robes de mariée
Interview: Delphine Manivet, créatrice de rêve
FEMINA Comment naît l'idée d'une robe de mariée?
Delphine Manivet L’inspiration me vient souvent quand je suis entourée de femmes, par exemple lorsque je les vois bouger ou marcher dans la rue, à la plage ou ailleurs. Je les imagine tout de suite dans un certain vêtement. Ce que j’aime avant tout dans mon métier, c’est pouvoir rendre les femmes belles. Je suis toujours dans cette recherche afin de trouver LA robe qui sublimera celle qui la porte. La particularité de la robe de mariée, c’est qu’elle doit garder une très forte notion d’intemporalité. Cela exige une quête d’élégance, de grâce et de joliesse. Le plus important est que la mariée se reconnaisse et se dise dans trente ans, en regardant ses photos de mariage: «J’ai bien fait, c’était une jolie robe et elle m’allait bien!».
Quels sont les principaux trends actuels?
Lorsque j’ai commencé il y a une dizaine d’années, il y avait vraiment des tendances globales. Aujourd’hui, la France a sa propre patte. Par exemple, comme les femmes se marient beaucoup plus tard qu’avant, ont souvent des enfants ou vont en avoir très rapidement, elles veulent consacrer un budget moins important à leur robe de mariée. Celle-ci s’avère également beaucoup plus simple qu’auparavant - moins de voiles, de traînes, etc. C’est vraiment l’idée d’une robe facile à porter, très proche du prêt-à-porter et que l’on pourra remettre. La robe symbolise moins un changement ou un nouveau départ dans la vie des femmes, mais plutôt une continuité.
Que pourriez-vous conseiller à une future mariée?
On a un peu perdu le côté transmission entre femmes. Avant, la grand-mère expliquait à sa petite-fille à quel point le moment du mariage était important, allait compter et la construire en tant que personne. Moi, je pense qu’on a toutes besoin de vivre pleinement ce moment-là, qu’on se marie ou pas. La tendance de faire les choses très simplement et légèrement se révèle donc un peu excessive. Il faut se dire qu’on ne va se marier qu’une fois, a priori!
Le conseil principal est de choisir un vêtement en adéquation avec qui on est, mais aussi avec le lieu et le temps. Est-ce un mariage à la campagne, sur la plage, en ville? Y a-t-il une cérémonie religieuse? Tous ces détails, qui paraissent insignifiants, comptent réellement dans le choix d’une robe de mariée. C’est aussi valable pour les accessoires. Ensuite, il faut essayer, les mettre devant soi et voir si ça marche. Souvent, il y a des surprises. Les mariées arrivent avec une idée en tête et, une fois qu’elles essaient, elles changent d’avis. Au final, elles repartent en ayant choisi totalement autre chose.
Une faute de goût à éviter?
La pire faute de goût, à mon avis, ce sont les robes en soie sauvage ivoire avec des fleurs piquées bordeaux. Elles existent depuis toujours. Ce n’est vraiment pas possible et je n’en ferai jamais! Il ne faut pas non plus que la mariée suive à la lettre des conseils relatifs à son type de morphologie: c’est toujours à côté de la plaque. Je suis, et je travaille, à l’inverse de tous ces codes classiques.
Pour cette collection la Redoute, qu’est-ce qui vous a inspiré?
Je crée ce que j’aimerais voir porté par mes amies. C’est une démarche organique. L’idée de cette collection était de m’exprimer sur des robes intemporelles. Des modèles jolis et classiques, avec une bonne coupe et qui vont à la plupart des femmes. Il faut prendre en compte que l’on s’adresse à la multitude. On essaie donc vraiment de faire en sorte qu’un 36 soit un très bon 36. On propose un produit de prêt-à-porter efficace avec toute notre expertise de la couture «sur-mesure».
Cela fait plusieurs saisons que vous collaborez avec la Redoute. En quoi ce concept vous séduit-il? (Découvrez dans la galerie les visuels de la collection)
C’est très agréable pour un créateur de pouvoir sortir de son studio et de voir comment on travaille ailleurs. Mes équipes et moi faisons du sur-mesure pour des particuliers. C’est enrichissant de comprendre le processus de production de masse et ses contraintes, tout en faisant en sorte qu’un vêtement aussi spécial que la robe de mariée reste joli. La Redoute est vraiment respectueuse avec les créateurs. On ne nous impose pas de ligne, on est hyper libres. Mais il faut quand même faire des compromis… On ne peut pas utiliser toutes les matières qu’on aimerait, parce que le but est que ce produit reste accessible. Cela le démocratise et permet à de nombreuses jeunes femmes de s’offrir une belle robe.
A titre personnel, pourquoi vous être lancée dans les robes de mariée?
Lorsque je me suis mariée en 2003, cela s’est fait tout simplement. Je travaillais à l’époque dans la couture, chez Rochas. Je cherchais ma robe de mariée, mais n’avais aucune idée. J’ai alors fait le tour de pas mal de créateurs sans rien trouver qui me correspondait. C’était soit trop «meringue», soit cheap. J’ai donc créé ma propre robe de mariée et, par la suite, celles de mes amies. Il y a dix ans, il n’y avait personne dans mon créneau. J’ai eu la chance d’ouvrir la voie vers un nouveau genre de robes de mariée.
© Jalouse
A l’époque, les rédactrices mode qui se sont intéressées à moi étaient assez surprises. Ma première «couverture» a été celle du magazine Jalouse, une robe portée par Joséphine de la Baume. Cela a donné une image plus «mode» au mariage, qu’il n’avait pas à ce moment-là. Ensuite, il y a eu les célébrités. Elles ont incontestablement fait entrer le mariage dans une catégorie plus fun.
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