Viol: Evan Rachel Wood veut supprimer un clip de Marilyn Manson

En février 2021, Evan Rachel Wood témoignait publiquement pour la première fois. Sur son compte Instagram, l’actrice déclarait avoir été agressée par Marilyn Manson, le chanteur dont elle avait été la compagne de 2007 à 2010. Suite à son courageux témoignage, d’autres femmes ont elles aussi pris la parole. À ce jour, le rockeur fait l’objet d’une douzaine d’accusations de viols, de violences conjugales et d’agressions sexuelles, qu’il renie en bloc.

Le calvaire de l'interprète de la série Westworld ne s’arrête pas là: à chaque fois que l’on tape son nom sur Google, l’internaute est systématiquement renvoyé sur le violent clip Heart-Shaped Glasses de Marilyn Manson. Sorti en 2007, le tournage a été un traumatisme pour la jeune femme, puisque le chanteur l’a violée lors de ce dernier. «Nous avions discuté d’une scène de sexe simulé, mais une fois que le réalisateur a dit «action», Marilyn Manson a commencé à me pénétrer pour de vrai», témoigne Evan Rachel Wood dans le documentaire Phoenix Rising, sorti sur HBO mardi 15 mars 2022.

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La non-réaction de YouTube

En apprenant ces faits, l’activiste américaine Victoria Ambrose, qui se décrit comme une avocate pour les victimes de violences domestiques, a lancé une pétition pour demander le retrait du clip de YouTube et des autres plateformes. Relayée par Evan Rachel Wood, la pétition compte, à ce jour, plus de 43’000 signatures.

Via un communiqué transmis à la presse, la plateforme de Google a fait savoir qu’elle ne comptait pas effacer la vidéo comptabilisant plus de 32 millions de vues: «Nous suivons la situation de près et prendrons les mesures nécessaires si nous déterminons qu’il y a une violation de nos directives en matière de responsabilité des créateurs.» Traduction? La parole de la victime ne suffit pas. Selon les modalités de YouTube, seul le fait que Marilyn Manson avoue avoir violé l’actrice dans la vidéo en question pourrait aboutir au retrait du clip.

Dans une longue interview accordée à The Cut le 15 mars 2022, Evan Rachel Wood a fait savoir qu’elle poursuivrait le combat pour que son viol cesse d’être «accessible à toute personne disposant d’une connexion internet et d’une curiosité morbide». C’est également ce qui a poussé l’actrice à se confier dans le documentaire réalisé par Amy Berg: pour Evan Rachel Wood, Phoenix Rising était une chance de pouvoir raconter son histoire, bien loin de l’image de «petite amie folle» à laquelle plusieurs tabloïds l’ont renvoyée. Si témoigner ainsi a été cathartique pour la jeune femme, cela a également été difficile de voir sa famille, et notamment ses parents, être confrontés à son récit glaçant.

Toutefois, Phoenix Rising est une délivrance pour la comédienne, un moyen de laisser cette histoire derrière elle en la racontant une dernière fois. Elle confie avoir hâte de «ne plus avoir à parler de tout cela». Mais un nouvel obstacle se dresse encore sur sa route: suite à la diffusion du documentaire, Marilyn Manson a porté plainte pour diffamation. Les deux parties devront probablement se faire face lors d’un procès. «C’est triste, mais c’est comme cela que ça fonctionne, a-t-elle confié à The Cut. C’est ce que vivent tous les survivant-e-s qui tentent d’exposer quelqu'un en position de pouvoir, cela fait partie des représailles. C’est pour cela que la plupart des gens n’osent pas parler.» Mais avec force et courage, elle conclut sur une note d’espoir, malgré la difficulté des moments traversés: «Il y a une liberté incroyable induite par le fait d’oser arracher le pansement et de faire la chose dont vous avez le plus peur au monde.»