actu mode
Vivienne Westwood: son mari Andreas Kronthaler reprendra le flambeau
Macabre fable en haute couture drapée de latex et de tartan épinglé: 2022 aura été singulièrement funeste dans le domaine du glamour. En l’espace de douze mois, la mode devenait soudainement orpheline de ses principaux oracles en prévisions stylistiques. Un peu comme si la disparition des visionnaires d’hier amplifiait l’urgence pour la mode de s’inventer des lendemains qui chantent avec de nouveaux codes en harmonie sur une planète à l’agonie.
Pour commencer, Manfred Thierry Mugler tirait son ultime révérence le 23 janvier 2022. D’un coup, le surdoué de la coupe vertigineuse façon science-fiction, qui avait fait du futur sa signature, se mutait en fétichiste devant l’Éternel. Puis, pour clore ce cruel agenda du chic, nous apprenions sur le compte officiel Instagram de Vivienne Westwood la mort de la designer le 29 décembre 2022.
«Vivienne Westwood est décédée aujourd’hui, paisiblement et entourée de sa famille, à Clapham, dans le sud de Londres», précisait le communiqué. Le choc était proportionnel à sa popularité et à son incroyable longévité dans un secteur qui a l’habitude d’idolâtrer ses nouveaux visages avant de les jeter comme des vieux kleenex. Rebelle au nom de toutes les causes pour lesquelles elle n’a jamais cessé de se battre, Vivienne Westwood carburait à l’état d’urgence. Son anticonformisme l’a immanquablement instituée en reine des punks dès ses débuts, dans les années 70.
Souverainement anti-reine
Souveraine d’un mouvement qui scandait à l’unisson l’hymne controversé God Save The Queen des Sex Pistols sous la bannière peinturlurée du slogan No Future, Vivienne Westwood était quant à elle en permanence dans l’instant présent. Furieusement. Anti-reine par excellence, Dame Vivienne Westwood se faisait anoblir sans culotte sous sa jupe par la reine d’Angleterre en 1992, autre figure historique disparue en 2022.
Buy Less, Choose Well
À l’image du manifeste sur son t-shirt, Buy Less, Choose Well, Make it Last (soit: achetez moins, choisissez bien, faites durer), elle incitait à renoncer aux dérives de la consommation effrénée. Un paradoxe de la part d’une des représentantes les plus illustres d’une industrie qui, par définition, vit au rythme des nouvelles collections? Pas tant que ça.
Plutôt que chercher à étouffer ses contradictions, elle embrassait ses antagonismes dans une intelligence rare et une intégrité absolue. Les postures «glamour à mort» et «à mort le capitalisme» sont capables de cohabiter sans se cannibaliser. Vivienne Westwood était une taoïste revendiquée, ça aide.
De tous ses combats, son engagement pour l’environnement est celui qui reste le plus marquant, en écho avec l’évolution chaotique du monde. En 2021, elle dénonçait le capitalisme comme source principale du dérèglement climatique lors d’une conférence à Londres:
À ses côtés depuis leur première collection commune en 1991, le designer autrichien Andreas Kronthaler reprendra le flambeau pour perpétuer la philosophie durable et éthique de la maison.
Le jour après la disparition de Vivienne Westwood, Le Monde republiait une interview qu’il avait accordée au quotidien en 2021: «C’est Vivienne qui m’a appris à éteindre la lumière, à ne pas utiliser trop d’eau, ni trop souvent la machine à laver, à ne pas imaginer trop de vêtements, à ne rien acheter qui contienne du plastique, autrement elle pète les plombs!» La mission continue.
Vous avez aimé ce contenu? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos nouveaux articles!