C'est votre histoire
«Je souhaite redonner confiance aux femmes»
En ce moment, le coronavirus complique la vie de tout le monde, mais j’ai la chance de pouvoir travailler. Je pose pour des campagnes de pub, car les gens ont besoin de se remonter le moral, et faire du shopping, même en ligne, est un bon moyen de se faire plaisir. J’ai notamment été modèle pour Skims, la marque de lingerie gainante de Kim Kardashian au succès extraordinaire, les produits sont sold-out à peine sortis. J’ai également pu défiler à la Fashion Week de Dubaï, c’était d’ailleurs la première fois qu’un mannequin grande taille y paraissait. Eh oui, depuis l’année passée, je gagne ma vie comme modèle plus size, un métier que j’ai commencé l’année de mes 30 ans! Comme quoi, tout est possible, et c’est le message que je voudrais faire passer.
S’il y a une chose que la pandémie m’a appris, c’est la flexibilité, moi qui suis plutôt control freak. On doit sans cesse se réinventer et c’est plutôt positif. J’ai même dû annuler ma fête de mariage. Mon planning change tout le temps, mais j’essaie de voyager quand même pour les shootings et les castings. J’en ai eu un pour Huda Beauty récemment qui s’est très bien passé, j’en ai un autre prévu avec Estée Lauder.
Débuts à 30 ans
Je suis née et j’ai grandi à Sion, avec des origines culturelles multiples. Mon père vient de l’île Maurice, il est moitié Indien, moitié Africain, ma mère est franco-espagnole. Ils se sont rencontrés en Valais et ont décidé de s’y installer, car ils adoraient les montagnes et la convivialité des gens. J’ai fait mes études de tourisme à la HES-SO de Sierre, mais il y avait peu d’opportunités en Valais. Après plusieurs boulots, j’ai déménagé à Genève pour travailler au département marketing d’une multinationale et ai adoré ces années riches en expériences et en rencontres. Toutefois, j’avais toujours eu envie de faire du mannequinat. En 2015, je me suis monté un book et j’ai tapé à toutes les portes, en Suisse, mais aussi à Paris. Personne n’était intéressé par mon profil. J’étais évidemment très déçue. Je n’ai cependant jamais abandonné ce rêve. Ca n’était juste pas encore le moment.
L’an dernier, je me suis installée à Dubaï avec mon compagnon, devenu mon mari depuis. J’ai profité de ce changement de pays pour tenter de relancer ma carrière de mannequin et… bingo, de nombreuses agences étaient prêtes à m’engager. J’ai préféré me concentrer sur le Moyen-Orient pour des raisons familiales, mais on me proposait des contrats partout, à Los Angeles, etc.
Dubaï est une ville qui vibre, où les opportunités sont nombreuses. Mais il faut se lever tôt pour aller gagner son argent. Il n’y a pas d’impôts, mais il n’y a pas non plus d’assurance chômage ou d’AVS. Comme aux Etats-Unis, c’est un pays où tout est possible, mais il faut travailler dur et faire preuve de débrouillardise. J’ai vraiment de la chance d’avoir pu intégrer le milieu de la mode. J’ai un physique qui convient au marché du Moyen-Orient, brune avec les cheveux frisés.
Je suis souvent la plus âgée sur les shootings, mais qu’importe! Je me plais ici, même si la Suisse me manque beaucoup et que je reviens voir ma famille, mes amis, dès que je peux. Je n’avais jamais eu l’occasion de vivre ailleurs auparavant et j’ai réalisé que notre pays était un peu ennuyeux côté vie nocturne, surtout pour les jeunes. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont adeptes des week-ends à l’étranger pour faire la fête. Ici, à Dubaï, il y a une majorité d’expats et on va plus facilement vers les autres pour se faire des amis.
Plus de diversité dans les magazines
Oui, le monde évolue, il a tourné trop longtemps autour de la minceur comme unique critère de beauté. Les médias doivent davantage montrer la diversité. Je trouve tellement formidable de participer à ce changement. Je voudrais en faire davantage, aller au-delà des images, de la façade, montrer qu’il y a un but derrière ça. J’ai le projet de monter des ateliers pour aider les femmes à s’accepter, leur redonner sourire et confiance en elles. Ce n’est pas évident, ça prend du temps de se connaître, de s’apprécier à sa juste valeur, de se mettre devant le miroir et de se regarder honnêtement, tel qu’on est, avec nos qualités et nos défauts.
J’ai fait un long chemin pour ça. Ronde dès l’enfance et métisse, en plus en Valais, ce n’était pas facile de se construire! Le travail est surtout intérieur: identifier les blessures, les traumatismes de l’enfance, analyser les valeurs qu’on nous a transmises, déconstruire nos croyances. L’aspect extérieur, la mode, la beauté, vient en dernier dans ce processus: il faut plus qu’un relooking pour se sentir vraiment bien dans sa peau. C’est cependant loin d’être futile.
J’ai encore de nombreuses expériences à vivre ici, à Dubaï. C’est un pays jeune, dans les années 50, il n’y avait que du sable! Certes, il y a un côté qui peut paraître artificiel, comme la construction d’îles, mais si on regarde de plus près, c’est un pays multiculturel où on se sent en sécurité et il y a aussi des panneaux solaires dans le désert pour répondre à la consommation d’énergie.
J’ai bien entendu encore beaucoup de rêves dans le monde du mannequinat: défiler pour de grands couturiers français, faire des couvertures de magazines, etc. Et je compte bien les réaliser.
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