culture
Cinéma: après «Intouchables», voilà «Le sens de la fête»
Max (Jean-Pierre Bacri) veille au bon déroulement d'une somptueuse cérémonie dans un château du XVIIe siècle, avec 200 invités, un marié très exigeant (Benjamin Lavernhe de la Comédie française), et une mère envahissante (Hélène Vincent).
Être serveurs dans des mariages fait partie des petits boulots effectués par les deux réalisateurs: «Il y a très longtemps, quand on faisait des courts métrages», raconte Eric Toledano. «C'est un jour ordinaire pour eux, un jour extraordinaire pour les autres (…) C'était un terrain de jeu qui nous amusait.»
Le spectateur suit Max tout au long de cette journée à travers les salles de réception, les cuisines, les coulisses et les jardins du château, jusqu'au petit matin, et voit comment ce mécanisme bien huilé va se gripper. Car Max ne doit pas seulement satisfaire ses clients, il doit composer avec son propre mariage qui bat de l'aile et les tensions au sein de son équipe.
Pour entourer Jean-Pierre Bacri, dans son rôle de prédilection d'éternel bougon, Eric Toledano et Olivier Nakache se sont offert un casting de choix: Gilles Lellouche en DJ, Jean-Paul Rouve en photographe désabusé, Vincent Macaigne en serveur dépressif, Eye Haidara en bras droit ingérable et Judith Chemla en mariée évaporée.
«Une micro-entreprise»
«C'est une micro-entreprise, un collectif qui se serre les coudes, avec des gens venus d'univers très différents, de catégories sociales différentes, d'ethnies différentes, je trouve ça très joyeux», commente Gilles Lellouche.
«On a essayé de raconter comment on fait face aux obstacles: (…) soit en se divisant, soit en essayant de se réunir», estime Eric Toledano.
Pendant deux heures, situations cocasses, imprévus, répliques bien senties et retournements de situation s'enchaînent, rythmés par la musique du compositeur de jazz israélien Avishai Cohen.
Toledano et Nakache «ont une écriture extrêmement fine, un amour des personnages visible (…) C'est de la comédie chic et intelligente, pas un humour troupier avec des scénarios écrits facilement», salue Gilles Lellouche. Les deux compères se sont aussi appuyés sur l'expérience de scénariste de Jean-Pierre Bacri.
«Creuser les mêmes sujets»
Les réalisateurs entraînent parfois leurs personnages jusqu'au bord de l'absurde, sans jamais les tourner en ridicule. «Le rire qui viserait à être condescendant est une forme de facilité qui ne nous a jamais séduits», explique Eric Toledano. Il s'agit plus de «trouver l'humanité dans chacun de ces personnages», complète Olivier Nakache.
«Le sens de la fête» est le sixième long-métrage du duo, qui a connu un succès phénoménal avec «Intouchables», en 2011. C'est devenu le deuxième film français le plus vu de tous les temps en France (avec 19,5 millions de spectateurs). A l'étranger, ce récit où Omar Sy incarne un jeune de banlieue devenu auxiliaire de vie d'un riche bourgeois tétraplégique, joué par François Cluzet, est le film français en langue française ayant eu le plus de succès.
«Ce qui nous fait plaisir, c'est qu'<Intouchables> s'inscrive dans la lignée de nos autres films et ne soit pas un champignon au-dessus des autres», assure Eric Toledano.
En 2014 avait suivi «Samba», toujours avec Omar Sy, et Charlotte Gainsbourg, retraçant l'histoire d'un sans-papiers sénégalais en France.
Avec leur sixième film, et sans Omar Sy cette fois, le duo a le sentiment qu'on s'intéresse désormais moins au phénomène «Intouchables» et davantage à leur filmographie: «Comme les auteurs qu'on admire, on est en train de creuser les mêmes sujets, essayer d'approfondir les mêmes thèmes.»
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