Humeur
Chronique: «Le deuxième sexe, sans mansplaining»
Le deuxième sexe, c’est un état des lieux de la condition féminine, publié en 1949. Simone de Beauvoir commence par dire que les femmes ont toujours été considérées comme l’Autre sexe, inférieur. Pour y trouver une explication, elle s’appuie sur la biologie, la psychanalyse, l’histoire et les mythes. Spoiler: il faut s’accrocher.
Et il faut parfois tellement s’accrocher que je ne risque pas de faire du mansplaining (quand un homme dit à une femme quelque chose qu’elle sait, en la prenant pour une débile), tant je ne suis pas sûr d’avoir bien compris ce bouquin. Et puis, il faut aussi l’admettre: ce livre est parfois très chiant. Surtout la partie historique.
Mais ce passage est nécessaire pour que la conclusion, brillante et rassembleuse, prenne tout son sens. Parce que le deuxième sexe n’est pas un objet culturel, mais scientifique/anthropologique/sociologique/historique, construit sur la base d’un raisonnement aussi logique que rigoureux. Alors forcément, à la fin, il y a quelque chose de fascinant à lire Simone de Beauvoir, réussir, en quatorze pages, à résoudre le puzzle de 806 000 caractères (notes de bas de page comprises) que l’on avait parfois de la peine à assembler dans son propre esprit.
Des mythes à tuer
Ça, c’est pour la forme. Sur le fond, Simone de Beauvoir nous dit ceci (en très gros et si j’ai bien compris):
Exemple: «Si les femmes sont chiantes, c’est qu’elles ont leurs règles.»
Ces raccourcis ne sont rien de plus que la révélation d’une certaine paresse des hommes quant à leur incapacité à essayer de comprendre ces autres êtres humains, qui sont leurs semblables. Parce que oui, ce sont leurs semblables et elles les emmerdent (ça, c’est moi qui ajoute, mais je trouvais que ça sonnait bien).
Alors qu’en est-il septante et un ans plus tard? En voyant notre monde, Simone de Beauvoir ne se retournerait-elle pas dans sa tombe (ou se mélangerait-elle dans son urne)? Certainement.
Et parce que se réunir pourrait entretenir l’idée que les femmes peuvent être résumées à des mythes. Exemple : «Si les femmes font la grève, c’est qu’elles ont leurs règles.»
Parce que le congé paternité n’est toujours pas aussi long que le congé maternité. Parce que Marc Bonnant. Parce que les scénaristes préfèrent faire jouer Zorro et 007 par des femmes, plutôt que d’inventer de nouvelles héroïnes badass. Parce que j’ai encore de la peine à admettre que ce n’est pas la taille qui compte, surtout celle des certitudes qui remplissent mon slip.
Parce que je l’écris, mais ce n’est pas à moi de m’en mêler, tout en devant y être attentif. Et puis il y a la question des femmes* et des femme.x.s, mais c’est au fond la même question: les mythes reliés aux genres. Parce que toutes ces choses en tant d’autres, il reste du boulot. On a des mythes à tuer et moi j’ai un tome II de 600 pages à lire.
Vous avez aimé ce contenu? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos nouveaux articles!