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Club mythique: The Hacienda, l’épiphanie de la house music

Club mythique: The Hacienda, l’épiphanie de la house music

Les fondateurs du club ont souvent eu fin nez, notamment en invitant Madonna en 1984, peu de temps avant son tube «Like A Virgin».

© Kevin Cummins/Getty Images

«Aciiiiiiiiiiid!» le cri primal de ralliement des ravers européens est né à l’Hacienda de Manchester. Deuxième ville d’Angleterre, sa scène artistique a fait sa réputation au fil des décennies. Entre rock, punk et électro, l’alchimie musicale de Manchester ne ressemble à aucune autre. L’émergence du rock indépendant amplifié via le club Hacienda vaut d’ailleurs à Manchester son célèbre surnom de Madchester, que la ville revendique encore fièrement aujourd’hui. Quelques noms pour se mettre dans l’ambiance? The Smiths, Oasis, The Stone Roses, Happy Mondays, The Chemical Brothers, surtout Joy Division, puis New Order – que des mecs hétéros blancs, soit dit en passant.

Identifié aujourd’hui comme un boys’ club, ce phénomène traverse les années 80, caractérisées par leur esprit libertaire, mais encore loin des préoccupations inclusives actuelles. Epiphanie de l’acid house et de la techno au sens large dans la deuxième moitié de son existence, le haut lieu culturel Hacienda est inauguré en mai 1982 sous l’impulsion de l’animateur et journaliste musical Tony Wilson.

Club mythique: The Hacienda, l’épiphanie de la house music
© Kevin Cummins/Getty Images

Passionnés par les courants musicaux de leur pays, lui et son équipe ont aussi le flair pour dénicher les talents venus d’ailleurs. Ainsi, une certaine Madonna se produit sur la scène de The Hacienda au tout début de sa carrière en 1984, quelques mois avant qu’elle ne devienne une star internationale avec Like A Virgin.

Comme tous les clubs qui ont fait l’histoire, la touche magique de The Hacienda se situe à l’intersection de ses nombreux atouts: le bon timing, une programmation avant-gardiste en phase avec une scène avide de beats extatiques et… une esthétique post-industrielle qui colle si bien à l’esprit de l’enseigne underground.

Plus qu’un club, The Hacienda propose des expositions, des projections de films, des conférences et des défilés de mode.

Point culminant entre le rock et l’électro, l’acid house envahit les ondes et MTV pendant que la culture rave révolutionne le monde de la nuit durant les étés 1988 et 1989. C’est le Summer of Love. Les hits de la high NRG, ancêtre de la house et de la techno, comme You spin me round (Like a record) de Dead or Alive, You keep me hangin’ on de Kim Wilde et Respectable de Mel & Kim font place aux hymnes Doctorin’ the house de Coldcut avec la chanteuse Yazz, Theme from S-express de S’Express et Pump up the volume de Marrs.

«Un secret, un monde à part»

Laurent Garnier n’a que 20 ans lorsqu’il arrive à Manchester pour suivre sa girlfriend. De sa famille de forains, il a le goût de l’aventure et du voyage. Passionné de musique et de sons électroniques, il distribue ses mixtapes, dont une termine dans les mains du patron de The Hacienda, en quête d’un nouveau souffle pour son club. Il engage Garnier pour son premier set, un soir de 1987.

Dans une interview publiée sur le site de Trax en 2015, le DJ se remémore:

«Je n’ai pas forcément des souvenirs de moi aux platines, mais plutôt des nuits passées là-bas à découvrir des titres, à observer, être sur la piste de danse, à regarder la scène exploser. Entre 1986 et 1988, j’ai vu l’Angleterre basculer.»

La suite de sa carrière artistique connaît une fulgurance unique. Au sommet de son art au Printemps de Bourges en 2018, il se voit gratifier des plus beaux compliments de ses fans, dont une affirmant: «Les catholiques ont François, nous, on a Laurent Garnier. Ce mec, c’est le pape de l’électro.»

Club mythique: The Hacienda, l’épiphanie de la house music
© Kevin Cummins/Getty Images

De son côté, le duo électro The Chemical Brothers voit le jour sur la scène de The Hacienda en 1992. Débarqués du sud de l’Angleterre pour y étudier, ces deux membres fondateurs, Tom Rowlands et Ed Simmons, se souviennent de leur arrivée à Manchester comme si c’était hier. «J’avais choisi cette ville pour la musique, je connaissais par cœur tout le répertoire des Smiths et New Order, se remémore Tom dans les colonnes des Inrockuptibles en 2018. Le premier endroit que j’ai visité, c’était The Hacienda, une expérience fantastique et la confirmation que j’avais choisi le bon endroit.» Un engouement auquel fait écho l’enthousiasme de son complice, qui complète:

«A cette époque, l’acid house et les raves ne touchaient qu’un public underground. On se reconnaissait en ville grâce à nos styles vestimentaires, comme les chaussures Kick Hi de chez Kickers. Nous partagions un secret, un monde à part.»

Toute bonne chose ayant une fin, celle de The Hacienda est tragique et brutale: le 28 juin 1997, le club ferme définitivement ses portes quelques jours après le décès d’une jeune fille de 21 des suites d’une overdose. Rasé en 2002, le nouvel immeuble qui siège à l’emplacement du club abrite aujourd’hui les bureaux de l’agence immobilière Bridgfords. Sur son mur en briques rouges, un panneau siglé «The Hacienda Apartments» rend un hommage silencieux au cri «Aciiiiiiiiiiid!» de l’époque.

Laurent Garnier, virtuose des platines

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© Peter J. Walsh/Getty Images

Le nom du DJ français (à droite de la photo) est à jamais associé à celui de The Hacienda de Manchester, où il fait ses débuts aux platines en 1987 sous le pseudo de DJ Pedro. Aujourd’hui, l’artiste renommé mondialement déplore que la culture club ne soit pas mieux reconnue par les politiques et les milieux culturels.

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