 9500 pierres précieuses et fines: diamants, saphirs, émeraudes, topazes, spinelles… et quelque 500 perles, parmi laquelle la plus prestigieuse d’Europe, appelée Reine des Perles.

Une montagne d’or

Leur valeur totale est alors estimée à 24 millions de livres, soit près d’un milliard de francs actuels! Bien qu’il ait l’avantage de donner une vue précise de tout ce qui a été confisqué au souverain, l’inventaire de ce pactole délirant est un pousse-au-crime dans un Paris en plein désordre. Le 16 septembre 1792, vers 23 heures, les gardes chargés de veiller sur l’hôtel du Garde-Meuble entendent des bruits suspects. Ils découvrent bientôt deux individus sortant du bâtiment en titubant, manifestement alcoolisés. Leurs poches sont remplies de pierres précieuses.

Après avoir sonné l’alerte, on se rue dans la salle des bijoux pour constater l’ampleur du vol. Plus qu’un larcin, c’est un pillage en règle. Le trésor s’est presque entièrement volatilisé. Le sol est jonché de pierres et de joyeux lurons, venus avec des filles légères pour dérober autant que pour festoyer, errent sur les lieux. L’enquête va confirmer les premières impressions: le vol de la fabuleuse collection s’est étalé sur plusieurs jours. Un premier groupe est venu dès le 11 septembre, escaladant les balcons, brisant les fenêtres puis perçant les simples cloisons de bois censées protéger les joyaux.

Punition tragique

La rumeur d’un accès secret au trésor a alors couru dans Paris et a fini par ameuter brigands en tous genres, plus ou moins sérieux. La police suspecte d’abord un certain Paul Miette, bandit bien connu. C’est lui qui aurait eu l’idée de commettre le casse en compagnie de plusieurs acolytes, mais il est finalement laissé tranquille par la justice. D’autres suspects n’ont pas sa chance et sont condamnés à mort. On amène la guillotine sur la place de la Concorde, pour l’exemple, lieu où elle restera durant une bonne partie de la révolution.

Toutefois, certains croient à une motivation moins cupide. Le vol aurait pu être imaginé par des royalistes, voire par le ministre de la Justice lui-même, le fameux Danton, pour financer des actions politiques ou affaiblir économiquement le nouvel Etat en train de naître. Après deux ans d’investigations, les autorités parviendront à récupérer plus des deux tiers du trésor, dont le Sancy et le Régent, joyaux survivants de ce qui fut le casse du millénaire
© Courtesy of the Smithsonian Institution

Les tribulations du diamant bleu

Disparu des radars après le vol de 1792, le prestigieux Diamant bleu réapparaît en Angleterre en 1812, méconnaissable: il a été retaillé pour faciliter son recel. Celui qu’on baptisera bientôt Hope, du nom de son premier propriétaire officiel, un banquier britannique, passe entre plusieurs mains durant le XIXe siècle sans qu’on devine son origine crapuleuse, avant d’être acquis par la maison Cartier en 1910, puis par Harry Winston, en 1949.

Depuis 1958, le Hope est exposé à Washington. Une analyse gemmologique menée en 2007 a définitivement prouvé qu’il était bien le Diamant bleu de la couronne.


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