Mix & Remix, tu vas nous manquer

Peut-être que les horreurs que commettent les Terriens lui sont devenues de trop: peut-être que Dieu avait besoin de rire un peu. Et c’est peut-être pour cela qu’il a cru bon de rappeler auprès de lui celui que «Le Temps» nomme ce matin «le meilleur dessinateur du monde», et qui le restera certainement toujours aux yeux des Suisses.

Philippe Becquelin, de son trait simple, franc et reconnaissable entre tous, nous faisait rire, sourire, immanquablement. Il égayait nos manuels scolaires, nos logiciels de paiement d’impôts, agrémentait les pavés de nos médias, mettait en perspective notre actualité, et en lumière, avec un génie infatigable, les clichés, les folies, les bizarreries du monde qui l’entourait.

Il était drôle, parfois grinçant, mais toujours respectueux et juste. Jamais trash. En fait, pour annoncer sa mort, il aurait convenu de trouver une quelconque blague, un jeu de mots, quelque chose de drôle, histoire de ne pas entacher sa mémoire, son travail, et de ne point diluer ses traits de crayon dans nos larmes.

Ainsi, la famille de notre Mix & Remix a accompagné la terrible nouvelle d’un dessin qui malgré le choc, nous a fait sourire:

De l’Hebdo au Matin Dimanche

Ce qu’il faudrait faire maintenant, tout de suite, c’est lire (ou relire) les magnifiques hommages publiés par «Le Temps» ou «Le Matin.» Et puis regarder un peu ses dessins, qu’on connaît déjà si bien pour les avoir vus partout durant des années.

Né le 6 avril 1958 à Saint-Maurice, en Valais, Philippe Becquelin n’aura pas fait rire que la Suisse: avant de collaborer avec «Le Matin Dimanche» dès 2013, il a travaillé pour «L’Hebdo», l’émission «Infrarouge» de la RTS, ainsi que pour le «Courrier International» et «l’Internazionale» en Italie. Bref, il a peint et dessiné toute sa vie. Pajak disait qu’il était «le seul dessinateur romand à avoir un langage.»

Ce langage et ce génie, nous en sommes aujourd’hui privés. Mais il est partout. Mix a semé dans nos vies des fragments de lui-même, dessins satiriques, humoristiques, toujours identifiables. Ses personnages aux nez imposants essuient leurs larmes en pleurant leur père. Il va leur falloir des mouchoirs gigantesques. A nous aussi.

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