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En contact permanent avec les manifestants des autres pays grâce à Internet, ses occupants sont bien décidés à protester aussi longtemps qu’il le faudra pour faire entendre la voix des oubliés de la prospérité et s’opposer à la tyrannie de la globalisation. Parmi eux, plusieurs femmes.

«Le système actuel est profondément injuste, il écrase la majorité des gens» remarque Clémentine Gilliéron, 19 ans, qui a terminé ses études d’art appliqué et s’investit dans le campement en tant que trésorière et responsable des relations publiques. «Notre volonté est de proposer quelque chose de nouveau, et non des solutions toutes faites par des partis ou des puissances économique. C’est un idéal, c’est peut-être de l’utopie, mais c’est ce que nous vivons. Nous sommes un petit laboratoire d’expérimentation pour imaginer un système nouveau».Quelle est sa motivation profonde ? «Elle est liée à ma classe sociale très modeste. J’ai toujours vu mon père bosser comme un malade pour nous faire vivre. Il rentrait le soir à 21h et travaillait souvent le week-end. Les injustices, j’en vois depuis que je suis toute petite.» Au camp, tout le monde a droit à la parole. Les décisions sont prises par consensus. «Nous réinventons les rapports sociaux tous les jours, sans hiérarchie. Nous discutons énormément, nous organisons des ateliers.»

Des amitiés sont nées. «Ici nous sommes vite devenus une famille» remarque Clémentine. «C’est vrai, ajoute Danielle-Rose Sudan, le soir j’ai du mal à quitter le camp, il est devenu un peu notre maison». Celle que les manifestants appellent «la maman du camp» participe au mouvement depuis le mois de juin, et affirme sa volonté de soutenir la jeunesse en vue d’un monde meilleur. Elle a aussi de bonnes raisons de s’indigner à titre personnel: «Depuis 2002, j’ai de graves problèmes de santé que les médecins ne parvenaient pas à identifier. En 2007, un examen toxicologique a révélé que j’avais été victime d’un empoisonnement au cadmium. Dans son rapport, le toxicologue a parlé d’une «administration criminelle de cadmium». Je ne peux m’empêcher de soupçonner la pharmacie dans laquelle je travaillais, et où j’étais harcelée et mobbée constamment. Aujourd’hui je suis incapable de travailler, mais l’AI ne m’accorde qu’une demi-rente. Je vis avec 1200 francs par mois. C’est loin d’être facile».

Mariée, deux enfants, Janaina Porchet a arrêté de travailler à la naissance de ses filles. Elle a débarqué de Begnins (VD) la veille: «Je tenais à venir ici, car en juin j’ai passé quelques jours en Espagne, où les Indignés m’ont touchée aux larmes avec leur rêve commun de construire un avenir différent». Ecologiste dans l’âme, Janaina se sent proche des manifestants: «Il faut remettre en place de vraies valeurs. Je suis très touchée par les injustices. Je pense aussi que nous devons changer notre façon de consommer. Nous gaspillons l’électricité et l’eau. Quand je tire la chasse d’eau, j’ai mauvaise conscience. Je préférerais utiliser des toilettes sèches». Janaina, qui milite en faveur de l’allaitement maternel, vivait à la Vallée de Joux à la naissance de sa première fille. «Je me suis retrouvée seule à la maison avec mon bébé et plein de questions.» Pour sortir de l’isolement, la jeune femme a contacté d’autres mères sur Internet. «Depuis, nous sommes une dizaine de mamans qui partagent leurs expériences. Nous voulons être proches de nos enfants, leur faire découvrir la nature et leur donner une bonne alimentation. Ce n’est pas simple, car la nourriture bio est chère.»

Pour suivre le mouvement: occupygeneva sur Facebook et Twitter.

Magali Girardin
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