culture
«L'Amour Flou»: quand les acteurs jouent leur propre rupture
Dans la vie, ils sont tous les deux acteurs, parents de deux enfants, séparés et ont décidé de continuer à vivre dans deux appartements contigus, communiquant par la chambre de leurs enfants. Dans «L'Amour Flou» aussi.
Avec ce long-métrage, prix du public au Festival d’Angoulême, Romane Bohringer et son ex-compagnon Philippe Rebbot se sont lancés dans un pari un peu fou: raconter, en même temps que les événements se produisaient, leur installation dans des appartements reliés entre eux.
Autofiction et «direct live»
Si leur originalité consiste à avoir saisi les choses sur le vif, avec un ton bien à eux, Romane Bohringer et Philippe Rebbot s'inscrivent dans la continuité d'autres acteurs qui se sont essayés à parler de leur vie et à interpréter leur propre rôle dans un film.
Valérie Donzelli racontait ainsi dans «La Guerre est déclarée» avec son ex-compagnon Jérémie Elkaïm leur histoire, celle de parents découvrant que leur fils de 18 mois souffrait d'une tumeur cérébrale.
Sur un autre ton, Guillaume Canet et Marion Cotillard se sont amusés de leur image dans «Rock'n Roll», une comédie dont le sujet était Guillaume Canet lui-même, en pleine crise de la quarantaine. Y joue également Johnny Hallyday dans son propre rôle, comme il avait pu l'interpréter dans «Jean-Philippe» ou dans «Chacun sa vie» de Claude Lelouch.
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Distance joyeuse
À l'étranger, les exemples d'acteurs ayant interprété, souvent avec humour, leur propre rôle, ne manquent pas non plus, de Jean-Claude Van Damme dans «JCVD» à Bruce Willis dans «Ocean's Twelve».
Et ce souvent au plus grand plaisir du public, qui s'amuse de pouvoir regarder les travers - supposés - des acteurs. Tout comme dans la série française sur le cinéma «Dix pour cent», dans laquelle défilent une série de stars dans leur propre rôle, de Juliette Binoche à Isabelle Adjani en passant par Fabrice Luchini.
En jouant de l'ambiguïté entre réalité et fiction, les acteurs créent aussi une complicité avec le public, sans pour autant se mettre réellement à nu.
«On ne leur demande pas d'apparaître tels qu'ils sont dans leur vie», résumait ainsi Cédric Klapisch, directeur artistique de la première saison de «Dix pour cent».
Pour Romane Bohringer et Philippe Rebbot aussi, s'ils ont décidé de garder leurs prénoms et de faire jouer leurs vrais enfants, leur film reste «de la fiction».
«On n'a pas tout mis de nos vies», souligne Philippe Rebbot.
«On a accepté de faire un objet de cinéma s'appuyant sur nos vraies personnalités, nos métiers. Mais c'était quand même un objet de cinéma», poursuit-elle. «On a compris assez vite que ça ne serait supportable par nous, nos intimes, nos enfants et les spectateurs que si c'était à une distance joyeuse, digérée, jamais trop collé à notre intime profond».
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