témoignages
«J’ai obtenu mon CFC à 56 ans»
Depuis un mois et demi, je suis assistante médicale. Au premier essai, l’an dernier, lors de mes examens du CFC d’assistante médicale, j’ai échoué pour la partie pratique. Je n’étais pas au top côté moral, car je venais d’avoir un décès dans ma famille. J’ai repassé l’examen et c’est bon j’ai mon CFC, après trois ans et demi d’études à plein temps.
J’ai beaucoup aimé ces années qui m’ont enrichie et appris beaucoup de choses, mais j’avoue que je ne suis pas mécontente d’en avoir terminé. Maintenant, je vais de l’avant. J’ai 56 ans, je peux exercer un métier qui me convient et profiter du salaire qui va avec, puisque le CFC valide cet aspect-là également.
«J’ai décidé de ne rien cacher de mon cancer»
Cancer et reconversion
Le 12 juin, j’ai passé mon dernier examen. J’avais déjà commencé à chercher du travail tout en m’inscrivant au chômage et après une première expérience qui ne me convenait pas, un médecin proche de chez moi, chez qui j’avais postulé auparavant, m’a appelée pour un remplacement. Je travaille chez lui à 60% comme assistante médicale et tout se passe très bien. Même si c’est du temporaire, c’est un excellent début pour moi.
Celui d’une nouvelle vie professionnelle. Je sais que ce n’est pas évident à mon âge de trouver un poste, les employeurs ont une part plus importante à payer pour les assurances sociales. J’ai préparé mes arguments: je n’ai pas de bébé à garder, plus de soucis d’enfants malades. Par ailleurs, mon expérience de vie et mon âge rassurent les patients. Il me reste huit ans à travailler!
Aujourd’hui, je suis doublement heureuse. Pour l’obtention de mon CFC bien sûr, mais aussi parce que depuis le dernier rendez-vous chez mon oncologue, mi-juillet, j’ai la confirmation de ma rémission. Si je parle de ce rendez-vous, c’est parce que le choix de me lancer dans un CFC est intimement lié au cancer du sein que j’ai développé à 50 ans. Quand il a été diagnostiqué, je travaillais depuis cinq ans au CHUV, en gériatrie, comme assistante en soins et santé communautaires.
Mais à la suite du traitement et aux douleurs qu’il entraînait, il devenait clair que je ne pouvais plus m’occuper physiquement des patients comme il le fallait. L’hôpital m’a demandé de penser à une reconversion.
J’ai eu beaucoup de chance car l’assurance invalidité m’a soutenue et a payé ces cours qui duraient trois ans à plein temps! En parallèle, et depuis mon cancer, je suis bénéficiaire d’une rente à 40%.
Rêve de petite fille
Devenir infirmière était un rêve de petite fille. Victime d’un grave accident de la route à 14 ans, j’ai passé plusieurs mois hospitalisée. Cela a renforcé mon souhait de devenir infirmière. Je terminais ma scolarité obligatoire, mais il fallait que j’attende mes 18 ans pour ça. Je me suis alors orientée vers la profession de laborantine en biologie et j’ai exercé ce métier pendant plus de vingt ans.
Vers 40 ans, après avoir travaillé dans plusieurs laboratoires de Lausanne et environs, j’ai senti que j’arrivais en bout de course: je ne trouvais plus ce que je voulais.
C’était une vie rock’n’roll, ma fille était petite et je l’élevais seule. J’avais besoin de changement, de challenge. J’ai commencé le gymnase du soir pour entrer dans une école d’infirmières. Ça a duré trois ans. Et puis un échec lors d’un stage en psychiatrie m’a complètement désarçonnée. Je ne suis pas allée au bout de mon rêve initial. J’ai bifurqué vers un CFC d’assistante en soins et santé communautaires, bouclable en un an au lieu de trois, puisque je sortais de trois ans d’études de soins infirmiers HES. C’est ainsi que je suis entrée au CHUV.
Finalement, cette formation, qui m’offrait un statut un cran au-dessous du métier d’infirmière, m’a permis d’être beaucoup plus au contact des patients et de me rapprocher d’eux.
En classe avec des filles de 18 ans
En reprenant les cours après le traitement que j’avais subi pour mon cancer, j’ai eu peur que mes neurones soient grillés. Tout au contraire, ce projet s’est révélé purement et simplement vivifiant. Il m’a clairement tirée vers l’avant. Même si ce n’était pas évident de se retrouver en classe avec des jeunes filles de 18 ans parfois peu motivées. J’ai aussi fait de jolies rencontres, comme cette boulangère de 35 ans qui se reconvertissait parce qu’elle était devenue allergique à la farine.
Parallèlement, ma fille de 22 ans va commencer un apprentissage après s’être essayée au droit. J’espère que mon parcours va l’inspirer et lui montrer qu’un CFC est aussi une voie possible dans une carrière professionnelle. Je suis fière de mon parcours. Je n’ai pas fait de crise de la quarantaine ni de la cinquantaine, j’ai fait des formations tous les dix ans! Pour les 60? Je suivrai peut-être des cours en auditrice libre, pour alimenter mes neurones et continuer à leur faire faire leur petite gymnastique.
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