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L'édito de Sonia Arnal: Je ramène ma fraise
Ah, les fraises espagnoles en hiver! Chaque année, la polémique refleurit. Cette fois, c’est le géant orange qui y a eu droit – interpellé sur les raisons de cette aberration écologique, le supermarché a répondu que son offre correspondait à une demande. Les réseaux sociaux se sont lâchés, les uns réclamant du tartare de bébé dauphin (c’est ma demande, quand est-ce que vous en proposez à l’achat?), d’autres du pangolin ou des peaux de panda roux tannées. Bref, vous voyez l’idée. Je précise que je ne mange pas de fraises en cette saison. Je ne défends donc pas mon confort, mais le principe car, dans cette stigmatisation récurrente, plusieurs points me surprennent.
D’abord, la demande répétée qu’elles soient désormais interdites à la vente en hiver. C’est fou ce que les gens ont envie d’interdire des choses et de choisir pour leurs concitoyens. Que ceux qui trouvent absurde cet achat s’abstiennent, qu’ils expliquent à leurs enfants pourquoi, et au reste du monde aussi, si ça leur chante d’évangéliser les masses.
Vendues sous le manteau
L’autre objet de mon étonnement, c’est précisément que ce soit la pauvre fraise qui morfle. On l’aura compris, je ne suis pas une grande fan de l’interdit, mais quitte à limiter nos libertés, que ce soit par là qu’on commence me laisse pantoise. On va apparemment interdire le fruit espagnol en hiver avant la cigarette en toute saison, elle qui tue quand même plus de monde, ou le jus de raisin fermenté avant aussi la vente de fusils aux particuliers et de nos appareils de cryptage à l’étranger et avant disons, la fourrure, dont la production est quand même plus sanglante que la fraise.
Que fleurira son commerce illégal, que des mafias tiendront le business, comme au plus beau temps de la Prohibition, et qu’un cinéaste voudra nettoyer sa rue de ces maraîchers dealers.
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