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Passion courges et Poudlard: pourquoi aimons-nous tant cet univers?

Passion courges et poudlard pourquoi aimons nous tant cet univers

«Les personnes qui se sentent attirées par cet univers peuvent se demander pourquoi celui-ci leur plaît autant, ajoute Julien Borloz. Est-ce le côté connu qui les ramène à une période de leur vie où elles étaient heureuses? Cela leur permet-il de se projeter dans un monde magique où tout est possible, qui déclenche la rêverie? Ou est-ce le côté relatif à l’apprentissage, avec la découverte d’une nouvelle discipline?» - Julien Borloz, psychologue FSP

© Tim Mossholder / Unsplash

Sans doute êtes-vous déjà tombé-e sur l'esthétique Dark Academia, alors que vous scrolliez distraitement sur Instagram: le hashtag y rencontre plus d'un million d’occurrences, avec un pic notable aux alentours d'Halloween. Mais si le terme ne vous dit absolument rien, imaginez une pile de livre baignée dans la lumière chaleureuse d'une bougie, une rangée de citrouilles souriantes au pied d'un arbre ancestral, une écharpe Gryffondor déposée aux abords d'une tasse de thé ou d'un immense café parfumé à la courge... Doux mélange d'ambiance automnale (feuilles orangées, pulls en laine, citrouilles) et de magie Potteresque (bibliothèques, châteaux, chats et vêtements sombres), cette esthétique connaît son apogée annuelle dès le mois d'octobre. Même la prestigieuse maison Dior présente, en 2021, sa table d'Halloween, agrémentée de vaisselle gothique, aussi chic que mystique.

En imaginant cet univers, ressentez-vous comme une bouffée de nostalgie, la même vague de réconfort qui nous envahit lorsque nous humons un muffin à la cannelle? À l'instar de celles et ceux qui relisent régulièrement les romans de J.K. Rowling, rien que pour le plaisir de retrouver les couloirs de Poudlard, on accueille les saveurs de l'automne - et le pumpkin spice latte - avec soulagement. Dark Academia, c'est lire au coin du feu, ramasser les marrons, binger des films de sorcières et se rouler en boule sous un plaid tricoté de grosses mailles. On pourrait aisément l'associer au terme cosy, mais ce n'est pas tout à fait ça: il convient d'y ajouter une pincée d'Harry Potter quelques marshmallows et un zeste d'occultisme.

Le trend nous vient évidemment des Etats-Unis, où l'on voue un véritable culte au pumpkin spice, tandis que des influenceuses anglo-saxonnes telles que Darling Desi ou Abigail Janine consacrent l'intégralité de leur compte Instagram au Dark Academia. Et on adhère totalement: retrouver notre thé pomme-cannelle et nos bonbons d'Halloween, c'est un peu comme rentrer à la maison après une longue journée.

Or, cette obsession automnale a énormément de choses à nous raconter, du côté de nos schémas de fonctionnement intérieurs:

© Gaspar Uhas

D'où vient cette nostalgie?

«J'aime bien relire les Harry Potter de temps en temps, confie Sarah, 28 ans. Chaque automne, c'est toujours agréable de se replonger dans cette ambiance, de s'imaginer dans cet univers.» Soulignons que la jeune femme appartient à la fameuse génération des Millenials, ayant grandi avec les personnages de J.K. Rowling. Bien qu'il soit impossible de généraliser le phénomène à une tranche d'âge, il semble tout de même intéressant de noter que l'adolescence des personnes concernées s'est déroulée juste avant l'avènement des réseaux sociaux, une époque que certain-e-s décriront comme «beaucoup plus simple». Ainsi, la génération Millenial est souvent surnommée «génération nostalgie», une caractéristique savamment exploitée par les pros du marketing.

Pour Julien Borloz, psychologue FSP, il s'agit effectivement de nostalgie: «Nous sommes toutes et tous confrontés à cette émotion, notamment durant l’adolescence, explique-t-il. En effet, elle se manifeste lors des passages d’un cycle à un autre, qui nous offrent toujours un choix: soit on laisse le cycle précédent derrière nous, soit on préfère y rester bloqué, sans vouloir ou oser le quitter.

Il est totalement normal de se sentir attaché aux éléments familiers, mais ce blocage peut susciter un inconfort, ainsi que diverses émotions tristes, nous menant à idéaliser le cycle précédent. Cela nous empêche de profiter du nouveau cycle et de vivre le moment présent.»

Un brin inquiètes, on lui demande: «Alors si on adore Halloween et Harry Potter, on est forcément restés bloqués à l'adolescence?».

Heureusement, le spécialiste nous rassure: «Il n’est pas forcément négatif de se rattacher à quelque chose qu’on connaît, à des éléments familiers qui nous réconfortent. Il peut par exemple s’agir de croyances, car celles-ci apportent les certitudes dont nous avons besoin dans notre vie. Mais cela peut également concerner des contenus tels que des films ou des livres: le fait de revoir ou de relire ces productions qu’on connaît déjà présente un côté sécurisant ou apaisant. On sait ce qui nous attend et cela satisfait notre besoin de certitude.» D'ailleurs, Julien Borloz souligne qu'en cas d'anxiété, le fait de relire ou revoir des contenus familiers présente un effet apaisant: «Cela permet de rassurer le cerveau, qui a tendance à assimiler la nouveauté au danger», précise-t-il.

Magie et réconfort

Ainsi, la nostalgie que peut éveiller l'univers Dark Academia semble tout à fait normale, surtout si elle nous renvoie à des souvenirs heureux. Ce lien est d'ailleurs à même de nous présenter diverses indications sur les éléments capables de nous réconforter.

«Les personnes qui se sentent attirées par cet univers peuvent se demander pourquoi celui-ci leur plaît autant, ajoute Julien Borloz. Est-ce le côté connu qui les ramène à une période de leur vie où elles étaient heureuses? Cela leur permet-il de se projeter dans un monde magique où tout est possible, qui déclenche la rêverie? Ou est-ce le côté relatif à l’apprentissage, avec la découverte d’une nouvelle discipline?»

En effet, l'esthétique Dark Academia fait constamment l'éloge de la lecture, des bibliothèques et de l'évasion dans des univers fictifs peuplés de magie et d'aventure. On y perçoit une ode à la culture, à l'introspection ou à l'imagination, qui transcendent les limites et nous ramènent à nous-mêmes. Voilà qui s'accorde parfaitement bien avec la saison automnale, lors de laquelle la nature nous encourage à ralentir notre rythme: «L'automne est associé à une plus grande indulgence envers nous-mêmes, observe le psychologue. On se fiche la paix, on a envie de s'emmitoufler dans des pulls, de rester à la maison... Cela peut également expliquer pourquoi cette ambiance nous séduit, en cette période.»

© Reinhart Julian / Unsplash

Reste ce côté magique, très présent dans le Dark Academia, qui séduit de nombreuses personnes. En ce qui concerne Harry Potter en particulier, le psychologue évoque un autre type d'émotion, pouvant également s'avérer réconfortante: «Je pense au sentiment d'appartenance, parfois associé à Poudlard et ses différentes maisons», analyse-t-il. Cela donne effectivement aux fans l'impression d'appartenir à une communauté, surtout lorsqu'ils et elles ont découvert la maison qui leur est associée, parmi celles de Gryffondor, Poufsouffle, Serpentard ou Serdaigle. Si cela vous intéresse, le test peut être réalisé sur le site officiel de Wizarding World (anciennement Pottermore).

«Le côté magique fascine et fascinera toujours, poursuit Julien Borloz. Sans doute suggère-t-il une forme de contrôle et de pouvoir, là où nous n’en avons plus.»

Sur ce, on vous laisse: on a encore trois chapitres du Prisonnier d'Azkaban à lire, et nos muffins à la courge sont bientôt cuits. Happy Halloween!


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