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Notre rencontre avec Camille, avant son concert au Paléo

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Camille lors de son concert du 21 juillet 2017, au Paléo Festival, sous la pluie.

© Paleo Festival / Lionel Flusin

Dans sa loge, nichée juste derrière la scène, Camille termine tranquillement l'interview qui précède la nôtre. Elle est pieds nus, moi en chaussettes. Par la fenêtre, le son des basses inflige une légère vibration aux parois de la pièce, tandis que la pluie tombe à verses sur un Paléo déjà boueux («Mais j’aime toutes les météos!», me rassure-t-elle, alors que je m'apprêtais presque à m'excuser pour le climat suisse...). Elle ferme la fenêtre, car les bruits trop sonores la dérangent quelque peu: «Moi, je préfère la musique acoustique».

Dans moins de trois heures, elle sera sur scène, devant un public qui ne la «connaît pas forcément», ainsi qu'elle l'admet avec un soupçon de joie, tant cette rencontre prochaine semble la réjouir. L'artiste française paraît sereine et posée, en tailleur, sur le fauteil qui meuble sa loge. En juin 2017, elle sortait un nouvel album simplement intitulé «Ouï»: des tambours dont le rythme rappelle le battement d'un coeur, des choeurs lyriques qu'elle assure tous elle-même, une poésie certaine dans les textes et des ambiances envoûtantes. L'album l'a emmenée en tournée; nous, il nous transporte dans l'univers de Camille, un monde surprenant, de la création duquel elle a bien voulu nous donner un aperçu:

Des mots gourmands

Pourquoi «Ouï»? La réponse ne lui vient pas immédiatement. Parce qu'elle cherchait un titre et que celui-ci, graphiquement joli, linguistiquement simple, lui paraissait être le bon. «Je donne rarement un nom à un disque avant que celui-ci soit terminé, ajoute-t-elle. Je voulais l'appeler "Le Tambour" à un moment, mais au final, un album est comme une période dans laquelle je vais baigner. Et j'avais bien envie de baigner dans ce mot-là». Sur la pochette, dont elle a eu elle-même l'idée, l'auteure-compositrice est «le I dans le O».

Son morceau «Je ne pèse pas les mots», qui évoque la «malbouffe», pourrait être une métaphore de son écriture:

«J'aime les mots gourmands, bons en bouche, qui nourrissent au-delà de la nourriture. Comme avec les aliments, il y a des bons mots et des mauvais mots, ceux qui ne vous font pas du bien. Pour moi, ils ont tous une saveur, une couleur et une brillance différente. Quand j'écris, j'ai envie d'exprimer une émotion, de créer un climat dans lequel je me sens bien, et de le partager.»

Figures de style

Lorsque Camille chante, tout comme lorsqu'elle parle, les figures de style se fondent dans son discours avec fluidité, intégrées, semble-t-il, à sa façon se penser. Dans la chanson «sous le sable», on trouve l'écholalie. Ailleurs, des assonances, des anaphores... Chaque morceau semble évoquer une scène, une image, une atmosphère et parfois même une histoire. Elle qui passe fréquemment du français à l'anglais, qu'elle parle couramment, considère chaque langue comme une musique à part entière.

Et tout cela semble lui venir instinctivement. Pourquoi chante-t-elle? Après trois secondes de réflexion, les yeux brièvement perdus dans le vide, elle répond: «Je ne sais pas.» La suite lui vient avec la spontanéité d'une évidence: «Je chante parce que je suis en vie. Parce que je suis heureuse.»


© DR

La voix pour révéler l'être humain

La voix de Camille, dont elle dit avoir trouvé le «centre» mais qu'elle ne cesse d'explorer, possède mille-et-une déclinaisons, «teintes» et «saveurs». Sa voix est son intrument: en 2008, elle sortait son troisième album «Music Hole», constitué d'un orchestre de sons organiques ou corporels.

«La voix est un caméléon, c'est une matière polymorphe: un peu comme de la terre cuite qu'on peut peindre, modeler... J'ai appris à connaître ma voix et sa nature.»

Qu'est-ce qui la touche, dans voix humaine? Du tac-au-tac, elle répond: «Son humanité.»

«Au-travers d'elle, on peut ressentir la particularité, l'âme d'une personne. Elle est unique, raconte les humains et leur fragilité. On y trouve tout ce qui compose l'univers, on peut y sentir le feu, la force, comme elle est capable de raconter des paysages, la sexualité, les caractéristiques d'une langue. Elle raconte mieux que tout la nature humaine.»

Camille au Paléo

Bien qu'elle affectionne davantage la musique acoustique que les basses assourdissantes qui exigent le port de boules quiès, les festivals restent une expérience qu'elle adore. A ses yeux, il s'agit simplement d'une «autre approche» qui demande de «laisser de côté certaines subtilités»: «J'adore passer d'une salle à une chapelle à un festival en plein air. C'est l'une des joies de la pop.»

Camille était le soir du 21 juillet 2017, sur la scène des Arches au Paléo Festival de Nyon. Et si vous n'étiez pas là, sous la pluie torrentielle, à assister à ce spectacle magique, écoutez rapidement son album, en guise de rattrapage. Vous y découvrirez quelque chose d'unique: l'inverse serait totalement impossible.


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