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Burkini: de l’origine à la polémique

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Mecca Laalaa, une sauveteuse volontaire à Sydney.

© Getty

Depuis l’arrêté interdisant le port de vêtements religieux sur les plages pris à Cannes et dans six autres villes françaises, le burkini fait l’objet de toutes les discussions estivales. Mais quelle est l’histoire de ce vêtement qui agite tant la Toile et fait naître les commentaires les plus acerbes?

La naissance du burkini

D’où vient ce maillot de bain si controversé? Sa créatrice, australienne d’origine libanaise, se nomme Aheda Zanetti. Cette dernière raconte en avoir eu l’idée en 2004 à Sidney, en regardant sa nièce jouer au netball (une sorte de basket).

Selon elle, la jeune fille avait du mal à se mouvoir avec son long hijab (un voile sur le haut du corps) et son survêtement. L’Australienne a alors l’idée de créer un «hijood», contraction de «hijab» et «hood» («capuche», en anglais), une sorte de tenue sportive adaptée à la «pudeur» religieuse.

Le concept du burkini, dédié aux femmes qui se baignent voilées, lui vient ensuite naturellement dans un pays où les sports aquatiques sont très présents.

Une success story

En 2006, avec sa société Ahiida, Aheda Zanetti dépose les marques «Burkini» et «Burquinini» en Australie et dans plusieurs autres pays. Depuis, même si la créatrice revendique le bien-être des femmes qui portent le voile, il faut avouer que le burkini est un vrai coup commercial. Plus de 500 000 tenues ont été vendues en une dizaine d’années. En 2016, ses ventes auraient augmenté de… 40%.

Au niveau mondial, le burkini a fait des petits, et à l’instar de Marks & Spencer ou Dolce & Gabbana, les marques occidentales proposent de plus en plus de vêtements islamiques.

Selon une étude de Thomson Reuters, en 2013, les consommateurs musulmans auraient dépensé près de 270 milliards de dollars dans l'industrie de la mode.

Burkini, un mot trompeur

En créant le burkini, de la contraction de «burqa» et de «bikini», Aheda Zanetti s’est attiré les foudres de détracteurs. Car la burqa, un vêtement imposé par les talibans afghans, couvre en effet l’intégralité du corps et du visage, laissant simplement une bande ou une «grille» de tissu pour pouvoir voir. Hors, le burkini, sort de «jilbab de bain», laisse, lui, le visage découvert.

Les amoureux de la langue française rétorquerons eux, que l’emploi du suffixe «-kini» n’est pas dénué de sens, ce dernier étant utilisé par exemple dans monokini, un maillot qui ne dénude pas tout le corps…


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La polémique sur le burkini, du made in France only?

Depuis ce mois d’août 2016, la presse internationale qualifie le débat de l’interdiction du burkini sur des zones balnéaires françaises de «ridicule» ou d’«inutile». Mais il faut tout de même souligner que des polémiques similaires ont explosé sur d’autres plages et piscines d’Europe. La Belgique, l’Allemagne ou encore le Maroc sont également concernés.

La conclusion d’une «polémique bien française» semble ainsi réductrice. Ce qui est certain, c’est que l’ampleur de cette actualité n’a pas fini d’échauffer internautes et autres commentateurs politiques.

Une presse internationale moqueuse

Sur ce point, la «BBC» ironise sur l’amalgame, et appose, côte à côte, les photos d’une femme en burkini et d’un homme en combinaison de plongée:

«Les autorités vont devoir apprendre à faire la différence.»

Le «Telegraph», quant à lui, s’insurge de la confusion de sens:

«Les maires qui interdisent le burkini le font au nom de la laïcité, alors qu’il s’agit en réalité d’un acte de fanatisme insensé de leur part.»

En Australie - pays d’origine du burkini - et dans les colonnes du «Daily Mail», le journaliste Neil Frankland s’offense de ces interdictions vestimentaires:

Dans son pays, le burkini «fait désormais partie de la culture de la plage, il est un symbole de rapprochement puisqu’il a permis aux femmes musulmanes d’allier le respect de leur religion tout en appréciant une journée au bord de la mer».

Très relayée sur les réseaux sociaux, la tribune parue sur l’«International Business Times» de la Femen Inna Shevchenko dénonce:

«Le burkini est sexiste, mais lorsqu’on interdit aux femmes de le porter, on se comporte exactement comme une dictature, avec sa police des mœurs.»

Et enfin, le ton du «New York Times» qui semble conclure l’affaire avec une bonne dose d’ironie:

«La France désigne la nouvelle menace à sa sécurité: le burkini».


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