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Malawi: une tradition ancestrale perpétue le viol des fillettes

Malawi: une tradition ancestrale perpétue le viol des fillettes

Qu'elles aient 9, 11 ou 14 ans, les petites filles sont envoyées dans des «camps d'initiation sexuelle» dès leurs premières règles.

© Getty

Certaines traditions ancestrales, bien qu’interdites, font toujours des ravages en Afrique. Au sud du Malawi, la terrible loi du «kusasa fumbi» est encore largement pratiquée. «Le Monde» a réalisé une série de 4 reportages glaçants sur cette dernière. Dès leurs premières règles, les jeunes filles subissent une relation sexuelle non consentie ni protégée avec une «hyène», un homme mandaté et payé par la famille pour ce faire. Cette «purification sexuelle» a également lieu à la mort du conjoint ou lorsque l’on construit une nouvelle maison. Et pas question d’y échapper, sous peine d’être maudite aux yeux des ancêtres et de devenir source de malheur pour leurs proches.

S'exercer à la fellation sur un morceau de bois

Le traumatisme ne s’arrête pas là. Dans ces zones rurales, les parents des petites filles les envoient également dans des camps «d’initiation sexuelle». Alors qu’elles sont à peine pubères, elles doivent apprendre à satisfaire les hommes, à leur apporter du plaisir. Nues, elles doivent alors mimer l’acte sexuel et s’exercer à la fellation sur un morceau de bois. Plusieurs ONG tentent d’abolir ces pratiques, comme l’explique Joyce Mkandawire de Let’s Girl Lead au «Monde»:

Ces camps sont un lavage de cerveau de ces filles qui deviennent des femmes trop vite. Les conséquences sont désastreuses. Et après le camp, beaucoup de filles se marient et quittent l’école.

Officiellement, la pratique du «kusasa fumbi» est abolie depuis 2013. Mais les hyènes règnent encore et toujours sur ces régions éloignées de la capitale. «Favorisant la diffusion du sida et donnant lieu à des grossesses conçues dans le viol mais consacrées par la tradition», note le journaliste Amaury Hauchard.

L'affaire Eric Aniva

Au quotidien, plusieurs ONG travaillent pour faire abolir cette tradition et venir en aide à toutes ces femmes la subissant. Espérons que les reportages du quotidien français amènent leur pierre à l’édifice. Comme l’avait fait, en juillet 2016, le documentaire britannique consacré à Eric Aniva, une hyène séropositive qui avait eu des relations sexuelles avec plus de 100 femmes. Il avait été condamné en décembre 2016 à deux ans de travaux forcés.

Dans les faits pourtant, très peu de hyènes sont inquiétées. Louis Foté est l’une d’entre elles, il s’est confié à visage découvert au «Monde». Séropositif, il ne s’inquiète pas du virus mortel qu’il transmet depuis des années:

Le gouvernement peut faire des campagnes médiatiques et dépêcher des policiers, ça ne servira à rien. Nous continueront le «kuasa fumbi», car c’est ce qui nous définit comme hommes de Nsanje, comme Malawites. C’est notre histoire et notre culture, on ne peut pas les renier. Et au fond, ça les rend heureuses, c’est normal qu’on me paie pour ça.


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