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8 personnalités qui ont marqué «Femina»
Pénélope Bagieu, dessinatrice
«On peut presque dire que c’est «Femina» qui m’a mise à la BD. Avant, j’avais zéro culture. J’y ai fait mes gammes.»
Dans Les Strates, son dernier album paru en novembre dernier, elle se dévoile pour la première fois. Distillant des bribes de sa vie d’ado, de sa passion des chats à son premier amour. À tout juste 40 ans cette année, l’autrice de BD allait, avec ce récit autobiographique, encore une fois là où on ne l’attendait pas. Et continuait à opérer un virage amorcé en 2017 avec l’album Les Culottées, dans lequel elle dressait le portrait de trente femmes fortes issues de tous horizons. Un tome suivi d’un deuxième, tous deux encensés par la critique et plébiscités par les filles, petites ou grandes, ravies d’en savoir plus sur ces figures féminines.
Aujourd’hui, Pénélope Bagieu ne cache plus ses engagements, notamment autour du féminisme. «Dans la famille, c’est en vieillissant qu’on s’énerve: je finirai à 70 ans enchaînée à un oléoduc», expliquait-elle dans une interview pour Femina. Des colères qu’elle relaie fréquemment sur son profil Instagram, aux côtés des ronrons de son chat Raspoutine ou des mélodies de son guitariste de mari, le musicien Waxx. Diplômée de l’École nationale des Arts déco de Paris et du Central Saint Martins College of Art and design de Londres, elle a commencé sa carrière dans l’illustration et la pub avant un blog hilarant intitulé Ma vie est tout à fait fascinante. Un récit de tranches de vie quotidiennes qui lui valent d’être découverte par Femina, qui lui commande alors une BD hebdomadaire. Joséphine, jeune trentenaire en mal d’amoureux, connaît un succès immédiat, puis sera publié en BD et adapté au cinéma. En 2017, elle confiait au journal Le Temps: «On peut presque dire que c’est Femina qui m’a mise à la BD. Avant, j’avais zéro culture. Je détestais Tintin. Quand on regarde Joséphine, on voit que j’apprends à raconter des histoires. J’y ai fait mes gammes.»
Mona Chollet, journaliste et essayiste
«Pour Femina, j’ai interviewé des autrices de passage dans la capitale française comme Nancy Huston mais aussi deux Prix Nobel de littérature, Nadine Gordimer et Svetlana Alexievitch.»
Si Mona Chollet est née à Genève, c’est dans le bouillonnant quartier du XIe arrondissement que la Franco-Suisse a désormais posé ses valises. Licenciée en lettres de l’Université de Genève, diplômée de l’École de journalisme de Lille et aujourd’hui cheffe d’édition du Monde diplomatique, ce sont ses talents d’essayiste qui ont, ces dernières années, fait son succès. Et l’ont propulsée au rang d’interlocutrice privilégiée quand il s’agit d’obtenir un propos éclairé sur le féminisme. Cette reconnaissance, c’est à ces deux derniers ouvrages qu’elle la doit. Sorcières, la puissance inconnue des femmes, vendu à plus de 250 000 exemplaires, et Réinventer l’amour: comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles, Prix européen de l’essai 2022.
Mais c’est en tant que pigiste culture que Mona Chollet a laissé son empreinte dans les pages de Femina de 2003 à 2005: «Je vivais déjà à Paris et je cherchais des collaborations. Je connaissais Femina car je le feuilletais parfois, même si je dois avouer que ma mère n’achetait pas de presse féminine. Je me suis dit que je pourrais peut-être écrire sur des sujets parisiens comme la mode.» Mais c’est dans un autre domaine que Marie-Pierre Dupont, alors rédactrice en chef du magazine, lui donne sa chance: «Elle m’a répondu que des portraits d’écrivaines l’intéresseraient davantage.» C’est ainsi que la jeune journaliste se retrouve à rédiger des doubles pages d’entretiens. «Pour Femina, j’ai interviewé des autrices de passage dans la capitale française, des figures comme Nancy Huston, mais aussi deux Prix Nobel de littérature, Nadine Gordimer et Svetlana Alexievitch.»
Julien Burri, écrivain et journaliste au Temps
Son souvenir le plus loufoque? «Un article où je testais le striptease masculin et où j’étais en photo avec un marsupilami géant. Un grand moment dans ma carrière.»
Aujourd’hui critique littéraire au Temps, Julien Burri fait chaque samedi profiter les lecteurs du cahier livres du journal de son regard sans concession. Mais c’est au milieu des années 2000 que le jeune homme fait ses premiers pas à Femina en tant que pigiste pour la rubrique livres, avant d’y entamer son stage de journaliste. Une période durant laquelle le débutant fait ses gammes au milieu d’une rédaction essentiellement féminine où il avoue avoir été «très chouchouté» et dans laquelle il a «beaucoup appris», à travers la rédaction d’articles sur une grande variété de sujets.
Son souvenir le plus loufoque? «Un papier où je testais le striptease masculin et où j’étais en photo avec un marsupilami géant. Un grand moment dans ma carrière.» Écrivain et poète, Julien Burri vient de publier un dernier recueil de poésie intitulé Parades, aux Éditions Paulette, autour du désir masculin.
Albertine Bourget, responsable de la rubrique Suisse et Monde des titres d’ESH Médias
«C’est dans cette rédaction que j’ai appris à faire de vrais sujets de société incarnés qui plaçaient les femmes au centre des préoccupations.»
Alors journaliste indépendante basée à Berne, Albertine Bourget garde des souvenirs forts de ses années de pigiste à Femina au milieu des années 2000: «En étant indépendante et travaillant en solo, j’adorais venir à la rédaction où l’ambiance était très chouette et les fous rires fréquents.» Dingue de cinéma, la jeune rédactrice d’alors y trouve l’occasion rêvée de concilier sa passion et son métier: «J’ai eu la chance de pouvoir interviewer Tilda Swinton au festival de Venise, Keira Knightley ou encore Nicole Kidman à Londres. Mais c’est aussi dans cette rédaction que j’ai pu faire de vrais sujets de société incarnés qui plaçaient les femmes au centre des préoccupations, dans ce magazine qui a toujours parlé des Romandes avec fierté.»
Nicole Lambert, autrice des Triplés
«Les Suisses sont des personnes très fidèles!»
Alors que l’été s’étire en longueur, c’est de sa maison située près de Deauville que Nicole Lambert répond à notre appel, ravie de pouvoir parler un peu de «son cher Femina. Il faut dire que ses trois célèbres petites têtes blondes et leur snob de maman ont, pendant des années, fait la joie de ses lectrices et lecteurs, toutes générations confondues. Mannequin, styliste, designer, la Parisienne Nicole Lambert a exercé nombre de métiers à travers lesquels son goût sûr et son amour des belles choses ont toujours pu s’exprimer. Mais c’est en 1983 que l’aventure Triplés commence, quand elle croque la bouille de Roch, son blondinet de filleul, avant de le décliner en jumeaux puis en triplés. Une fratrie BCBG composée d’une fille et de deux garçons dont on ignore toujours les prénoms. Le succès est immédiat: la planche hebdomadaire fait d’abord le bonheur des lectrices du magazine français Madame Figaro. Le premier album sort en 1985 avant la première série TV, un an plus tard.
Quant à l’arrivée des Triplés dans Femina, les lectrices romandes la doivent à l’amour de Nicole Lambert pour la Suisse: «Quand j’étais enfant, mes parents et moi venions skier chaque année dans la région et prenions le bateau pour faire la traversée Thonon-Lausanne. C’était tellement beau, j’aimais beaucoup cette journée.» C’est donc marquée par ce souvenir que l’autrice contacte Marie-Pierre Dupont, alors rédactrice en cheffe du magazine, pour lui proposer sa BD: «C’était en 1986 ou 1987, on a tout de suite croché. Toutes ces années, je venais une fois par an à Lausanne, nous déjeunions ensemble, c’était une femme délicieuse.»
Si la parution des Triplés s’est interrompue dans Femina en 2005, à la faveur d’un changement de ligne du magazine, Nicole Lambert confie avoir toujours gardé un lien particulier avec les Romands: «Je recevais énormément de courrier de Suisse. Et en 2018, j’ai fait une expo à Lausanne qui a eu beaucoup de succès, j’y ai vendu tous les dessins exposés, fait beaucoup de dédicaces. Les Suisses sont des personnes très fidèles!»
Eugène, écrivain
«Il me suffisait d’être observateur de quelque chose qui vaille la peine.»
C’est en septembre 2012 que les lectrices de Femina découvrent une nouvelle rubrique intitulée… «Comme une femme». «La rédactrice en chef d’alors, Annick Chevillot, laissait la place à des chroniqueurs hommes qui changeaient chaque année», explique l’écrivain lausannois, qui vient de publier Lettres à mon dictateur, aux Éditions Slatkine. À lui donc carte blanche pour mettre sa plume et son sens de l’observation au service d’un billet souvent très drôle: «Il me suffisait d’être observateur de quelque chose qui vaille la peine au sujet des femmes.» Un job qui, bien avant l’époque des trolls d’internet, lui apprend qu’on ne plaisante pas avec certains sujets: «J’avais écrit un texte où je me moquais des ongles à rallonge de Lana Del Rey. J’ai reçu un courrier de lectrice pas contente qui m’a appris que si on tape sur quelqu’un, il y a toujours une personne pour le défendre.»
Albertine Zullo, illustratrice
«C’était énormément de travail, une planche par semaine. Avec Germano, on s’y mettait le vendredi pour le dimanche de la semaine suivante.»
De la fantaisie, des monstres jamais carrément méchants et des humains toujours un peu courbés d’étonnement… Le trait d’Albertine Zullo est reconnaissable entre tous. Voilà sans doute ce qui a valu à la Genevoise, qui a reçu en 2020 le Prix Hans Christian Andersen, sorte de Nobel de l’illustration jeunesse, d’être longtemps l’illustratrice chouchou de la presse romande.
Née à Dardagny, où elle réside toujours, Albertine s’affaire dans l’atelier du rez-de-chaussée de sa maison, tandis que Germano Zullo, son mari et complice d’écriture, laisse aller sa plume dans son antre au premier. Ancienne élève des Arts décoratifs de Genève, la mutine Albertine a longtemps mis son crayon au service de papiers dans L’Hebdo, Bilan et bien sûr Femina, au début des années 2000: «J’ai commencé à la demande de la rédactrice en chef d’alors pour illustrer les articles Bien-être puis Psycho, explique celle qui a su coller à des sujets souvent sensibles. Renata Libal m’a ensuite demandé de créer une BD hebdomadaire pour la der du magazine.» Ce sera Lucette cherche un amoureux, dans laquelle Albertine et Germano unissent leurs talents pour dénicher chaque semaine, et bien avant l’invention de Tinder, un nouveau prétendant plus ou moins fréquentable à Lucette, rouquine fleur bleue en mal d’amour. «C’était énormément de travail, une planche par semaine. Avec Germano, on s’y mettait le vendredi pour le dimanche de la semaine suivante…»
Aujourd’hui, Albertine – c’est sa bio Insta qui le dit – «dessine pour des albums, pour la presse, le cinéma d’animation, le théâtre, des affiches», pose aussi son trait sur des objets en plâtre poétiques. Et publie en octobre un album avec Germano qui porte le joli nom de Livre bleu (Éd. La Joie de Lire). Parfait pour mettre un peu de couleur et de poésie au cœur de l’automne.
Docteur Ruth, sexothérapeute
Elle a beau n’afficher qu’un mètre quarante sur la toise, Ruth Westheimer est une grande dame! De celles qui ont aidé à lever les tabous autour d’un sujet délicat: la sexualité.
À 94 ans, et toujours suivie par près de plus de 103,2 k d’abonnés sur son profil Twitter, Docteur Ruth, qui a renoncé à son nom de famille trop dur à prononcer pour les Américains au début de sa carrière médiatique pour une radio new-yorkaise, affiche toujours la même énergie quand il s’agit de parler d’intimité sans complexe et en appelant un chat… un chat: «J’ai eu ce courage de dire tout haut des mots comme orgasme, fellation, clitoris, que personne n’osait publiquement prononcer. Je n’ai pas réalisé l’impact que cela pouvait avoir, surtout à la télévision, mais je suis très heureuse de ça», déclarait-elle à Face à la presse sur la RTS, en 1994.
Autrice d’une quarantaine de livres, sujet de plus de 500 émissions, l’infatigable sexothérapeute, fille de juifs orthodoxes allemands morts en déportation, a tenu des chroniques dans la presse du monde entier dont Le Matin et Femina de 1989 à 1999. Contribuant, chaque dimanche, à travers ses conseils et son humour, à rendre les galipettes sous la couette moins taboues!
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