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Scandale: la prothèse qui a meurtri le vagin de milliers de femmes

Scandale: la prothèse qui a meurtri le vagin de milliers de femmes

En Australie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Ecosse et aux Etats-Unis, des centaines d’actions judiciaires sont en cours contre Johnson & Johnson, la firme américaine qui a commercialisé Prolift.

© Getty

Elle a été interdite aux Etats-Unis en 2012, en France en 2013. Mais cela n’a pas suffi à abolir le mal: la prothèse vaginale Prolift est au cœur d’un scandale mondial. Fabriquée par le laboratoire Johnson & Johnson, elle sert à soigner les descentes d’organes et se compose d’un tissu en plastique suspendu à l’intérieur du vagin. «Le Nouvel Observateur» a consacré une enquête au phénomène.

Comparée à une «râpe à fromage» qui «cisaille le vagin»

En Australie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Ecosse et aux Etats-Unis, des centaines d’actions judiciaires sont en cours contre la firme américaine. Les souffrances subies par les victimes font froid dans le dos: son effet est décrit comme du «papier de verre» ou une «râpe à fromage» qui «cisaille le vagin». Elle peut également tirer sur des terminaisons nerveuses, perforer la vessie ou le rectum, faire une boule au fond de la cavité vaginale et rendre les rapports sexuels impossibles, note l’hebdomadaire français.

Commercialisée en 2005, la prothèse se compose alors d’un tissu trop lourd qui empêche la cicatrisation et crée des réactions inflammatoires. De plus, la pose est loin d’être simple. Mais plutôt que de faire appel à des médecins expérimentés dans le domaine, Johnson & Johnson se tourne vers des chirurgiens manquant d’expérience. Bernard Jacquetin, le gynécologue français à l’origine de Prolift, le reconnaît:

Aux Etats-Unis, je crois vraiment qu’il y a des gens qui ont fait un petit peu n’importe quoi. En Amérique du Sud, il paraît que ça a été encore pire, mais ils ne portent pas plainte donc on n’en entend pas parler.

Entouré de 8 médecins français, Bernard Jacquetin a ainsi inventé Prolift. «Alors qu’ils ont vu la catastrophe sanitaire se dérouler sous leurs yeux, les French doctors n’ont alerté ni la presse, ni le grand public», constate le média français. Lors d’un procès en juillet 2017 en Australie, des e-mails privés envoyés entre les 9 experts ont été lus à haute voix. L’un de ces derniers écrivait qu’il n’avait, pour le moment, aucune envie de poser cette prothèse à sa femme. L’argent aurait-il acheté leur silence? Ils se défendent du contraire. Reste qu’ils auraient touché, au minimum, 5,5 millions d’euros de royalties.

100 000 Prolift dans le monde

Johnson & Johnson ne communique aucun chiffre sur le nombre de prothèses vendues. Mais selon Bernard Jacquetin, «la procédure a été réalisée plus de 100 000 fois dans le monde». A l’heure actuelle, Prolift n’est plus disponible. D’autres prothèses existent pourtant encore sur le marché. Mais selon les informations du «Nouvel Observateur», «on les utilise en dernier recours sur des patientes ayant des indications spécifiques. Pour des patientes ne pouvant pas être opérées par voie haute (cœlioscopique) ou ayant fait plusieurs récidives, elles sont salutaires.»


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