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angoisse et inquiétude

Comment gérer le sentiment d'impuissance, face au contexte actuel?

Comment gerer le sentiment dimpuissance face au contexte actuel

S'il est normal de se sentir angoissé-e et impuissant-e face aux catastrophes qui s'enchaînent, la psychologue FSP Adèle Zufferey nous conseille de reprendre du pouvoir en agissant à notre échelle, même via de toutes petites choses, afin de ne pas concevoir notre impuissance comme une essence: «Nous sommes toutes et tous puissant-e-s à notre niveau», estime-t-elle.

© GETTY IMAGES / LOURDES BALDUQUE

FEMINA Nous sortons à peine de la crise du Covid-19, et voilà qu’éclate la guerre en Ukraine. Cette actualité catastrophique donne l’impression que ça ne s’arrêtera jamais…
Adèle Zufferey Cela peut effectivement donner le sentiment de ne pas avoir de répit, et par conséquent, mener à un phénomène de résignation apprise: il s’agit d’un état d’esprit caractérisé par la renonciation, car l’on part du principe que les catastrophes vont de toute façon se succéder, sans qu’on puisse rien faire. On l’a notamment observé durant les différentes étapes de la pandémie: la première vague a constitué un choc, suivi d’une phase d’espoir pendant laquelle les choses se calmaient un peu. Puis, d’autres vagues se sont relayées, suivies d’autres moments d’amélioration… Ces variations constantes ont créé l’impression que les événements difficiles vont continuer à s’enchaîner, que nous allons continuellement passer d’une crise à une autre. Nous vivons alors dans un état d’attente, un sentiment général d’impuissance qui nous renvoie à la fragilité de nos existences. Ce sont des rappels très difficiles, pouvant mener au désespoir. Et cette idée d’impuissance a un impact direct sur la santé mentale des gens.

On dirait que les événements récents ont brisé notre bulle: on pensait que cela ne pourrait jamais nous arriver, et pourtant…
Oui, nous devons encaisser des réalités crues, de manière très forte. Or, nous ne manquions pas d’alertes: les scientifiques évoquaient la possibilité d’une pandémie mondiale depuis une dizaine d’années, la guerre avec l’Ukraine menace depuis 2014, la crise climatique est redoutée depuis trente ans… Nous étions peut-être tombé-e-s dans une forme d’optimisme irréaliste, une passivité bienheureuse, en partant du principe que tout allait forcément bien se passer, que tout irait bien sur le long terme. Mais malheureusement, tous les problèmes qui nous avaient été annoncés se sont enchaînés et les catastrophes surviennent toutes en même temps, comme si l’échéance nous était tombée dessus d’un seul coup.

Comment garder espoir alors, dans un tel climat?
L’espoir est de toute façon permis! Tous ces événements représentent une claque de réveil et les gens vont commencer à réagir. La pandémie constitue une expérience dont nous avons pu tirer des leçons. Le changement climatique fait énormément réagir, si bien que certains politologues commencent à se montrer plus ouverts aux questions écologiques. Oui, le réveil est brutal, mais c’est ce type de réveil qui nous permettra de changer les choses, de tendre vers un avenir plus attentif, plus réaliste et plus alerte dans ses questionnements.

C’est plus compliqué dans le cas de la guerre en Ukraine, non?
Le cas de la crise en Ukraine est différent, car nous sommes encore plus impuissant-t-es. Or, partout dans le monde, les gens réalisent, manifestent, se mobilisent, soutiennent la population ukrainienne… Il faut aussi accepter que nous ne pouvons malheureusement pas avoir de contrôle sur tout, que certaines choses nous échappent. Bien sûr, la réalité est très angoissante, mais ce n’est pas en passant des soirées entières devant la télévision à nous inquiéter que nous allons arrêter la situation.

Justement, face à ces immenses événements, on se sent tout d’un coup très petit et futile… Comment gérer ce sentiment d’impuissance?
En essayant d’avoir du pouvoir sur les choses qui sont à notre échelle. On ne peut pas tout faire, notamment en ce qui concerne la crise climatique. Mais le fait d’avoir quand même une action citoyenne, de prendre les devants, de soutenir une cause, nous prouve au moins que nous pouvons avoir un impact, aussi petit soit-il. On peut s’engager politiquement, manifester, faire du bénévolat… Ce sont des choses accessibles, atteignables, qui nous rendent un peu de pouvoir. Cela nous montre que, même si beaucoup de choses ne vont pas, il y a des personnes qui aident, qui se démènent, qui font des efforts… L’important est de reprendre le pouvoir sur ce qu’on peut, sans tomber dans une passivité pessimiste, ni dans une positivité irréaliste: il faudrait plutôt viser une activité optimiste. Au niveau de notre quotidien, de toutes petites choses peuvent également aider, comme le fait de faire pousser des plantes, d’aider les animaux, de trier nos déchets, de s’informer. L’impuissance n’est pas une essence, nous sommes toutes et tous puissant-e-s à notre niveau.

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