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Casse célèbre: le braquage des péquenots

Le casse des péquenots

Ghantt et ses complices ont commis tant de bourdes durant leur cavale que les enquêteurs n’ont pas eu de peine à retrouver leur trace.

© DR

Début 1998. Dans un hôtel de luxe de Playa del Carmen, station balnéaire du Yucatán, au Mexique, les employés ont noté les agissements insolites du client occupant la chambre 101. Il se nomme James T. Kelley, se dit businessman dans le pétrole et, malgré sa trentaine pimpante, il passe la majeure partie de son temps reclus dans sa suite. L’homme a certes acheté cash un équipement de plongée, puis un parachute ascensionnel, mais il ne s’aventure presque jamais sur la plage, préférant manger des kilos de M & M’s, fumer des cigarettes sans discontinuer ou lire des BD. Et lorsqu’il se rend au restaurant, Kelley choisit toujours une table près de la sortie. Les employés comprennent enfin, le 1er mars, que l’étrange client ne s’appelle pas Kelley et qu’il n’est pas non plus un golden boy de l’or noir. La preuve? Une horde de policiers mexicains et américains lui tombent dessus.

David Ghantt, de son vrai nom, était recherché pour le second plus gros braquage de banque de toute l’histoire des États-Unis. L’équivalent de 16 millions de francs en petites coupures.

Le vol était impressionnant, mais la suite un peu moins. Ghantt et ses complices ont commis tant de bourdes durant leur cavale que les enquêteurs n’ont pas eu de peine à retrouver leur trace. Un an plus tôt, tout avait pourtant commencé comme dans un polar calibré au millimètre. Cadre d’une entreprise de transfert de fonds à Charlotte, en Caroline du Nord, employé modèle et discret, David Ghantt envisage depuis longtemps de prendre la tangente avec un des fourgons blindés remplis de billets. Après plusieurs années de bons et loyaux services, travaillant entre 60 et 80 heures par semaine pour un salaire qu’il juge misérable, Ghantt entend se servir lui-même dans les caisses. Ou plutôt, le coffre. Durant des mois, il peaufine son plan avec Kelly Campbell, une ancienne collègue, et Steve Chambers, un ami de lycée de cette dernière. D’autres complices participeront à la logistique.

Tournure comique

Dans la nuit du 4 octobre 1997, c’est le passage à l’acte. Il s’arrange pour se retrouver seul au dépôt, puis prélève 20 millions de dollars du coffre pour les empiler dans un fourgon de la société. Toutefois, premier hic dans le plan, il oublie de couper les caméras de surveillance. Lorsque le véhicule est plein, l’homme rejoint ses deux complices dehors et ils roulent ensemble jusqu’à une zone industrielle reculée. Le butin est alors stocké dans des barils et réparti dans plusieurs vans. Second hic, les compères ont sous-estimé le poids des billets et sont obligés d’abandonner 3 millions de dollars.

David Ghantt est ensuite censé rouler toute la nuit plein sud pour traverser la frontière mexicaine avant le lever du jour. Il ne prend que 50 000 $ sur lui, somme maximale pouvant être entrée au Mexique sans formalité spéciale. L’idée est que le cerveau du braquage se fasse oublier un moment là-bas, puis retourne au pays quand les choses se seront calmées, pour prélever la part du magot qui lui revient. Il s’installe donc incognito à Playa del Carmen. Malheureusement pour la vingtaine d’individus impliqués dans le braquage, rien ne se passe comme prévu. Le FBI soupçonne presque aussitôt Ghantt et place nombre de ses contacts récents sur écoute. La police fédérale découvre qu’un certain Steve Chambers, loser de la banlieue de Charlotte qui vivait jusqu’ici dans un mobile home, vient de s’acheter une villa de luxe ainsi qu’un coupé BMW.

Son épouse Michelle, elle, a récemment attiré l’attention des guichetiers de sa banque en demandant benoîtement quelle somme maximale elle pouvait déposer en une seule fois sans que la transaction alerte les fédéraux.

David Ghantt, de son côté, a également été repéré au Yucatán à cause de coups de fil passés à Chambers. Ayant presque entièrement dilapidé ses 50 000 $, le fuyard réclamait à son complice le transfert rapide d’une importante quantité de cash. Ce dernier lui envoie finalement 8000 $, envisageant de venir l’assassiner au Mexique, histoire d’empocher sa part. Les apprentis braqueurs n’auront pas l’opportunité de s’entre-tuer puisque la police arrête toute la bande début mars 1998. La presse se régale des péripéties tragicomiques du groupe de malfrats, qualifiés de péquenots pour leurs origines campagnardes. Ils écopent de 6 à 11 ans de prison et doivent rendre le pactole, même si 2 millions resteront à jamais introuvables.

Le trio au cinéma

Dix-neuf ans après, le casse des péquenots inspire le cinéaste Jared Hess, qui réalise un film comique sur les apprentis braqueurs. Pour cet opus, ironiquement intitulé Les cerveaux, il recrute Zach Galifianakis (Very Bad Trip) pour jouer David Ghantt. Steve Chambers, lui, est incarné par Owen Wilson (Minuit à Paris), et c’est Kristen Wiig (SOS Fantômes) qui campe Kelly Campbell. Libéré au bout de six ans, devenu une figure populaire, le vrai David Ghantt fut consultant sur le tournage.

Ils ont réussi à voler tout cet argent, puis se sont fait prendre parce qu’ils l’ont dépensé stupidement. Ils ont fait tellement d’erreurs! Ça semblait du pain bénit pour une comédie excentrique.

Jared Hess

Réalisateur

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