Là-haut sur la montagne
Edelweiss, orpin rose, plantain, les plantes des Alpes dopent la cosmétique
Une étoile blanche et duveteuse à l’air un peu revêche: l’edelweiss cache bien son jeu. Sous une apparente fragilité, son extraordinaire pouvoir antioxydant en a fait la star des cosmétiques anti-âge jouant sur la suissitude. Avec légitimité. Mais d’autres plantes plus étonnantes font leur apparition au rayon beauté, comme le génépi, le plantain ou la mauve. Alors que tout le monde veut consommer local et bio, les marques qui misent sur la pharmacopée alpine ont tout bon.
Isabelle Gabioud cultive une cinquantaine de plantes aromatiques et médicinales sur les hauts de Sarreyer, dans le val de Bagnes. Elle en garde une partie pour ses propres préparations sous le label Les Simples, et fournit de nombreux clients, comme la jolie marque Pharmalp, installée à Conthey. «Toutes les plantes qui poussent en haute altitude sont très concentrées en principes actifs. Elles subissent des températures élevées le jour, froides la nuit, une exposition au rayonnement solaire, ce qui explique leur richesse en antioxydants.» Autrement dit: en protégeant nos cellules de l’oxydation, elles ralentissent le vieillissement.
Les plantes adaptogènes
Jadis menacé de disparition et classé parmi les espèces protégées, l’edelweiss est aujourd’hui une plante à la culture florissante. «Elle se plaît beaucoup chez nous, le climat est idéal, elle se développe bien et offre un bon rendement, ce n’est de loin pas la plante la plus chère aujourd’hui sur le marché», explique Isabelle Gabioud.
D’autres cultures sont plus délicates, comme la Rhodiola rosea, ou orpin rose, une plante adaptogène très en vogue. «Il faut cinq ans avant de pouvoir récolter cette plante dont on utilise la racine – elle ne va donc pas repousser, détaille encore l’agricultrice valaisanne. Mais effectivement, la demande est en augmentation, alors on la cultive malgré les contraintes.» Les plantes adaptogènes augmentent la capacité du corps humain à s’adapter aux situations de stress, physique et psychique. Si l’orpin rose est un remontant classique de l’humeur utilisé contre les états anxieux ou la fatigue nerveuse, on le trouve depuis peu dans les soins pour la peau, comme dans L’Or des Alpes de la marque Alpeor (voir notre sélection).
Interview: Aurélie Garcia, l’une des pharmaciennes à l’origine de la marque Dermafora
FEMINA Pourquoi une marque de dermo-cosmétique suisse? Il en existe déjà beaucoup dans ce créneau…
Aurélie Garcia Vous avez raison, il y a déjà beaucoup de marques. Le point de départ a été les pharmaciens. Ils voient tous les jours au comptoir des personnes qui présentent des intolérances à leur routine cosmétique ou qui recherchent des formules plus simples, mieux tolérées par la peau et plus respectueuses de l’environnement.
Qu’est-ce que celle-ci a de plus?
L’expertise des pharmaciens, qui ont un savoir-faire à mettre en avant, en phytothérapie mais aussi dans les molécules les plus efficaces à disposition. La marque Dermafora est née de ce mélange de connaissances entre la pharmacopée suisse et les derniers principes actifs issus de la recherche en dermo-cosmétique. L’ancrage local est ainsi très fort, les bureaux sont à Villars-sur-Glâne, la production à Châtel-St-Denis, les plantes produites et/ou extraites pour la plupart en Valais.
Quels ont été les premiers besoins que vous avez identifiés?
Je dirais d’abord les peaux déshydratées et les peaux sensibles. Nous avons développé 5 gammes qui ciblent des problématiques mais qui s’adressent à tout le monde. Il y a une trentaine de produits pour l’instant, à combiner selon les besoins: sensibilité, hydratation, anti-âge, imperfections, éclat. D’autres produits vont suivre. Grâce à ce rapport privilégié avec les pharmaciens, nous sommes à l’écoute des clients qui nous demandent déjà d’autres produits, pour le corps notamment.
Pourquoi ne pas avoir choisi la filière bio?
Nous avons pris des extraits bios lorsque c’était possible, et aussi issus du commerce équitable. C’était important pour nous et ce n’est de loin pas toujours le cas. Nos formules sont transparentes et clean. La naturalité de nos produits est élevée, même si on ne le met pas beaucoup en avant, car la législation est très stricte et va l’être encore plus. Nous avons pour la majorité des produits autour de 89 à 95% d’ingrédients d’origine naturelle, jusqu’à 98% pour l’eau micellaire.
Comment se démarquer sur un marché saturé, y compris dans la dermo-cosmétique?
L’une de nos spécificités est l’eau, puisée dans la région et déminéralisée, d’une pureté équivalente à celle utilisée pour les médicaments topiques. C’est la démarche contraire des gammes à l’eau thermale qui mettent en avant les minéraux et oligoéléments de leurs sources. Nous fonctionnons avec des circuits courts, comme une consommation responsable le préconise. Et dernier point important, nous voulions proposer une gamme de prix abordables pour un label Swiss made.