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Interview: les mille facettes de Carlos Leal
De passage pour deux jours en Suisse, Carlos Leal s’est prêté avec talent et gentillesse à la séance de photos. On souhaitait montrer sa double appartenance, à Los Angeles et à ici. On a choisi la piscine de quartier de Montétan, pas très loin de Renens, la ville où Carlos Leal a grandi. Comme quoi, du glamour, il y en a partout. Il est arrivé avec sa mère, qui faisait le chauffeur pour l’occasion. On parle de ses projets et aussi de ce que signifie être un homme, aujourd’hui.
FEMINA Vous habitez à Los Angeles, mais vous êtes quelques jours en Suisse, expliquez-nous pourquoi…
Carlos Leal: Je suis venu présenter un travail de photographie dans une galerie à Zurich et qui est la même que celle qui était exposée à la galerie Abstract, à Lausanne. Elle s’intitule «I need a dollar, and a dollar is what I need», qui montre le contraste entre la fantaisie Hollywood et la réalité dans les rues de LA.
Après Carlos Leal chanteur, puis acteur, voilà le Carlos Leal photographe?
J’ai toujours aimé la photographie, mais je n’ai jamais osé me lancer. Pendant le lockdown, je manquais de possibilité de m’exprimer, j’avais besoin de bouger, de sortir de chez moi. J’ai investi dans un bel appareil et j’ai photographié les endroits les plus sombres de Los Angeles, loin du glamour habituel. J’ai découvert le vrai LA, essayé de l’apprivoiser. On n’imagine pas à quel point c’est la misère, là-bas. Une misère comme j’en ai rarement vu, parce que les gens sont totalement abandonnés.
Et le cinéma?
Je joue dans un film qui vient de sortir aux États-Unis, Father Stu, l’histoire d’un boxeur qui devient prêtre, avec Mel Gibson et Mark Wahlberg. Je fais beaucoup de castings actuellement.
Ça doit être compliqué d’avoir à s’exposer comme ça, en permanence…
Oui, je travaille comme un malade. Et se préparer pour un casting n’est pas rémunéré… Mais je préfère ça que de courir les soirées hollywoodiennes pour essayer de se faire remarquer et se faire engager pour les mauvaises raisons.
Et quels sont vos projets en Suisse?
J’ai tourné une mini-série pour la RTS écrite par Frédéric Recrosio, Avoir l’âge. J’ai adoré! Je pense que c’est mon rôle préféré: l’histoire d’un virtuose du piano en pleine crise existentielle. Il est tellement à bout qu’il n’a plus de filtre, et il se met à faire des choses incroyables. La série sera visible en septembre.
Vivre à LA, c’est pour toujours?
C’est sûr à 100% que je vais revenir. Je ne veux pas mourir là-bas. J’ai réalisé des rêves, jouer avec Al Pacino ou William Dafoe, par exemple, et ce n’est certainement pas fini. Mais j’ai un lien indestructible avec l’Europe. Ce lien avec d’où je viens me donne une immense énergie. Dans le langage hip-hop, ce que je fais, je le fais pour ma clique.
Les revendications féminines poussent la société à changer, et les hommes aussi. Comment voyez-vous ce moment particulier de l’histoire des relations entre les genres?
C’est un sujet délicat. Je n’ai jamais vécu avec l’idée d’une masculinité triomphante ou dominante. J’ai toujours été très proche de ma mère. J’ai vu que mon père souffrait de devoir toujours assurer et assumer ce rôle d’homme qui travaille beaucoup pour ramener l’argent à la maison. Je suis un artiste, j’ai une part très féminine en moi et en même temps, quand on me voit sur les photos, on voit un mec. Je joue sur les deux.
Mais il faut aussi savoir que l’homme est fragile et que cette fragilité reste un tabou. Non, moi je ne veux pas être Trump ou Superman. Oui, je veux pouvoir pleurer et dire quand je me sens au fond du bac ou pas à la hauteur. Du moment qu’il pleure, souvent l’homme pleure plus longtemps que la femme. J’ai une femme et deux enfants, et on essaie justement de laisser place à nos émotions. Quand on a quelque chose à se reprocher ou à se dire, on s’écoute, sans s’interrompre, en laissant l’ego de côté. Voilà une des choses que j’ai apprises en Californie.
Shooting photo
Les photos de Carlos Leal, parues dans le magazine Femina du 22 mai 2022, ont été réalisées à la piscine de Montétan, à Lausanne (VD), sous la direction artistique de Naila Maiorana. Les photos sont signées Lauretta Sutter. Le stylisme a été assuré par Bruna Lacerda, tandis que la mise en beauté a été réalisée par Sandrine Thomas. La production du shooting a été gérée par Caroline Oberkampff-Imsand.
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