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Les drag-queens sont (à nouveau) parmi nous
Elle ondule sur scène, fait les yeux doux au public – nombreux – lâche quelques plaisanteries bourrées de sous-entendus et entonne une chanson de Charles Aznavour. Quelques instants plus tard, elle enlèvera sa perruque, ses couches de fond de teint et Catherine redeviendra Pascal.
Désormais, le bar Saint-Pierre, à Lausanne, propose régulièrement ses Scènes du Dimanche, durant lesquelles la part belle est faite aux transformistes. Sur scène donc, mais aussi dans le public, où des sosies de Cher ou de Conchita Wurst dégustent un cocktail en applaudissant les virevoltées de drôles de Mylène Farmer, Zouk Machine, Marilyn Monroe ou Amy Winehouse.
D’ailleurs, vous pouvez même le croiser en train de pousser la chansonnette dans une buvette d’alpage ou faire la Madame Loyale lors d’un match de catch-impro…
Un public élargi
Ces personnages hauts en couleur, qui écumaient les bars interlopes et boîtes de nuit à la fin des années 90 (et avant), font leur grand retour mais, cette fois, drag-queens et transformistes investissent des lieux plus «mainstream». Autrefois quasi entièrement gay, leur public s’est élargi. Baromètres du milieu, le festival Bushwig, à Brooklyn, ou la célèbre DragCon new-yorkaise: désormais, on y va en famille, entre amis, afin d’admirer les plus belles créatures de la côte est des Etats-Unis et l’affluence n’a jamais été aussi grande.
Catherine D'Oex: "Au début, tu marches comme une dinde en talons."
Le Lausannois Christophe Grillon, alias Frida Galop, ne peut qu’opiner. Depuis 18 ans, il se transforme régulièrement, surtout en Cher, bientôt en Madonna. Depuis quelque temps, les lieux de ses performances se sont élargis: il a présenté un show à plusieurs dans une institution pour personnes handicapées, sur La Côte; il est devenu Mary Poppins lors d’un atelier pour enfants à Fribourg; il sévit aussi avec la Revue de Moudon…
La reine de Manhattan
Le «coupable» de ce regain d’intérêt pour les faux cils XXL et les perruques de 2 mètres de haut est tout trouvé: RuPaul. Superstar internationale, de son vrai nom RuPaul Andre Charles, active dans les clubs new-yorkais dès le début des années 1990, surnommée un temps «The Manhattan Queen», la reine de Manhattan, elle officie depuis 2009 à la tête de son émission, «RuPaul’s Drag Race», qui affiche déjà plus de dix saisons au compteur.
C’est elle qui a permis de redonner un vent de fraîcheur au milieu drag. Remplie de gimmicks et de punchlines, l’émission de télé-crochet, qui prône la tolérance, est désormais sur Netflix. Preuve supplémentaire il y a quelques jours, quand la diva a (finalement) accepté qu’une femme transgenre participe à une prochaine saison. Une première. «If you don’t love yourself, how in the hell you gonna love somebody else?», conclut RuPaul à la fin de chaque émission. La sublime liane devrait aussi apparaître l’année prochaine au casting d’une série déjantée, «AJ and the Queen».
Toutefois, Catherine D’Oex voit plus large que le simple effet RuPaul:
C’est d’ailleurs une différence entre les drag-queens «d’autrefois», et les créatures d’aujourd’hui, qui portent davantage un message.
Nouvelles stars de YouTube
Vincent, alias Gloria Gaybar, est un pilier du milieu drag lausannois. Dix-sept ans qu’il officie dans les bars et clubs du chef-lieu. Lui aussi a remarqué le regain d’intérêt. Il estime que si RuPaul a clairement aidé, l’ère des tutos en tous genres a dopé l’intérêt envers le monde des drags.
Même sans aucune notion de base en maquillage, en coiffure ou pose de faux cils, il suffit de trouver le bon blogueur pour entamer sa formation continue. «J’ai d’ailleurs une chaîne YouTube pour les curieux…» En parlant make-up, vous connaissez les noms des nouvelles ambassadrices de la marque MAC? Shea Couleé, Kim Chi et Detox.
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